Altitude
Repenser l’organisation économique et industrielle autour de la coopération
N’échappant pas à la fragilisation des outils d’abattage, le groupe coopératif appelle à de nouvelles stratégies pour éviter une désindustrialisation de l’agroalimentaire français.
Clôturant le cycle d’assemblées générales de ces coopératives de base, celle de l’Union Altitude a été vendredi l’occasion d’un vaste état des lieux de la situation des différentes branches constitutives du groupe. Un état des lieux dressé par le président Chateau où il a beaucoup été question d’outils et de politique industriels. Car le patron d’Altitude ne s’en est pas caché : ici comme ailleurs, les outils d’abattage sont fortement fragilisés par une sous-activité qui a succédé à la décapitalisation du cheptel allaitant. “La quasi totalité des entreprises agroalimentaires sont actuellement fragilisées et obligées de s’engager dans une vaste vague de restructuration avec les conséquences que l’on sait sur l’emploi”, a relevé Jean-Pierre Chateau. À tel point d’ailleurs que la semaine dernière, le directeur de la Direction générale des politiques agricole, agroalimentaire et des territoires auditionné par le Sénat, estimait qu’il “faudra fermer des abattoirs”.
Les IAAdans l’étau
On n’en est pas là à Aurillac mais Altitude s’interroge : “Pour couronner le tout, on assiste à un déficit de compétitivité des entreprises françaises tant à cause du dumping allemand que de normes franco-françaises”, a déploré le président, estimant qu’en l’absence d’une stratégie industrielle affirmée, la France était sur la voie d’une désindustrialisation de son secteur agroalimentaire également confronté à la hausse des prix à la production. “L’Allemagne a décidé de refuser d’exporter des bovins en Turquie pour préserver ses outils d’abattage ; en France, on a fait l’inverse pour constater un an plus tard que la Turquie, il n’en est plus question”, a tancé le président. Un état des lieux qui n’a pas épargné une grande distribution accusée de concentrer “le pouvoir économique” et de refuser de répercuter la hausse des prix à l’aval. Voilà pour le constat. Les pistes ? Pour le président de l’union coopérative, elles passent autant par des solutions externes qu’internes à l’agriculture et aux filières. Ainsi, face à des coûts de production inégalés, le chemin de l’élevage doit encore, selon lui, intégrer des progrès techniques pour “gagner en compétitivité et chiffre d’affaires”, “mais il faudra desserrer le carcan des contraintes qu’on nous impose”. Cela passera en outre par un calibrage des produits en fonction de la demande et “une organisation revisitée en matière de mise en marché de nos produits pour gagner en efficacité”. Car Jean-Pierre Chateau en est convaincu : la dispersion de l’offre et la multiplication des équipements finissent de fragiliser les filières d’élevage. Lui appelle au contraire à se recentrer et s’impliquer autour des coopératives. “Il faut mettre fin à l’opposition larvée entre production et transformation, cela brouille le message à destination des consommateurs. Les enjeux sont clairs : soit nous maîtrisons les outils de transformation, soit ils auront toute liberté de s’approvisionner ailleurs.” Et le président de dénoncer une nouvelle fois la “stratégie du coucou” de certains groupes de producteurs de lait confrontés à des contrats de collecte non reconduits.
Prise en compte comptable des difficultés de LFO
Concernant la filière laitière justement, il a là aussi invité à repenser “les stratégies industrielles”. “Notre lait est historiquement orienté vers la production de fromages et vers nos AOC. Mais ce marché a du mal à faire sa place. Il y a nécessité de moderniser notre fromage cantal dont certaines particularités ne sont plus dans l’ère du temps, a-t-il jugé. Il faut aussi faire une évaluation objective des contraintes de production par rapport aux bénéfices pour la filière.” Une filière dont les difficultés de certains maillons rejaillissent sur l’exercice comptable de l’Union. Ainsi le groupe a-t-il fait voter en assemblée générale une provision prudentielle d’un peu plus de 7millions d’euros comptabilisée au titre de la dépréciation de valeur de ses actifs dans la filiale fromagère LFO (Fromageries occitanes). Une provision qui vient affecter le résultat de l’Union (- 7,689millions d’euros (M€) même si son chiffre d’affaires a lui progressé de 2,3M€ (CA de 213M€ sur 2011-2012). Interrogé sur les conséquences de cette dépréciation pour les adhérents des coopératives de base, le président s’est voulu rassurant : “Aujourd’hui, le capital des producteurs est huit fois supérieur à la provision passée, il n’y a pas de souci à avoir.”
Plus d'infos à lire cette semaine dans L'Union du Cantal.
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