Relocaliser, une stratégie gagnante
La relocalisation des productions agricoles et alimentaires est en marche. On assiste aujourd’hui à un véritable mouvement de fond.
« La question de l’ancrage territorial des productions agricoles et alimentaires est ancienne. Ce qui est nouveau, c’est que l’on cherche aujourd’hui à relocaliser pour assurer un approvisionnement local », explique Laurent Trognon, enseignant-chercheur en sciences de gestion à AgroParisTech. Ce dernier a collaboré au projet de recherche sur les systèmes alimentaires du milieu, dits Syam, coordonné par la chambre d’agriculture Auvergne-Rhône-Alpes et l’Isara (école d’ingénieurs en agriculture). Pour lui, les premières démarches remontent aux travaux réalisés par des chercheurs de l’Inra et de l’Inao, entre autres, « sur les notions de terroir et de typicité, afin de défendre les indications géographiques ». « Pendant très longtemps, la relocalisation a été l’apanage des signes de qualité », poursuit Laurent Joyet, en charge des filières alimentaires de proximité et territorialisées à la chambre d’agriculture Aura et référent Syam. Vers le début des années 2000, on a vu se développer les productions bio et la vente de produits locaux en circuits courts. Et depuis les années 2010, « la relocalisation de la production agricole et alimentaire explose, à la faveur des collectivités locales et du marketing territorial, la marque territoriale alimentaire étant considérée comme un levier de dynamique économique dans les territoires », explique le chargé de mission. La marque de la Région Aura, « La Région du goût », en témoigne : « elle est sollicitée par des distributeurs comme Carrefour, Auchan et Casino, qui, pendant de nombreuses années avaient concentré à l’excès leur approvisionnement et qui, aujourd’hui, cherchent à retrouver un approvisionnement local ».