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Refonte de la Pac : et si les solutions venaient du Cantal ?

La FDSEA du Cantal a exposé ses propositions offensives pour rebattre les cartes de la politique agricole commune.

Un congrès dont la formule décentralisée semble avoir séduit les 350 adhérents et partenaires.
Un congrès dont la formule décentralisée semble avoir séduit les 350 adhérents et partenaires.
© P. O.
Inflation des coûts alimentaires et du gasoil, progression de la FCO, productions porcines et ovines sinistrées, budget du ministère de l’Agriculture en berne... Autant de préoccupations qui auraient légitimement pu cantonner cette assemblée générale de la FDSEA à un défilé d’inquiétudes et de revendications. Pourtant, si ces sujets ont été abordés à plusieurs reprises au cours de la matinée, la FDSEA avait visiblement fait le choix audacieux de s’extraire des dossiers brûlants du moment et d’exposer des propositions à la fois novatrices et concrètes pour le devenir de la Politique agricole commune. Christiane Lambert, vice-présidente de la FNSEA et invitée nationale de ce congrès, ne s’y est d’ailleurs pas trompée, saluant “le courage des responsables syndicaux cantaliens, tant sur ce rapport d’orientations que sur le travail engagé sur l’AOC cantal”. AOC cantal dont il aura été peu question d’ailleurs, signe peut-être d’une reconnaissance du travail en cours conduit par le Cif.

L’agriculture attendue sur de nouveaux enjeux

“Etre responsable, c’est être capable de dire les choses que les agriculteurs ont envie d’entendre, mais aussi et surtout celles qu’ils ont besoin d’entendre”, a ajouté celle pour qui ses premières années au CDJA du Cantal ont forgé un caractère de militante passionnée. Un message qui semble avoir guidé les positions de la FDSEA : “Nous devons prendre conscience du contexte fondamentalement nouveau et des changements et défis qu’il impose”, a expliqué Gilles Amat, rapporteur de ces orientations. Un défi alimentaire, en premier lieu avec plus de neuf milliards d’habitants à l’horizon 2050, qui supposera selon Thierry Bouleau, ingénieur au Sidam (Service interdépartemental pour l’animation du Massif central), de savoir aussi gérer la concurrence entre les utilisations alimentaires et non alimentaires des cultures. Il faudra également produire “plus et mieux” et s’habituer à faire face aux crises tant sanitaires que celles liées aux fluctuations du marché. Enfin, "il s’agira de répondre aux attentes croissantes d’un développement économique harmonieux”, a complété Thierry Bouleau. Pour cet expert des mécanismes européens, la Pac et ses outils actuels sont inadaptés : “Quel est le sens des aides découplées basées sur un historique ancien et sans contrainte de production alors que les pénuries se font jour ?”.  Il faut donc selon la FDSEA penser une autre politique agricole européenne, plus efficace, plus lisible avec des budgets adaptés, tout en considérant que les piliers fondateurs du traité de Rome sont plus que jamais d’actualité. À commencer par celui d’assurer l’autosuffisance alimentaire de l’Europe, aujourd’hui des 27, en garantissant des prix décents tant à la production qu’aux consommateurs. 

Refonder la Pac sur un nouveau pacte

C’est donc sous l’angle d’un triptyque nouveau “défi alimentaire, environnemental et territorial” que la FDSEA, s’inspirant du livre blanc du Massif central, souhaite que soit réédifiée la Pac. “Sécuriser les approvisionnements passe par une sécurisation des revenus des producteurs via des outils tels que le “déficit paiement” (dispositif compensatoire intervenant lorsque les prix de marché passent sous la barre du prix de référence fixé par production selon les coûts de production). Des fonds de mutualisation cofinancés par l’État et les filières s’avèrent aussi indispensables pour faire face aux accidents climatiques ou sanitaires”, a détaillé Gilles Amat. Sur l’enjeu de l’environnement qualifié de “terrain d’exercice quotidien des agriculteurs”, la FDSEA propose une rémunération forfaitaire à l’hectare pour les fonctions non-marchandes qu’assurent les exploitants. Elle se dit également prête à tester un soutien spécifique au maintien des prairies en production, justifié à son sens par “le piège à carbone que constituent nos prairies”. Enfin, face aux attentes sociétales de territoires partout entretenus, la FDSEA milite en faveur de la pérennisation des instruments affectés aux territoires fragiles (ICHN notamment) et de soutiens spécifiques à l’élevage allaitant (bovin et ovin) ainsi qu’aux productions laitière et porcine des zones fragiles. 

Préparer une position offensive de la France

“Vos propositions sont sérieuses et intéressantes ; j’y vois des points communs avec les premières discussions que nous avons à la FNSEA” a réagi Christiane Lambert en expliquant que la FNSEA avait demandé à chacune de ses associations spécialisées et aux FRSEA d’apporter sa contribution au document de synthèse qui sera présenté à son congrès au printemps 2008. “La coïncidence des dates pourrait jouer en notre faveur avec une présidence française de l’UE à partir de la mi-2008, en plein débat sur le bilan de santé de la Pac. Bilan qui pourrait bien aller au-delà d’un point à mi-parcours”, a averti la vice-présidente de la FNSEA. Un constat partagé par Michel Teyssedou qui a néanmoins appelé à ne pas éluder la question du financement de la Pac, que certains verraient bien réduit compte tenu d’un contexte de prix agricoles favorables. Si les propositions du syndicalisme cantalien et du Massif central pourraient faire leur chemin à la FNSEA, le travail de lobbying au sein de la profession et en partenariat avec les élus du territoire s’annonce indispensable. Une complémentarité entre responsables professionnels et politiques qu’a appelé de ses vœux le président du Conseil général Vincent Descœur “pour le développement de nos territoires ruraux”. 

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