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Rats taupiers : Toujours des poches de résistance

Si l’année 2023 a vu le rongeur refluer de nombreuses prairies du Cantal, d’autres secteurs connaissent à leur tour une recrudescence des pullulations.

Carte 2023 de surveillance des infestations. Source FDGDon
Carte 2023 de surveillance des infestations. Source FDGDon
© FDGdon Cantal

“On vit avec...” : c’est le constat fataliste des éleveurs réunis vendredi dernier à Jaleyrac pour l’assemblée générale de la FDGDon, qui consacre depuis des années maintenant son activité à la lutte contre le campagnol terrestre devenu un hôte tout autant indissociable qu’indésirable de l’élevage herbager cantalien. Des rongeurs dont ni les sécheresses à répétition ni les épisodes de pluies intenses et durables comme celles de cet automne ne viennent à bout. La preuve : même si un reflux a été constaté cette année dans une grande partie des prairies cantaliennes après l’invasion de 2021 et 2022, des poches de résistance ont subi les ravages de l’insatiable rongeur. C’est le cas sur la Xaintrie, les secteurs d’Auzers,  du plateau du Monteil, Saint-Bonnet-de-Salers... comme le montre la carte des surveillances réalisées par la FDGDon. Des secteurs moins touchés par la vague de 2022 qui semble ainsi s’être décalée.

La vague s’est déplacée
“Dès que la pluie s’est calmée cet automne, ils ont retravaillé, jamais on n’en a eu autant que cet automne”, a témoigné un agriculteur de Sourniac constatant, comme ses collègues, un autre phénomène : des pics de pullulation de plus en plus rapprochés et intenses, alors que les phases de repli sont moins marquées et plus courtes. “Avant, il y a seulement 10-15 ans, à partir de la fin octobre, en raison de jours plus courts, les campagnols ne se reproduisaient plus, ce n’est plus cas aujourd’hui, comme on l’a vu en décembre 2022, un mois très doux, où les femelles étaient pleines”, a confirmé Pierre Lestrade, animateur de la FDGDon. Le changement climatique a donc aussi son effet sur la pullulation du nuisible.
L’année 2023 restera au final tout de même “plus calme”, à l’échelle du département, comme en attestent d’ailleurs les quantités de Ratron GW commercialisées par la FDGDon(1) : 490 kilos à fin novembre 2023 contre 2,755 tonnes en 2022. Ce  produit, le seul autorisé avec le PH3 depuis l’interdiction de la bromadiolone, est indemnisé à 75 % aux agriculteurs ayant souscrit un contrat quinquennal FMSE (fonds de mutualisation sanitaire et environnemental). Ils sont 881 à ce jour dans le Cantal.
Mais ces indemnisations  se sont faites attendre : les paiements des 377 dossiers éligibles pour la campagne 2020 n’ont été soldés qu’en juin dernier pour un montant total de 503 000 € (soit 1 334 € en moyenne par dossier) ; ceux de 2021(2) ont commencé à l’être cet automne grâce à un nouveau dispositif de déclaration et traitement. Le programme 2022(2) a lui été validé début 2023 et les rendez-vous de la FDGDon pour accompagner les agriculteurs dans leur dépôt de demande ont débuté en octobre et se poursuivront jusqu’en février 2024.
L’année 2023 a surtout vu une avancée professionnelle majeure : le feu vert donné par le conseil d’administration du FMSE à une prise en charge partielle des pertes fourragères enregistrées en 2022, et ce au terme d’un lobbying de la FRSEA Massif central.

Indemnisation des pertes fourragères début 2024
“Une demande qu’on a eu la chance de pouvoir motiver auprès du nouveau président du FMSE, Christophe Chambon, venu se rendre compte à Anglards-de-Salers de l’incidence des rats sur nos exploitations”, a souligné Géraud Fruiquière, qui présidait l’assemblée en l’absence de Simon Veschambre, absent pour raisons de santé.  Ce sont ainsi 5 millions d’euros qui ont été débloqués par le FMSE, alimentés à part égale par le FMSE ruminants et le FMSE général, auxquels cotisent les éleveurs. Sept-cent quatre-vingt exploitations du Cantal(3) ont déposé une demande d’indemnisation en septembre, le paiement est attendu début 2024. Les montants individuels dépendront du nombre total de demandeurs au niveau national (potentiel estimé à 1 700), du nombre d’hectares des communes éligibles...
Il a été rappelé que le zonage retenu (une petite centaine de communes dans le Cantal) s’est adossé à celui de l’aide de la Région Auvergne-Rhône-Alpes, basé sur les cartes de surveillance de 2021. Un zonage que d’aucuns auraient souhaité voir actualisé. “Mais c’était la seule façon d’aller vite et d’espérer un traitement et une mise en paiement rapides”, a nuancé Géraud Fruiquière.

(1) Phosphure de zinc vendu par ailleurs par les coopératives et autres distributeurs.
(2) Campagne 2021 : du 25/10/2020 au 24/10/2021. Campagne 2022 : du 25/10/2021 au 31/10/2022. Pour 2023, les déclarations se feront sur l’année civile.
(3) Ayant souscrit un contrat de lutte et à jour de leur paiement.

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