Rats taupiers : des avancées... à concrétiser
Le président de la FDGDon a pu s’entretenir avec le ministre Denormandie en marge de sa venue au congrès de la FNB. Une entrevue jugée constructive pour optimiser l’efficacité de la lutte.
Si la loi Égalim 2 et la contractualisation obligatoire dans la filière bovins viande qu’elle impose ont été au cœur des échanges entre le ministre de l’Agriculture et les éleveurs de la FNB (Fédération nationale bovine) réunis en congrès à Aurillac début février, pas question pour la profession agricole cantalienne d’éluder avec Julien Denormandie le fléau des rats taupiers dont les nouvelles pullulations inquiètent quant à la capacité à nourrir les troupeaux et constituer des stocks hivernaux. Lors d’une séquence dédiée jeudi après-midi aux responsables agricoles (FDSEA, JA, Chambre d’agriculture et FDGDon), Simon Veschambre, président de la Fédération départementale des groupements de défense contre les organismes nuisibles (FDGDon), a réitéré les revendications de la profession déjà exposées trois mois plus tôt au ministre lors de sa visite - avec Jean Castex - sur une exploitation à Saint-Chamant.
Dosage : pour un effet flash
“On a mis les dossiers techniques sur la table autour de quatre points très précis sur lesquels j’avais pu travailler en amont avec ses équipes”, indique Simon Veschambre, qui se félicite d’une première avancée d’ores et déjà effective : l’autorisation définitive (et non plus dérogatoire sur une période donnée) de l’utilisation de la charrue-soc pour appliquer le Ratron GW dans le cadre d’une modification de l’AMM (autorisation de mise en marché) de ce produit dont le principe a été validé par le ministre.
Ce traitement chimique à base de phosphure de zinc a cependant montré toutes ses limites, aux doses actuelles réglementées (maximum 2 kg/ha/an). “On demande une utilisation à hauteur de 6 kg par hectare et application pour avoir véritablement un effet flash. On voit bien qu’aujourd’hui, en faisant du saupoudrage à raison de 2 kg, ça ne suffit pas. C’est comme si, pour traiter une forte migraine, vous preniez un quart de Doliprane...”, image le président de la FDGDon. Sur ce point, Julien Denormandie s’est dit ouvert à ce que la DGAL(1) travaille à l’élaboration d’une dérogation “qui permettrait momentanément d’appliquer le Ratron GW en deux applications de
2 kg/ha chacune. Dérogation qui fixerait le délai d’espacement entre ces deux doses et des conditions en matière de surveillance de la faune non cible”, indique le préfet Castel dans le rendu de cette entrevue.
Accroître les doses pour plus d’efficacité... et faire jouer la concurrence pour abaisser le coût de ces produits rodenticides à base de phosphure de zinc : telle est la stratégie revendiquée par la FDGDon Cantal auprès du ministre et ses services. “On ne peut pas aller sur le terrain et dire “utilisez 2 kilos par hectare et par an à 16 € le kilo”... surtout si on (le FMSE(2), ndlr) n’indemnise les moyens de lutte que trois ans après”, estime Simon Veschambre, qui plaide pour la délivrance d’AMM (autorisation de mise en marché) pour que deux autres produits développés par une firme concurrente : l’un sur base luzerne (Arvalin Forte), le second sur support de copeaux decarottes déshydratées (Detia WühlmausKöder).
Indemniser dans les temps
“Allègement du protocole de lutte, nouvelles AMM... : il faut aujourd’hui un alignement des planètes”, avance Simon Veschambre, qui a une nouvelle fois interpellé le ministre sur la lenteur de versement des indemnisations des moyens de lutte par le FMSE : “C’est quand même assez scandaleux que depuis octobre 2018, certains n’étaient toujours pas payés !” Des versements sur la campagne 2018-2019 régularisés depuis mais restent en souffrance les dossiers des campagnes suivantes 2020 et 2021. “Cela représente en moyenne 1 300 € par an et par exploitation engagée dans un contrat de lutte. Cet argent, s’il est remis dans la lutte, c’est autant de gagné”, souligne le responsable de la FDGDon, satisfait de l’engagement de Julien Denormandie à se pencher sur cette nécessaire et rapide régularisation.
(1) Direction générale de l’alimentation.
(2) Fonds de mutualisa#tion sanitaire et environnemental.