Quid de la relocalisation des productions agricoles ?
TERRITOIRES Régions de France a organisé un débat intitulé " la relocalisation des activités agricoles, espoir ou illusion ? "
TERRITOIRES Régions de France a organisé un débat intitulé " la relocalisation des activités agricoles, espoir ou illusion ? "
" Aujourd’hui, on importe à peu près 20 % de ce que l’on mange en France ", rappelle Marion Guillou. De plus, il y a des produits (café, cacao…) qui resteront naturellement importés. Pour les autres produits, qui viennent en grande partie de l’Union européenne " a-t-on besoin de continuer à les importer ? ". Pour Marion Guillou, la question est de savoir si cela a un sens de relocaliser certaines productions en France, dans une Europe de la libre circulation. S’il faut relocaliser pour des questions de sécurité alimentaire, " on peut penser que le niveau européen est suffisant ", précise-t-elle. Le consommateur pousse aussi à la relocalisation. " Cela fait longtemps qu’il y a une insatisfaction du consommateur qui recherche du lien avec son aliment. Cette crise a été l’occasion d’exprimer cette insatisfaction, et aussi d’exprimer sa solidarité avec les producteurs français " ajoute-t-elle.
Green Deal
Marion Guillou prend ensuite l’exemple des protéines végétales. " Aujourd’hui, on importe des protéines végétales pour nourrir les animaux d’Amérique du Sud et souvent de zones qui ont été déforestées. Donc si l’on veut éviter la déforestation et récupérer les protéines végétales, il faut à nouveau développer les protéines végétales sur nos terres. Mais pour cela, il faut avoir les semences, avoir les méthodes culturales, avoir les silos, avoir les collecteurs. Il faut recréer toute une filière. C’est au moins une politique nationale, ne serait-ce que dans la recherche, pour trouver les semences. Mais c’est souvent de niveau européen. Pour la production de protéines végétales, il faudra qu’il y ait des aides européennes qui aident à la transition. C’est d’ailleurs dans le projet de Green Deal de la Commission européenne. Après, on pourra agir au niveau régional. Mais il faut les trois niveaux d’organisation ".
Autre piste pour Marion Guillou : " Pour encourager certaines productions, en plus d’être attentif au prix de vente, il faudra peut-être instaurer des marchés carbones ", insiste-t-elle. Un hectare de légumineuses serait l’équivalent en carbone d’un aller Paris-New York explique-t-elle. " Cela pourra s’organiser localement, car les terrains ne sont pas partout les mêmes et les industriels ont besoin de compenser leurs émanations de carbones ". Enfin Marion Guillou a par ailleurs insisté sur l’étiquetage de l’origine France en restauration, et notamment en restauration collective, sur les projets de territoire pour la gestion de l’eau, sur l’importance des contrats territoriaux dans les Régions, dans le cadre de la future PAC.