À qui appartient l’eau ?
À l’heure actuelle, près d’un milliard de personnes n’ont pas accès à une eau salubre. Chaque année, le manque d’eau potable tue plus d’enfants que toutes les formes de violence. L’or bleu est devenu un bien marchand hautement lucratif que les géants de la finance se sont déjà approprié.
Le prometteur marché de l’eau s’annonce comme le prochain casino mondial. Les géants de la finance l’ont bien compris et se battent pour s’emparer de ce nouvel « or bleu ».
Réchauffement climatique, pollution, pression démographique, extension des surfaces agricoles : partout dans le monde, la demande en eau explose et l’offre se raréfie. En 2050, une personne sur quatre vivra probablement dans un pays affecté par des pénuries. Après l’or et le pétrole, l’or bleu devient la ressource la plus convoitée de la planète et attise les appétits des géants de la finance qui parient sur sa valeur en hausse, source de profits mirobolants.
Privatisée en 1989 par Margaret Thatcher, la gestion de l’eau britannique a donné des idées aux banques et fonds de pensions pour faire augmenter le prix de l’eau et faire fructifier leurs placements. En 2017, Thames Water, qui gère notamment l’eau du Grand Londres, a été condamné à plus de 20 millions de livres d’amende pour avoir déversé des milliards de litres d’eaux usées dans la nature. Cette entreprise était détenue par un groupement de fonds koweitiens, canadiens et émiratis à travers un complexe montage juridique et auxquels l’entreprise anglaise a versé entre 2006 et 2015 plus d’un milliard de livres de dividendes.
En Australie, l’eau coûte actuellement plus cher que le foncier. Et cette marchandisation de l’eau a déjà acculé des fermiers à la faillite au profit de l’agriculture industrielle. La Californie imite actuellement ce modèle d’une bourse de l’eau, où avec un clic sur internet on achète le droit d’ouvrir la vanne au bout de sa parcelle, avec un cours de l’eau qui varie tous les jours en fonction de l’offre et de la demande.