AGROTOURISME

Quel centre agri-culturel se dévoile à O'Scéno ?

Un portail en bois ; un chemin ;  un parking avant de parcourir 200 m à pied ou en calèche (ou en voiturette électrique pour les personnes à mobilité réduite)... Et voici un endroit qui va séduire les fines gueules, les mélomanes et tous ceux qui cherchent un moment de détente hors du temps, chaque vendredi ou samedi soir et dimanche midi. O’Scéno, situé à Valette près de Riom-ès-Montagnes, a ouvert fin juin. 

Ce centre “agri-culturel”, en perpétuel développement, propose une diversité d’activités imaginées par Séverine et Rodolphe Limasset qui fourmillent d’idées. On y trouve un restaurant de produits locaux, un bar à bières artisanales et à bons vins, de la musique tous les week-ends, des jeux pour enfants, et des balades en pleine nature. Ce sont aussi des cultures bio, au sol travaillé par Atila et Ficelle, deux chevaux boulonnais(1) : du houblon, de l’arnica et bientôt du maraîchage. Et ce n’est pas tout : une salle de concert et un studio d’enregistrement sont prévus pour septembre, et à plus long terme, des hébergements atypiques avec bains finlandais et braséros. 

Chaque bâtiment reprend vie 

Le couple fait revivre, un à un, tous les bâtiments qui existaient déjà sur les 34 ha de l’ancien scénoparc (en partie entretenus par une centaine de brebis). Ainsi, l’ancienne salle de cinéma est devenue un auditorium de 120 places, et l’emblématique “Nid” abrite aussi un studio d’enregistrement professionnel servant, par exemple, de lieu de répétition pour des master-class. La “Ruche”, elle, est l’endroit entièrement dédié aux enfants (pendant que les parents sont à table, par exemple), avec des jeux traditionnels encadrés et une grosse structure gonflable abritée et surveillée. L’endroit, reconnaissable à ses peintures extérieures de street-art, est aussi ouvert sur réservation les mercredis après-midi. 

“Avec nos fournisseurs, on négocie davantage la qualité que le prix”. (Rodolphe Limasset, en cuisine de O'Scéno)

Le restaurant, ouvert toute l’année chaque fin de semaine, mise sur la qualité. Rodolphe, en cuisine, est strict : il se fournit dans un rayon de 30 km : boucherie Bornes de Trizac, produits de la Ferme de Marcombes à Valette, fromage salers de chez Galvaing et glaces de la Ferme de Lune, à Saint-Étienne-de-Chomeil... Par exemple, ce week-end, le menu à 32 € inclut une entrée aux lentilles de Planèze sur lit d’oignons confits avec chorizo, un mix grill bœuf-agneau-porc cuit en terrasse au brasero avec truffade à volonté, ou gigot d’agneau au miel avec écrasé de patates douces. Et en dessert, ananas ou banane flambée avec glace au yaourt dans un cornet de Cheylade. 

Déguster local, en musique 

Les amateurs de vins apprécieront une carte magnétique créditée de 50 € pour accéder à un automate délivrant des verres de dégustation (à partir de 0,80 €), en petit ou grand verre. Cette méthode permet de tester avant de commander une bouteille, ou encore à chaque convive de choisir un breuvage différent. Bien-sûr, seules les sommes débitées sur la carte sont facturées. Pour les bières, seules des productions artisanales sont proposées, en attendant peut-être une micro-brasserie propre à O’Scéno. De quoi faire vivre une famille entière - ils ont deux enfants -  et quelques extras, essentiellement des jeunes du secteur, qui viennent leur prêter main forte. Le tout arrosé de musique, “pour nourrir le ventre et l’esprit”.  Car l’endroit est imprégné de musique, avec des pianos et divers instruments.  Dès le premier soir, un brass-band, un groupe celtique et du jazz manouche ont animé l’espace. “De vrais musiciens, pas de DJ ou de play-list Youtube”, tient à préciser Séverine. Pour autant, l’établissement reste fidèle à un principe : “Pas de frontière économico-sociale”, pour permettre à chacun d’en profiter, que ce soit accompagné d’un simple demi, comme d’une planche à partager ou cédant à la tentation d’un menu complet. Évidemment, tout celà ne s’est pas fait  d’un claquement de doigt. Tout a commencé à l’automne 2022 avec une session d’accueil d’actifs. Accompagné de Séverine, Rodolphe, ancien vigneron du Sauternais, a voulu “s’expatrier du sud brûlant”. Un an et demi plus tard, après de lourds travaux de remise en état du site, ils ont ouvert. Une performance notable, bien accueillie par la population locale. “Dans ce site magnifique, on est bien”, souligne Séverine. Les clients aussi. Après une première expérience, ils reviennent souvent. 

(1) En tout, une dizaine de chevaux lourds sont élevés, principalement des races en voie d’extinction : boulonnais, auvergne et appaloosa pour la promenade. 
(2) Pour éviter le gaspillage, les gérants préfèrent que chacun choisisse la quantité qui lui sera (re)servie, en fonction de son appétit.

TABLE RASE DU PASSÉ

Il n’est plus question de “parc animalier” : le projet iO a vécu. Peu de temps, d’ailleurs : ouvert en avril 2006, il ne connaîtra que trois saisons. près les dettes épongées(1), le syndicat mixte d’alors a vendu la structure à la commune de Valette. Elle détient désormais 100 % des terres et des  bâtiments, “avec pour idée de faciliter l’installation”, précise Valérie Cabécas, maire.  Durant deux ou trois ans, un couple de jeunes éleveurs ovins y avait lancé “la ferme aux nuages” qui proposait des caissettes d’agneaux, mais aussi des cosmétiques artisanaux. Une attaque sur leur troupeau a eu raison de leurs ambitions - et de leur moral - et le couple a fini par rejoindre les Vosges d’où ils sont originaires. De fait, l’ancien parc était de nouveau vide. Il le restera trois ans. Pour garder le site en état et à même d’accueillir un nouveau projet, il était fauché et des ventes d’herbe organisées, explique Valérie Cabécas. “Suite à une session d’accueil d’actifs, organisée il y deux ans,  la rencontre avec Rodolphe et Séverine allait s’avérer déterminante”, poursuit la première magistrate de Valette. Leur projet s’affine et s’avère en parfaite adéquation avec les 34 ha du lieu-dit Marcombes.   Miser sur un second souffle La commune leur loue le site, “un bail précaire en attendant un probable rachat”, précise le maire. Tout dépendra du succès des activités proposées par Séverine et Rodolphe Limasset. Pour aider au développement de O’Scéno, la commune a même révisé son document d’urbanisme, afin de faciliter et permettre de gagner 6 à 8 mois sur la possible installation d’habitats légers de loisirs (HLL).  Les premiers mois d’exercice ont confirmé le sérieux, la motivation et une capacité de travail a même de rassurer la collectivité sur le devenir d’un site qui a connu assez de rebondissements.      

(1) Près de 1,5 M€ réglés par la communauté de communes, la Région et le Département. Mais à terme, les nouveaux gérants auront injecté près d’un million d’euros d’investissement profitant à l’économie locale.