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« Que nos produits soient achetés au coût de production »

Patrick Bénézit, secrétaire général adjoint de la FNSEA.

© SC

Dans une décision rendue le 22 octobre, l’Autorité de la concurrence a accepté que certaines enseignes modifient l’accord de coopération existant portant sur les produits à marques de distributeurs et réduisent le périmètre des achats en commun de ces dernières. Certaines familles de produits agricoles (lait, œufs), ou issus de secteurs en difficultés (charcuterie, cidre), seront désormais exclues de l’accord et, pour d’autres, les volumes d’achat en commun seront réduits pour ne pas dépasser 15 %. Patrick Bénézit, secrétaire général de la FNSEA, réagit à cette décision.

L’Autorité de la concurrence vient d’imposer à quatre distributeurs de réduire pendant cinq ans leurs achats en commun. Quelle est votre première réaction ?
La décision de l’Autorité de la concurrence va dans le bon sens et prend en compte une demande que nous, à la FNSEA, avions formulée depuis déjà deux ans auprès d’elle. Nous avions alerté ses dirigeants sur des rapprochements à l’achat de Carrefour avec Système U et d’Auchan avec Casino. Il faut reconnaître que l’Autorité avait été assez légère sur ce dossier ne réagissant que peu, voire pas du tout, sur le montage de ces alliances qui ne respectaient pas le droit européen et étaient en marge du droit français.
Cette décision est par conséquent un premier pas vers le rééquilibrage des rapports de forces entre les agriculteurs et les distributeurs. Mais dans ce dossier, les antécédents sont très anciens, les contentieux importants et il reste encore beaucoup de chemin à parcourir avant que nous ne parvenions à une juste répartition de la valeur tout au long de la chaîne.

Peut-on tout de même voir dans cette décision une première application concrète de la loi Egalim ?
Pour ma part, j’y vois tout simplement l’application du droit, de la norme juridique telle qu’elle existait avant la loi Egalim, cette dernière ne venant que renforcer l’arsenal juridique préexistant. Dans sa décision, l’Autorité réduit le périmètre des accords entre plusieurs enseignes : d’un côté l’alliance Carrefour-Tesco et de l’autre celle entre Casino-Auchan-Métro et Schiever.

Justement, les enseignes visées s’engagent à limiter leur coopération entre 5 % et 15 % du volume du marché selon le type de produits. Est-ce suffisant ?
Si j’interprète bien les conclusions de l’Autorité de la concurrence, celle-ci ne cible qu’une partie de leur accord, c’est-à-dire celle des marques de distributeur (MDD), autrement dit la configuration dans laquelle ces enseignes sont considérées comme des producteurs de produits alimentaires transformés. Il est en effet plus aisé pour elles de s’entendre sur des prix et des volumes sur ce type de produits plutôt que sur des marques, sur lesquelles elles sont en concurrence directe. Dans ce dernier cas, l’entente serait plus compliquée à réaliser et peut-être plus visible aux yeux de l’Autorité. Mais cette dernière ne semble avoir mis le doigt que sur une liste raccourcie à une dizaine de produits. L’impact de cette décision reste donc à déterminer.

Pensez-vous qu’en bout de chaîne les agriculteurs pourront récupérer un peu de valeur ajoutée ?
L’enjeu est certes important mais il est majeur dans un autre domaine : parvenir à ce que les produits agricoles qui sortent de nos fermes soient achetés au coût de production. C’est notre objectif et cela doit rester notre priorité. Il faut absolument que la valeur revienne dans les cours de fermes. D’autant que l’arsenal juridique existe. En tout cas, la décision de l’Autorité de la concurrence nous conforme dans notre combat : Elle vient à point nommé, après la condamnation d’Eurelec, la centrale d’achat de Leclerc¹ et après le vote, par le parlement français, qui encadre les pratiques des centrales d’achat et limite donc la guerre des prix. En Commission mixte paritaire, les parlementaires ont prolongé les dispositifs d’encadrement des promotions et le relèvement du seuil de revente à perte (SRP) que la loi EGAlim de 2018 avait instaurés. C’est encore ici l’aboutissement de notre combat au quotidien. C’est encourageant et je peux vous assurer qu’on ne lâchera rien !

 

1.Eurelec a été condamné, fin septembre 2020, à 6,4 millions d’euros pour non-respect de la date butoir des négociations commerciales.

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