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Quand l’inquiétude gagne les moins pessimistes...

Alliant d’ordinaire combat syndical et humour, les Jeunes agriculteurs ont exprimé le désarroi et la crainte qui gagnent les jeunes chefs d’exploitation cantaliens.

De gauche à droite : Clément Raymond, Pascal Pojolat, Julien Fau et Nicolas Bardy.
De gauche à droite : Clément Raymond, Pascal Pojolat, Julien Fau et Nicolas Bardy.
© P. O.

Comme chaque été, ils vont organiser le 19 juillet prochain leur concours départemental de labour, prétexte à une communication grand public sur leur métier et à des échanges entre cantons. Mais cette année, le coeur n’y est pas vraiment... “On entend partout parler de baisse du pouvoir d’achat, pour nous c’est pire que jamais”, avance, résigné, Julien Fau, président des JA, qui a tenu avec son équipe à exprimer le désarroi croissant des jeunes agriculteurs et des futurs exploitants. Un prix du baril de pétrole qui flirte avec les 150 dollars, entraînant dans son sillon ses produits dérivés utilisés dans les élevages cantaliens : fuel, ammonitrate (dont le prix a plus que doublé en un an), des productions animales d’autant plus pénalisées qu’elles paient au prix fort leur dépendance en céréales, matières premières qui ont rarement connu pareille hausse de leurs cours.

Entre marteau et enclume

“On n’a plus les moyens de suivre et nous sommes nombreux à avoir le couteau sous la gorge, poursuit le jeune éleveur, le regard inquiet. Pour ceux qui ont le projet de s’installer, c’est l’incertitude la plus totale qui prévaut”. Ces futurs chefs d’exploitation sont en effet censés établir une étude prévisionnelle démontrant la viabilité de leur système à l’horizon des cinq ans après leur installation. “Il n’y a guère plus de marge de manoeuvre pour les jeunes installés, vu que nous ne pouvons répercuter les hausses de ces charges sur le prix de nos produits”, poursuit Clément Raymond, membre du bureau du syndicat et éleveur laitier à Labesserette. Et ce dernier d’évoquer la situation de la production laitière, qui connaît, certes, une augmentation sensible du prix du lait, mais que les JA tiennent à relativiser : “On arrive en réalité au même niveau de prix du lait que celui qu’ont connu nos parents il y a 15 ans, et ce qu’on nous paie actuellement ne compense pas le niveau des coûts de production”. Pour ces jeunes syndicalistes, qui n’envisagent pas pour autant de se résigner, certaines vérités et responsabilités méritent d’être rétablies auprès de l’opinion publique. En particulier les causes réelles de l’inflation du prix à la consommation des produits laitiers : “Il ne faut quand même pas oublier que le pourcentage de la matière première “lait” dans le prix d’un pot de yaourt reste minime. Les consommateurs doivent bien se poser la question : où passe la différence ?”. Pascal Pojolat, nouveau secrétaire général adjoint, est encore plus direct : “Il ne faut pas se fier aux apparences et aux médias. Aujourd’hui, tout ce que nous investissons, nos bâtiments, notre matériel, appartient aux banques !”. La situation a atteint selon eux un tel degré de gravité que les JA du Cantal, qui ont de tous temps porté une politique d’installation volontariste, s’interrogent sur l’avenir de l’installation dans le département et sur la pertinence d’inciter les jeunes à franchir le pas dans un tel contexte. “Nos voisins de Haute-Loire ont déjà enregistré une nette baisse du nombre d’installations aidées en 2007. Nous risquons fort de prendre le même chemin”, prédit Nicolas Bardy, secrétaire général.

Pour une solidarité pas que théorique

Le salut des éleveurs ? Ils l’attendent aujourd’hui autant de la France que de l’Union européenne à travers un rééquilibrage structurel des aides de la politique agricole communautaire en faveur des éleveurs. Une revendication qui a valu des débats houleux au congrès national des JA en juin dernier. “Nous ne voulons pas attiser un conflit entre productions et c’est d’ailleurs très bien que les céréaliers gagnent bien leur vie, mais il faut que la solidarité, thème du congrès 2008 des JA, soit à l’œuvre à l’intérieur de la profession”, milite le président. C’est la raison pour laquelle la délégation du Massif central a revendiqué que le principe de DPU (droits à paiement unique) flottants acté par le congrès, qui permettrait que ces aides soient réorientées vers des productions en crise, se fasse après qu’un rééquilibrage a été au préalable opéré. Les Jeunes agriculteurs cantaliens et leurs homologues du Massif central comptent maintenant sur des positions fermes de la France, à la tête depuis quelques jours de l’Union européenne. “Sans cet affichage clair des pouvoirs publics et de l’UE sur l’avenir de l’agriculture européenne, j’ai peur qu’un paquet d’éleveurs ne cessent d’investir et quittent la profession, pas dans les meilleurs conditions”, prévient Julien Fau. D’ici là, il n’exclut pas que l’exaspération des jeunes troupes du syndicat ne s’exprime par des opérations diverses avec des cibles variées.

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