Témoignages
Quand les femmes agricultrices prennent la parole
Le lycée agricole de Neuvy organisait jeudi 8 février une conférence pour donner la parole aux agricultrices.
Le lycée agricole de Neuvy organisait jeudi 8 février une conférence pour donner la parole aux agricultrices.
Elles s’appellent Claire, Christine, Michèle, Florence, Vicky, Marion ou encore Agnès et elles ont un point commun : elles sont agricultrices, comme 360 130 femmes en France selon une étude publiée par la MSA en 2021. C’est en 2018 que Vicky Rohault a choisi de se lancer dans l’agriculture, après avoir exercé « 15 métiers différents ». « C’est un choix professionnel de longue date », raconte la jeune femme. « J’exerçais dans le milieu du spectacle vivant puis j’ai fait le choix de m’installer seule.
Très vite, son métier lui permet d’exercer énormément de fonctions : produire, faire de la comptabilité, commercialiser et préparer des animations pédagogiques. « C’est ce qui me plaît dans ce métier. C’est très chronophage mais je ne regrette pas mon choix. » Malgré tout, comme de nombreux agriculteurs, la situation de Vicky Rouhault reste précaire. Elle affirme être installée depuis six ans et ne pas être en capacité de se verser un salaire à la fin du mois. Lorsqu’on leur demande s’il existe une plus value féminine dans le monde de l’agriculture, toutes sont unanimes : oui. « Cette plus-value, c’est la complémentarité qu’on apporte », explique Christine Lemaire. On rend la communication beaucoup plus facile entre les associés ». « Les femmes sont plus pragmatiques, plus à l’écoute des autres, elles prennent aussi moins de risques », ajoute Michèle Debord.
« Difficile de se faire sa place »
Venue pour témoigner cet après-midi, Michèle Debord, à la retraite depuis presque trois ans. Elle s’est installée en 1993 sur la commune de Sainte-Thérence lorsque ses beaux-parents sont partis à la retraite, c’est elle qui a pris les rênes de l’exploitation familiale, une exploitation de vaches allaitantes. « Ce qui m’a plu, c’est de pouvoir faire ce que je voulais, c’était du concret ». Mais tout n’a pas toujours été rose pour Michèle. « Le regard des autres était très difficile. Je n’étais pas légitime aux yeux de mes beaux-parents car j’avais fait des études d’allemand, je n’avais pas grandi dans une famille d’agriculteurs. J’ai réussi à faire mes preuves et je n’ai pour autant jamais eu envie d’arrêter. Aujourd’hui, je suis à la retraite, ça laisse un grand vide. J’ai d’autres priorités et d’autres préoccupations. « Personnellement, je ne me suis jamais mis de barrières, je suis une femme mais ce n’est pas une faiblesse », souligne Vicky Rouhault. Je voulais devenir agricultrice et je l’ai fait ».
Se faire accompagner lorsque l’on souhaite s’installer
En 2023, 35 % des personnes accompagnées par la Chambre d’agriculture pour une installation étaient des femmes. Elles sont d’ailleurs plus présentes sur des exploitations avec des petits animaux que les hommes. Pour vous faire accompagner, vous pouvez vous tourner vers le PAI (Point d’Accueil à l’Installation). Plusieurs types d’aide existent : la DJA, à condition d’avoir moins de 40 ans, ou la PCAE.