Quand les élus savent dépasser les clivages pour construire...
À quelques semaines de la fin de la mandature, la session budgétaire du Conseil général a tracé, de façon consensuelle, les défis à relever.
Un échelon pertinent à rénover
Pour le reste, c’est dans le consensus et dans une belle convergence de vues, de priorités et souvent de moyens envisagés, que les conseillers généraux du Cantal - dont la moitié sera bientôt amenée à repasser devant les électeurs - se sont positionnés. À commencer par le rôle et l’importance de l’échelon départemental, mis à mal par le désormais fameux rapport Attali. Taxé de proposition farfelue par Vincent Descœur, “d’événement insignifiant” par Yves Debord, ce rapport a au moins eu le mérite de soulever le débat d’une réforme de l’institution départementale - revoir le découpage et clarifier le rôle des cantons dans le paysage jugé peu lisible des différentes strates administratives. Jacques Mézard, conseiller général d’Aurillac 4, a appelé de ses vœux un débat de fond national pour rénover ces découpages, préciser les prérogatives de chacun et adapter leur fiscalité. Une vision partagée par l’élu du canton d’Ytrac, qui a regretté que les efforts passés pour coupler les différentes élections de proximité n’aient pas été poursuivis. Même son de cloche du côté du président Descœur qui, tout en se disant favorable à une modernisation des modalités électives des conseillers généraux, a néanmoins tenu à marteler la place prépondérante du Département en s’interrogeant tour à tour sur le devenir de la station du Lioran, sur les possibilités laissées aux éleveurs sans le potentiel d’analyses du laboratoire départemental, sur les perspectives de l’enseignement universitaire sur Aurillac..., en l’absence de cet acteur majeur pour le Cantal. Pourtant, comme l’a rappelé Jacques Mézard, il est plus facile “d’être élu du conseil général des Hauts-de-Seine que du Cantal”, l’écart de situation démographique ayant forcément des répercussions en termes de recettes fiscales. Malgré la proposition d’une stabilité de la fiscalité départementale (à 9,37 %) pour 2008, l’élu, par ailleurs président de la Caba, a jugé qu’eu égard à ce faible potentiel fiscal, “on demande proportionnellement plus aux contribuables cantaliens, et les écarts ont tendance à se creuser”. Un constat plus qu’une critique, qui appelle selon lui plus que jamais rigueur budgétaire, sélectivité dans les dossiers accompagnés et réflexion prospective sur le moyen terme. “Cela ne veut pas dire que rien n’a été fait, mais qu’il nous faut une véritable politique d’aménagement du territoire”.
Faire bien avec peu
Si Vincent Descœur s’est dit favorable à la réalisation de cet exercice prospectif à l’occasion du prochain changement de mandat, il n’a pas manqué de préciser qu’avec un budget de 255 millions d’euros, le Conseil général assume non seulement ses compétences dites obligatoires - au premier rang desquelles l’action sociale et la solidarité, mais aussi des compétences facultatives. Qu’il s’agisse du soutien à l’économie cantalienne, de la promotion touristique ou encore de l’impulsion donnée à la diffusion des nouvelles technologies sur tout le territoire cantalien, ce sont 42 millions d’euros de crédits qui sont ainsi programmés dans le budget primitif au titre de cet accompagnement facultatif, pourtant jugé important pour l’avenir du Cantal. Empruntant la vision optimiste d’Henri Barthélémy, Bernard Delcros a quant à lui exhorté chacun à mettre en avant les dynamiques qui se sont faites jour : “Le Cantal est dans la voie du redressement”. Et si “tout n’est pas gagné” pour l’élu du canton de Murat, la volonté de contenir la fiscalité départementale est un vrai critère d’attractivité du territoire cantalien. Sans tomber dans le satisfecit, Vincent Descœur a visiblement eu à coeur pour ce dernier rendez-vous budgétaire de la mandature, de dresser un bilan chiffré de l’action du Département. Premier critère : celui de la fiscalité, dont la progression s’est élevée entre 2001 et 2008 à +17,71 %, soit une hausse annuelle de 2,34 %. “Dans le même temps, des départements voisins ayant une meilleure accessibilité, tel l’Aveyron, ont fait plus de 18 %. Et ne parlons pas des 29,39 % de la Haute-Loire”, s’est plu à détailler le président. Autre indicateur à l’avantage du Cantal, le ratio de l’investissement par habitant : 293 euros/hab. dans le Cantal, contre 232 euros en moyenne nationale. Des investissements qui n’ont cependant pas affecté l’épargne brute du Conseil général. Un bilan jugé donc positif et encourageant, à la veille d’échéances électorales. L’heure n’était cependant pas encore à la “campagne”, mais plus à saluer l’esprit constructif et modéré de l’opposition départementale, incarné par Yves Debord, qui assistait là à sa dernière session.