FNB
Production, soutien et territoire : le tiercé gagnant pour l’élevage français
Devant les éleveurs bovins français, Michel Barnier a marqué son intention de profiter du bilan de santé de la PAC pour consolider l’élevage et maintenir son ancrage durable dans les territoires.




Préférence communautaire et gestion des risques
Le ministre souhaite que la PAC réponde à deux défis essentiels : premièrement sécuriser l'approvisionnement alimentaire de l'Europe et gérer les risques ; deuxièmement, maintenir une activité d'élevage rémunératrice dans les territoires.
Sur la sécurité de l'approvisionnement alimentaire, il préconise de renouveler le concept de préférence européenne en l'élargissant aux exigences sanitaires et environnementales. « C'est la condition de notre indépendance alimentaire et du maintien de notre activité agricole en Europe. Nulle part il n'est écrit que les céréales doivent être américaines, les biocarburants brésiliens, la viande argentine et la facture européenne ! Nous ne baisserons pas les bras devant l'OMC ! a-t-il lancé. Et la France sera d'autant plus vigilante que l'absence d'accord reste toujours préférable à un mauvais accord ». Michel Barnier fait aussi valoir la nécessité de préserver des instruments de stabilisation des marchés au niveau européen. Il se refuse au « démantèlement de ces outils sans contre partie » et propose d'inscrire dans le bilan de la Pac des moyens permettant de couvrir les risques climatiques et sanitaires. Sur ce denier point, il prône la création d'un fonds spécifique permettant de mobiliser des fonds nationaux et communautaires en cofinancement de fonds professionnels.
"Aucune hypothèse ne doit être écartée"
Enfin, sur le maintien de l'élevage dans les territoires, le ministre veut en faire une priorité du bilan de santé. « Entre couplage, découplage et régionalisation, toutes les options doivent être posées ; aucune hypothèse n'est exclue a priori ». Le ministre a toutefois souligné « l'importance de maintenir le lien entre la production et certaines primes animales, notamment la prime au maintien du troupeau vaches allaitantes ou la prime à la brebis ». Il confirme également l'importance de « bâtir une vraie politique cohérente de l'herbe », de « mettre sur la table l'ensemble des soutiens : PMTVA, DPU, PHAE » et « de réorienter les aides du 1er pilier en utilisant plus largement l'article 69 ».
« Rien n'est décidé aujourd'hui » a conclu Michel Barnier avant d'indiquer qu'il s'en remettra aux propositions des départements et aux négociations avec les syndicats avant « de discuter avec les autres Etats membres et tenter de faire bouger la Commission ».
Ils ont dit
Pierre Chevalier, président de la FNB
« La FNB a décidé de poser le débat du rééquilibrage des revenus. Par une claire réorientation des soutiens vers l'élevage, dans le cadre du premier pilier de façon à faire face à une situation structurellement déséquilibrée entre les grandes cultures et l'élevage. Ces évolutions de soutien doivent, bien entendu, être réversibles si le contexte de marché s'inversait».
« Avec le maintien à un niveau relativement haut de la demande alimentaire et non alimentaire sur le marché des céréales et des stocks mondiaux faibles, les prix mondiaux devraient être élevés jusqu'en 2015-2020, mais ils seront probablement beaucoup plus volatiles ».
Xavier Beulin, vice-président de la FNSEA
« La question posée sur l'herbe n'est pas illégitime. Néanmoins, la revendication de porter à 300 euros un soutien à l'herbe sur le premier pilier, est vraiment irraisonnable. La grande difficulté est qu'actuellement, nous n'avons pas un budget qui offre une flexibilité. Il nous faut discuter entre nous de l'intégration de l'herbe dans le premier pilier et du niveau d'acceptabilité ».
Commission européenne
« Nous n'avons pas en tête le découplage de la PMTVA »
« Le bilan de santé de la PAC n'a pas vocation à évoquer les questions budgétaires. En France, on mélange souvent le bilan de santé et les perspectives de l'après 2013 ». Le chef de cabinet adjoint de la Commissaire européenne à l'agriculture, Klaus-Dieter Borchardt a souhaité, d'entrée, à recadrer le débat. Il a toutefois évoqué « la nécessaire simplification des régimes de paiement unique », reconnu « la difficile justification de l'historique, comme base de calcul des DPU » et acté le principe « d'un nettoyage du champ d'application de la conditionnalité ». Sans détour, il a affirmé que la Commission européenne souhaitait aller vers plus de découplage, l'objectif final étant la régionalisation des aides, tout en précisant « nous n'avons pas en tête le découplage de la PMTVA ».
Enfin, à propos des instruments de régulation de marché, le chef de cabinet a expliqué « nous voulons les convertir dans un filet de sécurité». Un filet qui n'aura pas pour mission de stabiliser les prix, « mais qui pourra être utilisé en cas de crise».