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Présidentielles : “On ne pourra pas produire avec un boulet à la patte”

Au lendemain du “banc d’essai agricole” des candidats à la présidentielle, FDSEA et Jeunes agriculteurs du Cantal affichent leur feuille de route aux prétendants.

Les syndicalistes cantaliens fixent la direction à prendre pour l’élevage du Massif central au futur chef de l’État.
Les syndicalistes cantaliens fixent la direction à prendre pour l’élevage du Massif central au futur chef de l’État.
© PATRICIA OLIVIERI

Pas moins de sept des dix candidats à la présidentielle ont passé leur grand oral le 20 mars devant les représentants du monde agricole (voir notre dossir). Pour vous c’est l’inévitable bal des courtisans ou un vrai regain d’intérêt pour la question agricole ?

Patrick Bénézit, président de la FDSEA : “Les candidats ont tout intérêt à faire voir qu’ils se préoccupent d’agriculture. Nous, on a aussi tout intérêt à ce que les politiques s’y intéressent davantage. Cette initiative de la FNSEA et des organisations agricoles est à saluer, ça a été l’occasion de les entendre sur ce sujet stratégique et de leur rappeler le poids de l’agriculture dans ce pays avec les 10 milliards d’euros d’excédent de la balance commerciale agroalimentaire : aujourd’hui, on exporte que ce soit les produits de l’élevage que des céréales. L’agriculture, c’est aussi 3,5 millions d’emplois, c’est loin d’être neutre dans un pays comme la France. Autant d’atouts dont on trouve qu’on ne se parle pas assez dans la campagne présidentielle par rapport aux enjeux économiques (commerce extérieur,...), d’emplois, d’indépendance alimentaire, d’aménagement du territoire, d’énergies renouvelables... C’est un secteur qui pèse et qui a de l’avenir.”

 

Régulièrement mis au banc des accusés, avez-vous aujourd’hui le sentiment que les agriculteurs, en général, sont aujourd’hui entendus ? Et ceux du Massif central ?

P. B. : “Il y a ces dernières années un certain nombre de dossiers où l’État nous a écoutés avec des revendications qui ont porté leurs fruits : le bilan de santé de la Pac, la création d’une plus-value pour les AOC  fromagères d’Auvergne et le soutien sans faille à la stratégie d’exportations en viande bovine, même si, au passage, on se serait bien passé des problèmes diplomatiques avec la Turquie. La création des Gaec entre époux était aussi une de nos demandes fortes qui a abouti. Enfin, on peut évoquer les aides sécheresse. À l’inverse les pouvoirs publics ne nous ont pas suivis sur la reconnaissance de tous les actifs en matière de transparence pour l’ICHN sans apport de foncier et sur la revalorisation des retraites agricoles même si des choses ont été faites, mais loin encore d’être percutantes. De même nous continuons à dénoncer le choix énergétique français qui a été clairement orienté vers les multinationales aux détriments d’un soutien à la production d’électricité photovoltaïque sur les toitures des bâtiments agricoles. On n’a pas été écoutés non plus sur l’abolition de certaines charges - notamment l’impôt foncier agricole - ni sur l’arrêt de certaines contraintes environnementales.”

Pas de “mouton à cinq pattes”

 

Quels sont aujourd’hui, à 15 jours de la présidentielle, les engagements fermes que vous attendez des candidats ?

P. B. : “Il faut que les politiques, quels qu’ils soient, comprennent que l’élevage est une activité qui manque structurellement de rentabilité, une activité de plus fragilisée par les aléas climatiques, sanitaires, les ravageurs... et qui doit donc être soutenue. Ça passe par une reconnaissance de tous les exploitants dans le cadre de l’ICHN sans agrandissement préalable. Ça passe, dans un contexte très libéral, par un soutien très fort à la valorisation des prix agricoles, que ce soit au travers des exportations que de démarches spécifiques où l’État se doit d’être aux côtés des producteurs. Ça passe également par une engagement ferme sur la réforme de la Pac en faveur des toutes les productions d’élevage (lait, viandes), par un allègement des charges dans le secteur agricole et un assouplissement conséquent de tout le carcan administratif mis en oeuvre ces dernières années sous la pression environnementale. Il est temps que nos gouvernants changent les règlementations pour qu’on puisse s’adapter aux changements climatiques qui ne sont plus à démontrer. Aujourd’hui, un agriculteur qui veut faire une retenue d’eau, sauver sa production fourragère, réimplanter une prairie dévastée par les rats..., doit demander une autorisation. On a été très loin sur les questions d’environnement, de bien-être, sanitaires, mais on ne saura pas faire de mouton à cinq pattes ni produire avec un boulet à la patte. Il en va, au-delà du seul secteur agricole, de la capacité de la France à produire son alimentation et il est urgent que ces orientations soient prises.”

 

 

 

 

Plus d'infos à lire cette semaine dans L'Union du Cantal.

Droits de reproduction et de diffusion réservés.

 

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