Rapport
Pour François Bayrou, l’agriculture est une question d’avenir
Dans un rapport de 52 pages (1) qu’il a rendu public le 9 juillet, le Haut-commissaire au Plan, François Bayrou dresse les
fragilités et les atouts de l’agriculture française et défend " un projet de reconquête ".
Dans un rapport de 52 pages (1) qu’il a rendu public le 9 juillet, le Haut-commissaire au Plan, François Bayrou dresse les
fragilités et les atouts de l’agriculture française et défend " un projet de reconquête ".
" Aujourd’hui l’agriculture constitue un domaine essentiel pour la reconquête de l’appareil de production (… Elle) doit demeurer un élément cardinal de la puissance économique française ", écrit François Bayrou qui cite " l’attachement culturel à notre agriculture et à notre alimentation ". Mais auparavant il pointe les cinq grandes crises dont le monde agricole a souffert depuis le tournant des années 2000 et qui constituent autant de marches à franchir que les agriculteurs/trices puissent " relever sans faiblir les défis du siècle ".
Rupture de reconnaissance
Première d’entre elles, la chute du commerce extérieur et augmentation de notre dépendance à des produits sur lesquels la France était autonome il y a quelques décennies (fruits, légumes, produits carnés…) " La France a vu ses parts de marché au niveau mondial reculer de presque 8 % en 2000 à 4,7 % en 2019 ". Ensuite, la diminution de la population active agricole et ses deux corollaires que son l’augmentation de la SAU moyenne (63 ha en 2016 contre 56 ha en 2010 et 6 ha en 1960) et le vieillissement de la population. La troisième grande crise est selon lui, l’évolution des régimes et pratiques alimentaires au plan mondial vers une " uniformisation ", un vrai défi à relever " alors même que la population mondiale passera de 7,7 milliards actuellement à 9,7 milliards en 2050 ", souligne le rapport. Quatrième crise à laquelle les agriculteurs sont confrontés : le dérèglement climatique dont les aléas extrêmes pèsent, in fine, sur le système de production et alimentaire, et enfin une crise psychologique " extrêmement lourde (…) vécue comme une rupture de reconnaissance ", et consécutive des quatre premières.
Démarche réaliste et positive
Pour remédier à ces maux et reconquérir des parts de marché, il importe de " réconcilier la production et l’impératif climatique et environnemental ", plaide l’ancien ministre. Ses pistes ? : le piégeage du carbone, la plantation de haies, l’utilisation des protéagineux " notamment en cultures dérobées ou en rotation rapide pendant l’année " mais également " une équité et une loyauté de la concurrence ". Sur ce point, il précise que " les exigences, les impératifs, les normes qui sont imposés aux producteurs français ne peuvent pas être ignorés lorsqu’il s’agit d’importations des produits qui concurrencent nos productions ".
Ouvertement en faveur des clauses miroirs, il défend également la recherche française, en particulier la sélection variétale des plantes. " On a vécu la révolution de l’hybridation du maïs qui a multiplié par quatre nos rendements depuis la fin de la guerre. Ce travail sur les espèces fragiles leur permettra de mieux supporter le changement climatique prévisible. Vouloir interrompre cela, c’est absurde et contraire à ce que l’on fait depuis des milliers d’années ", a-t-il confié à nos confrères du Figaro.
François Bayrou s’engage aussi clairement pour la mise en place de retenues d’eau. " On a (…) raison de ne pas accepter le pompage des nappes phréatiques profondes pour les besoins de l’irrigation. Mais retenir les trombes d’eau de l’hiver pour les libérer pendant les périodes de sécheresse, dont la fréquence a augmenté ces dernières années, est une démarche réaliste et positive ", écrit-il dans son rapport.
1. 115 pages si l’on compte l’annexe et les deux notes complémentaires.
2. Le Figaro du 9 juillet 2021.