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Porter un nouveau regard sur les céréaliers français

L’AGPB lance sa première campagne de communication d’ampleur nationale, intitulée « Les Nouveaux Céréaliers».

Des modes de production de plus en plus remis en cause

Au fil du temps la société française est devenue intraitable sur la qualité de son alimentation, et elle est plus que jamais attentive à la préservation de la terre, clé de voûte de la sécurité alimentaire.

Aussi, un fossé se creuse entre le monde agricole et les Français. Le modèle de production adopté par les premiers est de plus en plus remis en cause par les seconds. Les demandes de la société sur l’alimentation s’expriment sur de nombreux plans.

La question est d’abord environnementale. Réchauffement climatique, perte de biodiversité, pollution des sols, sont autant de problématiques auxquelles les français sont de plus en plus attentifs. L’agriculture est notamment pointée du doigt pour ses activités d’élevage, considérées comme polluantes et énergivores, et pour son utilisation de produits phytosanitaires, jugée première responsable de la perte de biodiversité dans nos campagnes.

Les français remettent en cause également notre modèle agricole sur le plan de leur santé. La progression des régimes sans gluten, bios, végétariens ou végans ou l’attention particulière portée aux résidus de pesticides présents dans l’alimentation sont autant de preuves que cette question devient de plus en plus centrale. Chacun s’alimente de la manière qu’il estime être la meilleure pour sa santé, à tort ou à raison. Ces demandes, parfois légitimes et essentielles, parfois basées sur des informations tronquées, sont ancrées. De nombreux autres enjeux, sociaux, économiques, sont moins médiatisés mais ne pèsent pas moins sur le monde agricole.

Les producteurs ont conscience de chacun de ces enjeux, en fonction desquels ils font perpétuellement évoluer leurs méthodes de production. Ils sont prêts à s’engager un peu plus loin dans une transition agroécologique. Mais cet engagement demande un accompagnement économique et un soutien politique. Il ne peut pas s’effectuer à coups d’évolutions règlementaires restrictives voire punitives, dans un contexte de fragilité économique des exploitations.

Les céréaliers souhaitent rentrer dans une démarche de progrès, constructive, et qui n’aille pas à l’encontre de leurs intérêts économiques. C’est dans cette logique que l’AGPB a défini un nouveau cap stratégique. Celui-ci a plusieurs objectifs :

• répondre aux attentes de la société sur les enjeux environnementaux et de santé

• valoriser économiquement les efforts fournis et à fournir par les céréaliers

• pousser les pouvoir publics à accompagner cette transition

• sortir de la spirale des contraintes non constructives

•  rapprocher les consommateurs de leurs producteurs

Un projet stratégique pour un nouveau pacte avec la société

L’agriculture revient au centre des débats de société. C’est une opportunité ! Les céréaliers doivent la saisir. En transition permanente, les céréaliers ont en effet de nombreux atouts à faire valoir. Conscients des enjeux économiques, sociétaux et environnementaux qui reposent sur eux, ainsi que des attentes sociétales qui se font de plus en plus fortes, les céréaliers ont donc décidé de s’engager dans un projet stratégique ambitieux. L’AGPB propose ainsi une démarche globale et cohérente pour reprendre la main en proposant un socle de mesures cohérentes et reconnues par la société, les pouvoirs publics mais aussi par leurs clients

Les objectifs de ce projet stratégique sont multiples :

• répondre aux attentes de la société,

• sortir de la spirale des contraintes sur les moyens de production,

• créer de la valeur ajoutée,

• assumer une transition agroécologique, avec le concours des pouvoirs publics.

Le constat est le suivant : la réglementation, subie, se veut de plus en plus contraignante pour les céréaliers, sans que cela ne soit réellement valorisé. L’AGPB souhaite y remédier en proposant et en établissant un cahier des charges qui intégrera une démarche RSE globale (responsabilité sociale et environnementale des entreprises), à travers un cahier des charges actuellement en construction. L’objectif est d’y intégrer l’ensemble des producteurs français. Le respect des normes plus contraignantes que celles de leurs voisins européens doit être mis en avant et valorisé.

Répondre aux attentes de la société

Si aujourd’hui seul le bio est reconnu, de nombreuses autres pratiques sont bénéfiques. Diversification des assolements, installation de bandes fleuries autour des parcelles, implantation de haies, agriculture de précision, circuit court et recyclage via la méthanisation… Toutes ces pratiques répondent chacune à des enjeux environnementaux majeurs : lutte contre le changement climatique, maintien de la biodiversité, réduction de l’utilisation des pesticides… Elles méritent donc d’être mises en lumière auprès de nos concitoyens, qui n’en connaissent pas les bienfaits.

En communiquant à leur sujet et en valorisant économiquement les productions qui en sont issues, les producteurs pourront s’engager dans une démarche de progrès qui répondra aux nombreuses attentes sociétales. Il n’existe pas un modèle unique mais bien une diversité de modèles qui font la richesse de notre agriculture.

Bâtir un socle commun de création de valeur

Le cahier des charges servira de socle commun aux différents labels et normes déjà existantes (Lu Harmony, CRC, HVE, SAI…). Les labels existants actuellement ayant été créés par les industriels (Lu Harmony, Mac Donald…), les producteurs ne doivent pas perdre l’initiative de la création de valeur.

En s’engageant dans un cahier des charges, les producteurs français pourront valoriser davantage leur production et leurs pratiques :

• sur le marché intérieur, il permettra de faire reconnaître à nos concitoyens le savoir-faire des producteurs du pays. En France, les attentes sont en effet fortes en matière de transparence de la production.

• sur le marché exportation, outre la dimension qualité pour laquelle elle est déjà reconnue, la production française pourra plus facilement être mise en avant de par son respect plus important pour l’environnement.

Hier on vendait du blé, aujourd’hui on vend de la protéine, et demain il faudra vendre du blé français avec du sens.

Sortir de la spirale des contraintes incohérentes

Les céréaliers sont les mieux placés pour proposer une démarche cohérente pour répondre aux objectifs sociétaux : santé du consommateur, respect de l’environnement… En créant ce cahier des charges, ils rentrent dans une démarche constructive, anticipant les contraintes que d’autres pourraient imaginer à leur place sans connaître la réalité du terrain. Il faut faire confiance aux personnes dont c’est le métier.

Les céréaliers subissent aujourd’hui cette avalanche de nouvelles réglementations, parfois contradictoires, souvent absurdes, rarement constructives. Citons par exemple, au niveau de la PAC, la construction des niveaux réglementaires permettant d’accéder à l’Ecoscheme, ou encore les nombreuses interdictions de produits phytosanitaires ou d’utilisation d’outils technologiques, décidées dans la plupart des cas sans concertation et sans étude d’impact préalable.

En s’engageant eux-mêmes dans la construction d’un cahier des charges contraignant, les céréaliers brisent cette spirale d’avalanches de règlementations incohérentes et reprennent la main sur leur devenir.

Financer la transition par des politiques publiques

À l’image du contrat de solutions, ce cahier des charges sera un outil permettant de démontrer que les céréaliers ont l’ambition d’engager une vraie transition agroécologique. Cela ne pourra se faire qu’avec un accompagnement politique et économique.

Au niveau européen, la mise en place du cahier des charges doit permettre aux producteurs d’envisager l’avenir avec plus de sérénité, notamment par la sécurisation d’un seuil minimal de paiements de base, et par un accès facilité à l’Ecoscheme. Il doit permettre également de débloquer des fonds du second pilier pour accompagner la transition agroécologique.

Comment s’y prendre ?

Le cahier des charges repose sur plusieurs aspects : environnemental, social et économique. Sa construction a démarré par le volet environnemental. Il s’agit de s’appuyer sur la démarche à trois niveaux HVE (Haute Valeur Environnementale) qui doit avoir un cadre adapté à la production de céréales. Ce n’est pas le cas actuellement. Le niveau 3 de la certification environnementale reste encore à ce stade très difficile à atteindre.

Il s’agit donc de construire les marches progressives et indispensables pour que les producteurs aient envie de se lancer dans cette démarche. Il s’agit ensuite de discuter avec la commission de certification environnementale CCNE pour que l’ensemble des efforts bénéfiques à l’environnement puissent faire partie d’un système de points pour devenir éligible.

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