Jeunes Agriculteurs
Politique agricole, quand le remède aggrave le mal…
Fièvre catarrhale ovine : depuis un an, les agriculteurs creusois paient cher l’arrivée de la fièvre catarrhale ovine sérotype 8 dans le département.
En effet, dès l’automne 2007, l’approche du virus suivie de très près par les services sanitaires français conduit à la mise en place de zones règlementées et par conséquent au blocage de la commercialisation des animaux ; animaux qui, faut-il le rappeler, sont des espèces vivantes qui ne se stockent pas des semaines et des mois comme des pièces de voiture, qui sont le fruit du travail des éleveurs, et surtout qui sont la source du revenu permettant à ces derniers de manger. Fort heureusement, l’état français mesure la gravité de la situation et lance l’arme absolue : le vaccin. Et comme on ne ferait pas pour éteindre un feu, on attaquent le foyer à l’envers. C’est-à-dire que les doses sont distribuées au fur et à mesure que la maladie fait son œuvre au lieu de prendre le front à revers et ainsi faire un pare-feu. Résultat : tout le monde a eu son vaccin, mais tout le monde est malade.
Enfin comble du comble, on parle de FCO, Fièvre Catarrhale Ovine, maladie qui s’attaque de la manière la plus grave aux moutons, et bien on les vaccinera en dernier ! Enfin passons, on a vacciné nos troupeaux, la FCO ne sera plus un problème, on va pouvoir vendre nos animaux normalement… STOP ! Le sérotype 1 du virus approche (il en existe 24), dépêchons nous vite de vendre nos broutards avant que ça ne recommence.
Effectivement il y a une quinzaine de jours, on a cru voir une bête porteuse du sérotype 1 en Dordogne. Et là encore une fois l’Etat extrêmement précautionneux décide que plus une bête ne bouge 70 km autour du « site contaminé ». Précisons que la FCO est une maladie vectorielle, ce qui veut dire que le virus se promène dans la campagne sur le dos d’un insecte appelé culicoïdes et qu’il n’a pas besoin d’une vache pour se déplacer ! En terme de gestion de crise de la FCO, après les ratés de la gestion du sérotype 8, l’Etat français est quand même capable de faire pire pour le sérotype 1 en ne prenant même pas la peine de vérifier les infos qu’il utilise avant de bloquer tout bonnement les échanges de toute une région.
Au-delà de l’indemnisation des pertes liées à la FCO 8, Jeunes Agriculteurs de Creuse demande des excuses publiques et réparation du préjudice financier lié à la braderie des broutards de ces 15 derniers jours. En effet, l’annonce d’un blocage injustifié a engendré la panique des éleveurs à devoir garder des broutards à un moment où ils n’ont ni la place, ni la nourriture, ni l’argent pour les repousser.
Revenu des agriculteurs
Dès le printemps, la conjugaison de plusieurs facteurs fait que le revenu des éleveurs ne cesse de diminuer, quand bien même il reste positif. Pour commencer, la météo 2007 ne nous a laissé d’autre choix que de récolter des fourrages de mauvaise qualité et que les animaux ont mangé tout l’hiver. Les premières conséquences ont été des animaux en moins bon état, nécessitant une complémentation couteuse pour vendre un bétail à des prix chahutés par les premiers soubresauts de la FCO. Ensuite les marges se sont considérablement réduites en raison de la hausse des prix des aliments et des carburants. Le prix des engrais est également devenu prohibitif sur prairie ce qui a entrainé soit baisse de la marge, soit baisse de la production et dans les deux cas baisse du revenu.
Enfin nous commençons juste à apercevoir les effets les plus catastrophiques de la FCO à savoir le nombre parfois effrayant de vaches qui ne produiront pas de veaux en bonne santé, quand elles en produiront un. Après avoir alerté le ministre Barnier sur la gravité de la situation de nos exploitations, nous n’avons reçu que des miettes pour arranger les trésoreries (paiement anticipé des aides animales, FAC,.).
Or, sur le court terme, nous savons que les comptes des exploitations ne s’équilibreront pas car nous ne parlons pas de retard de rentrée d’argent, mais de manque de rentrée par rapport aux charges. Voilà pourquoi un prêt court terme ne résoudra rien pour payer une annuité de prêt moyen ou long terme, et sans doute au contraire. Nous maintenons donc notre position qui est de dire que nous avons des raisons d’espérer un rééquilibrage des aides, une mesure herbe dans le premier pilier pour 2010, mais que pour passer le cap de 2009, le financement d’une année blanche bancaire apporterait une bouffé d’oxygène notamment à ceux qui se sont endetter pour se mettre aux normes par exemple.
Il me semble que l’importance de la mobilisation du 16 septembre à Clermont Ferrand en dit long sur la situation, et que si le gouvernement ne veut pas nous donner d’argent, il peut au moins commencer par arrêter de nous en prendre (taxe sur le foncier non bâti, TIPP,).
Conditionnalité des aides PAC, un rattrapage de dernière minute Pour percevoir les soutiens de la PAC chaque agriculteur doit respecter ce qu’on appelle « les Bonnes Conditions Agri-envionnementales ».
Ces dernières sont modifiées, sans nul doute pour être améliorées, à peu près tous les ans. En 2008, l’une des BCAE traitant de la diversité des assolements prévoyait que deux familles de culture, représentant au moins 5 % de la sole pour la plus faible, devaient être mise en place sur nos exploitations.
Le progrès qui nous était proposé par les services du ministère pour 2009 prévoyait la suppression de la notion de famille culturale remplacée par des assolements qui devront comporter au moins trois cultures représentant chacune au moins 5 % de la sole.
Pour bien comprendre, ceci impliquait que dans notre région herbagère, une exploitation de 70 ha avec 40 ha de prairie permanente, de 33 ha prairie temporaire, 4 ha de Triticale et 3 ha de Maïs aurait du d’un point de vu environnemental, casser de la prairie pour faire plus de maïs. Suite à la mobilisation des professionnels limousins entendue et relayée par l’administration régionale, le ministère de l’agriculture a finalement revu sa copie. Le cas des producteurs implantant 10 % et plus de prairies temporaires devront implanter au moins 3 % d’une autre culture ou d’un cumul d’autres cultures. De cette façon la ferme limousine reste dans les clous.
Ce que l’on peut retenir de cette histoire est que les règles du jeu sont modifiées sans bruit, de préférence en été, et sans en informer directement les principaux intéressés, à savoir les agriculteurs. Je suis fier d’être agriculteur, je suis scandalisé de voir la manière dont on nous traite ! Plus d’information sur : www.ja23.fr