Peut-on encore semer des maïs fourrages fin juin ?
Ce printemps très humide a fortement impacté les semis de maïs. L'équipe 'productions végétales' de la Chambre d'agriculture de Haute-Loire apporte ses conseils.
Ce printemps très humide a fortement impacté les semis de maïs. L'équipe 'productions végétales' de la Chambre d'agriculture de Haute-Loire apporte ses conseils.
La pluviométrie soutenue tout au long de ce printemps n’a pas permis de semer certaines parcelles pourtant prévues en maïs ce début de printemps. Alors, quelle stratégie adopter ? Deux questions reviennent souvent. Est-il encore possible de semer du maïs ? Si non, quelles dérobées peut-on implanter ?
La réponse à la première question doit être abordée en comparant les besoins de température du maïs et l’offre météorologique disponible de fin juin jusqu’à l’automne. Le besoin de températures cumulées, pour les variétés de maïs fourrage du groupe très précoce (indice 180 à 220), est de 1340 à 1410 C°, entre le semis et la récolte à 30-32% de matière sèche plante entière.
Semis compromis
Il faut aussi tenir compte de l’offre de température disponible, pour une hypothèse de semis au 20 juin ou au 1er juillet et une récolte au 15 octobre. La température journalière se calcule en moyennant les températures minimales et maximales observées chaque jour. Il faut intégrer la notion de température « base de 6 C° » (correspondant au zéro de végétation du maïs) et de température maximale de 30 C° (correspondant à la température au-delà de là quelle le maïs stoppe sa croissance). Pour la station météorologique de Chaspuzac à 833 m d’altitude (Données Météo France), l’offre de température moyenne des 8 dernières années entre 2016 à 2023 est de 1 240 C° pour un semis du 20 juin, avec une amplitude qui varie entre 1047 C° en 2016 et de 1 600 C° en 2023. Si le semis ne peut avoir lieu avant le 1er juillet, le même cumul est de 1 110C°, avec des écarts de 929 à 1 456 C°.
L’offre constatée est donc inférieure au besoin pour une altitude supérieure à 800 m. Autrement dit, pour des éventuels semis tardifs au cours de la dernière décade de juin ou pire début juillet, un maïs même très précoce, ne devrait pas pouvoir attendre son fin de cycle de végétation normal, ni la maturité recherchée supérieure à 30% de matière sèche. Pour les zones en dessous de 700 m, il est recommandé de semer des variétés très précoces jusqu’à la 1ère décade de juillet et donc si besoin de changer avec votre fournisseur les variétés dont vous disposez si nécessaire.
Dérobées, oui mais…
Quelles cultures dérobées d’été semer en début d’été en remplacement du maïs ? Il sera difficile de trouver des cultures d’été qui se rapprochent de celles du maïs semé en mai, en termes de rendement, de valeur alimentaire ou de teneur en amidon. Il s’agit donc bien de solutions alternatives de rattrapages, dont la durée de végétation est plus courte (60 à 80 jours), avec des résultats fluctuants selon que la saison estivale sera sujette au stress chaleur et déficit pluviométrie ou pas. En revanche ces cultures dérobées seront bien moins coûteuses à implanter que le maïs. Pensez à contacter rapidement les fournisseurs pour commander vos semences.
Parmi les solutions existantes (réparties dans le tableau ci-dessous), pour la question de rendement, le choix se portera préférentiellement sur le sorgho fourrager multi coupe. Le colza fourrager + avoine de printemps ou brésilienne est un mélange intéressant pour sa production de matière azotée et particulièrement si la parcelle est destinée à la pâture. Il sera judicieux de répartir les risques en implantant des couverts de différentes natures. Dans tous les cas, semer dans un lit de semence bien préparé. Le désherbage chimique n’est pas indispensable. Apporter 50 unités d’azote soit par un épandage d’effluents d’élevage (fumier ou lisier), soit par un engrais minéral.
Les mélanges de légumineuses (Trèfles, vesces…) dans le sorgho, le Moha ou le Ray grass d’Italie ne se justifient pas vraiment. En effet, ces derniers étant rapide à l’installation si la pluviométrie le permet, ils ne laissent alors que peu de place aux légumineuses. Très souvent ce mélange alourdit le poste semence, pour peu de bénéfice en terme de rendement en fourrage et en matière azoté totale supplémentaire.