“Personne n’a voulu porter le dossier Acajou !”
Acajou des volcans a cessé toute activité et vient d’entamer une procédure de liquidation judiciaire. Un scénario qui aurait peut-être pu être évité, estime le président.

“Où est-ce que je peux trouver de la viande salers maintenant ?” Les clients d’Acajou des volcans, spécialisée dans la viande 100 % salers, sont désemparés : ils appellent à la mairie de Riom-ès-Montagnes, passent à la boutique du champ de foire, et repartent bredouilles. Depuis un mois et demi, la coopérative a fermé ses portes. Elle a tout arrêté : les ventes en magasin, la préparation des produits dans son atelier de découpe, les livraisons sur Paris et dans le Sud, l’approvisionnement des restaurateurs du Puy-de-Dôme et du Cantal. Et maintenant ? “C’est cela qui me désole le plus : il n’y a rien de prévu suite à la liquidation judiciaire, s’emporte Jean-Marc Pouget, le président de la structure. On aurait pu rebondir, repartir avec une nouvelle équipe, mais là, plus on attend et moins on a de chances de remonter quelque chose !”
Difficultés financières
Le courrier au tribunal de grande instance d’Aurillac est parti le 11 juin 2015, mais cela faisait des mois que l’éleveur tirait la sonnette d’alarme pour redresser la structure, en difficulté financière depuis 2013. “Fin 2013, on a changé de cabinet comptable et demandé un prévisionnel qui nous a donné la voie à suivre pour redresser la situation”, raconte l’éleveur. La solution préconisée ? Augmenter les volumes en passant de 88 tonnes à 110 tonnes de viande commercialisées par an pour améliorer la productivité de l’atelier, et se lancer dans la diversification(1) afin d’atteindre un chiffre d’affaires de un million d’euros, contre 650 000 euros actuellement. “Ce scénario, j’y croyais, mais on n’a pas réussi à se mettre d’accord au sein du conseil d’administration, poursuit-il. C’est vrai que nous sommes tous bénévoles, il fallait absorber le surplus d’activité, investir dans la mise aux normes de l’atelier…” Le président ne s’en cache pas : il a sa part de responsabilité dans ce fiasco. “La structure est peut-être devenue trop grosse pour nous, je n’ai pas su gérer, ni le personnel, ni le conseil d’administration… Et puis surtout, il nous manquait un directeur commercial compétent.”
Trop tard pour rebondir
En 2014, en déficit de 39 000 euros, la coopérative alerte les élus locaux. Pour financer une étude de restructuration et un poste de commercial, la coopérative dit avoir obtenu dès septembre 2014 une enveloppe du Parc des volcans d’Auvergne de 10 000 € et une aide de 2 000 € de la communauté de communes Sumène-Artense, tout en espérant logiquement une participation du pays Gentiane. En vain, selon elle. “Personne n’a voulu porter le dossier Acajou !, accuse Jean-Marc Pouget. Notre projet aurait été sur un autre territoire, il aurait été soutenu ! Il nous manquait 2 à 3 000 € pour nous aider à trouver un moyen de sauvegarder l’activité. On avait un fichier clients, un repreneur potentiel, la possibilité de monter une structure commerciale… Mais tout ça, il fallait le faire dès l’automne dernier !” Aujourd’hui, ce qui désespère le plus Jean-Marc Pouget quand ses clients viennent aux nouvelles ou quand il pense aux salariés et à la trentaine d’éleveurs “prêts à repartir si quelque chose se remontait”, c’est sans doute l’impression de n’avoir pas fait le maximum pour éviter un immense gâchis…
(1) Vente d’autres produits de terroir issus du territoire (viande de porc, miel, fromages de chèvre,…) avec une marge de 40 %, soit une recette de 60 000 euros.
Plus d'infos à lire cette semaine dans L'Union du Cantal.
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