Pêche : duel à la mouche sur les lacs d'Artense
Le premier championnat de France de pêche à la mouche aux carnassiers s'est déroulé ce week-end dans les lacs du Nord Cantal, en présence des champions du monde de la discipline.

Les pêcheurs à la mouche et les poissons carnassiers se ressemblent. Des taiseux viscéralement dépendants de la nature et du silence. Des lève-tôt qui fuient le soleil et souffrent de la chaleur. Des combatifs difficiles à ramener : entre eux, une manche peut durer des heures. À chacun sa stratégie. Pour chasser, les alevins et le fretin, les perches et les black-bass maraudent en surface, les brochets naviguent à mi-eaux tandis que les sandres préfèrent les eaux sombres des profondeurs. En réponse, les pêcheurs diversifient leurs techniques d'approche : en bottes, ils se déplacent le long des bords ; les pieds palmés, ils s'assoient dans un float-tube et se laissent porter par le faible courant ; en barque dérivante, ils sillonnent activement toute la surface.
Lancer comme un fouet
Le poisson est un malin, l'homme aussi : tout est dans la mouche - une imitation faite de poils et de plumes - et dans le lancer. Ah, le lancer : une technique qui date de 150 ans et qui nécessite des mois d'entraînement. Dans un geste à la fois gracieux et cinglant, le pêcheur-cochet fouette l'air de sa canne plusieurs fois avant de projeter au loin - le plus loin possible - une mouche flottante ou plongeante. Les meilleurs atteignent les 30 mètres. Les poissons, eux, s'y laissent pren- dre. Ou pas. Lors du premier championnat de France de pêche à la mouche aux carnassiers(1), ils avaient un avantage : ils étaient chez eux. Sauvages, ils sont nés dans ces lacs de l'Artense qu'ils connaissent par coeur. Les pêcheurs par contre, ont été confrontés à une situation inédite: pour la plupart, et bien que champions de leur spécialité, c'était la première fois qu'ils taquinaient le carnassier à la mouche. D'habitude, ils pratiquent leur sport favori en rivière et fabriquent des imitations d'insectes pour piéger les salmonidés, truites notamment.
Des champions mis en difficulté
Là, ils ont dû s'essayer sur quatre espèces de carnassiers dont ils ignoraient tout des moeurs, au cours de trois manches disputées en individuel et en équipes dans trois secteurs
différents : pêche de bord le long del'étang de la Crégut, pêche en float-tube dans le lac de la Crégut et pêche en barque dans le lac de Lastioulles. Pour réussir ce coup d'essai et espérer décrocher le titre, il paraît que certains, incapables de fermer l'oeil, se sont levés à trois heures du matin pour préparer leurs mouches. Avec des résultats plutôt décevants au final : un poisson difficile, très peu de prises, des cracks bredouilles éprouvés physiquement et psychologiquement et quelques locaux qui s'en tirent bien. La pêche n'est pas une science exacte. À la fin, ce sont sans doute les carnassiers qui s'en sortent le mieux : sitôt pris, ils ont été relâchés. Les pêcheurs à la mouche et les carnassiers se ressemblent : pour eux, la liberté n'a pas de prix.
Classement par équipes :
1er, Jarreton/Paulet/Goleret.
2e, Coudière/ Fournier/Esquisse.
3e, Boyko/Marguet/Briois.
Classement en individuel :
1er, Jarreton
2e, Goleret
3e, Esquisse.
(1) Organisé par la fédération de pêche à la mouche et au lancer, la fédération de pêche du Cantal, l'Association agréée de pêche et de protection des milieux aquatiques (AAPPMA) de Champs-sur-Tarentaine et le centre de pêche de Lastioulles.
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