Aller au contenu principal

Taxes Trump : des répercussions sur les produits agricoles du Puy-de-Dôme

Lors de son investiture Donald Trump a déclaré relancer la guerre commerciale avec l'Europe. L'inquiétude s'installe dans les filières agricoles françaises où l'on redoute les conséquences économiques si le président américain mettait ses menaces à exécution.

 

Fourme d'Ambert à la coupe
© MélodieComte

À peine investi à la tête de la première puissance mondiale que Donald Trump avait promis de relancer la guerre commerciale avec l'Union Européenne. Le 47e président américain avait promis d'augmenter les droits de douane sur un certain nombre de produits importés. Ce lundi 3 mars, il a signé un décret doublant les doits de douanes sur les produits chinois. L’Europe sera-t-elle la prochaine à subir les affres du milliardaire ? 

Ces menaces inquiètent les filières agricoles, y compris dans le Puy-de-Dômevins et fromages du territoire pourraient être impactés. Nous les avions interrogé à ce sujet à l’occasion de l’investiture. 

À lire aussi : Accord UE-Mercosur : quels impacts sur l'agriculture française ?

 

Crainte de contagion

 

À la cave Desprat-Saint-Verny, les récentes annonces du président américain inquiètent. « Il n'y a encore rien de sûr. On suit les évolutions au jour le jour, au fil des annonces de Trump. » Les exportations de Côtes d'Auvergne vers les États-Unis représentent 50 000 bouteilles. « Pas des gros volumes (...) si on les perd, ça ne nous empêchera pas de vivre » souligne Pierre Desprat qui appréhende davantage les conséquences par ricochet de ce climat de défiance. La cave Desprat-Saint-Verny a beaucoup investi ces dernières années pour le développement du marché canadien qui concerne désormais plus de 100 000 bouteilles. 

Les annonces de Trump inquiètent tout le monde, surtout ses voisins directs. Ce n'est pas bon pour les affaires. »

Le vin français est consommé aux États-Unis par des personnes ayant un certain niveau de revenu. « La hausse des droits de douane ne les empêchera pas d'acheter » selon Pierre Desprat. Toutefois, la boisson alcoolisée va se retrouver en concurrence directe avec les vins californiens « moins chers ».

En 2019, tous les vins et spiritueux européens se voyaient appliquer un droit de douane de 25% ensuite suspendu en mars 2021 par le Gouvernement Biden. En à peine 3 ans, la "taxe Trump" avait néanmoins occasionné un impact économique estimé à 500 millions d'euros, et une chute de 40 % des exportations des vins Français vers les États-Unis, d’après la Fédération des exportateurs de vins et spiritueux (FEVS). Avec un peu plus de 3,6 milliards d'euros, les États-Unis représentaient 22,4% des exportations françaises de vins et spiritueux en 2023.

« Une fois qu'un marché est perdu, c'est très lent de le récupérer mais c'est surtout beaucoup d'argent et d'énergie investis pour son développement, qui sont gaspillés. »

À lire aussi : 150 bouteilles de vin vieillissent au sommet du puy de Dôme

 

Le fromage : un produit réservé à l'élite américaine

 

La filière fromagère partage les mêmes craintes que le secteur viticole. En 2019, la "taxe Trump" avait été appliquée aux yaourts, beurre et fromages européens.

« Les pâtes persillées au lait de vache avaient été épargnées » se souvient Aurélien Vorger, directeur du Groupement d'employeurs des AOP Persillées (Bleu d'Auvergne, Bleu des Causses et Fourme d'Ambert - GAP).

L'exportation vers les USA de Bleu d'Auvergne et de Fourme d'Ambert pèse une centaine de tonnes, « peut-être 150 en 2024 ». Deux PME puydomoises ont développé ce marché via des courtiers et, là encore, « c'est beaucoup d'investissements sur le long terme et un travail de longue haleine ». Les récentes annonces de Donald Trump placent la filière et ses opérateurs dans l'incertitude. Aurélien Vorger reste toutefois confiant sans être dupe pour autant. 

 

Le fromage français a déjà un prix très élevé aux États-Unis. Nos clients ont un niveau de vie élevé. Si un droit de douane de 25 % venait à être appliqué, peut-être pourront-ils encore l'absorber mais il y aurait une baisse des volumes exportés inévitable. »

 

Contrairement aux vins, la filière fromagère des pâtes persillées ne redoute pas la concurrence. Il y a quelques années, le GAP a déposé une marque commerciale aux États-Unis pour éviter les copies de Bleu d'Auvergne et Fourme d'Ambert. Le process de fabrication très spécifique des pâtes persillées est également mal maîtrisé outre-Atlantique.

À lire aussi : AOP d'Auvergne : l'usage des robots bientôt encadré 

 

Le jeu du chat et de la souris

 

Quelles que soient les décisions de Donald Trump et leurs conséquences économiques, Pierre Desprat et Aurélien Vorger sont unanimes sur les intentions du président américain. La "taxe Trump" de 2019 avait été prise suite au différend commercial opposant Airbus et Boeing.

 

 Il critique l'Europe parce qu'on ne fait pas assez d'affaires alors que tout ceci n'est rien d'autre qu'une manœuvre pour  profiter de l'instabilité géopolitique européenne et mondiale. En attendant, la filière viticole française ne sait pas comment elle va être bue » affirme Pierre Desprat.

Les réactions d'inquiétudes et de craintes suite à ces annonces, bien que légitimes, donnent malheureusement du poids à ses arguments » estime Aurélien Vorger.

 

Le lendemain de ces annonces, la Bourse de New York a ouvert en hausse ainsi que le CAC 40, soulagé par les annonces sur les investissements sur l'intelligence artificielle (IA), les droits de douane passant au second plan. 

 

 

Les plus lus

Les associés du Gaec de la Cartalade avec Emmanuel Grange de chez DeLaval devant les 3 robots fraichement installés.
3 robots de traite nouvelle génération pour gagner en souplesse de travail

À Mercoeur, les 5 associés du Gaec de la Cartalade ont fait le choix de traire un troupeau de 150 vaches montbéliardes à…

vaches de races limousines dans un pré.
Aide au vêlage : 200 € par vêlage financés par la Région Auvergne-Rhône-Alpes

Destinée à encourager la recapitalisation du cheptel bovin viande dans la région, cette aide au vêlage ouvrira à partir de…

“Je veux pouvoir aller aux vaches en baskets !”

Chez les Noyer, à Saint-Martin-Cantalès, on ne lésine pas avec la propreté des vaches, de la stabulation et de la salle de…

Un groupe de personnes au milieu de véhicules de pompiers.
Photographie, le quotidien mis en scène

Le jeune photographe cantalien, Dorian Loubière, poursuit sa série de mises en scène des années 1950. Dernière prise de vue,…

vaches charolaises dans un pré.
Provision élevage : Comment les éleveurs peuvent bénéficier de cette mesure fiscale obtenue par le syndicalisme FNSEA-JA ?

La nouvelle provision élevage, déductible du résultat imposable, peut permettre aux éleveurs bovins d’économiser, dans les…

Dissolution de Gaec : quand les associés ne font plus société

Le nombre de dissolutions de Gaec pour cause de mésentente est en légère augmentation. S’ils font parler, ces cas restent…

Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 100€/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site Réussir lait
Profitez de l’ensemble des cotations de la filière Réussir lait
Consultez les revues Réussir lait au format numérique, sur tous les supports
Ne manquez aucune information grâce aux newsletters de la filière laitière