Elevage laitier
Nuit et brouillard pour la contractualisation laitière
La contractualisation laitière ne cesse de faire parler d’elle. Dans le Puy-de-Dôme, les éleveurs bataillent depuis deux ans pour faire reconnaître leurs droits.
La contractualisation laitière ne cesse de faire parler d’elle. Dans le Puy-de-Dôme, les éleveurs bataillent depuis deux ans pour faire reconnaître leurs droits.
L’application de la LMA (Loi de Modernisation Agricole) rend obligatoire, depuis le 1er avril 2010, la signature de contrats entre les éleveurs laitiers et leurs acheteurs. Les laiteries du Puy-de-Dôme ont proposé des contrats aux éleveurs. Ces derniers, les ont tout de suite contestés.
Etouffer la parole
« Certains points concernant la collecte du lait, les volumes et la qualité sont très flous. Une vache n’est pas un robinet. On ne l’ouvre ni le ferme quand on a envie. Il y a des saisons à respecter. Les laiteries veulent faire du profit. Elles refusent de comprendre
qu’avec des gros volumes nous allons inonder le marché et effondrer les cours du lait » explique Christian Agay, secrétaire général de la FDPL et éleveur laitier. Malgré de nombreuses négociations et corrections des contrats, le brouillard persiste. Les éleveurs laitiers veulent des clarifications mais les laiteries semblent ne pas vouloir obtempérer. Elles refusent même de reconnaître les organisations professionnelles extérieures à l’entreprise. « A leurs yeux, il n’y a que leurs propres syndicats d’éleveurs qui ont le droit à la parole. Ceux-ci ne représentent qu’une minorité. Ils ne veulent pas nous reconnaître parce que nous avons trop de poids.» Comme un ultime recours, la grande majorité des producteurs du département appelle donc au boycott de ces contrats. Ils ne signeront pas, tant que les points évoqués ne seront pas éclaircis et la FDPL reconnue. Depuis maintenant deux ans, la situation de la contractualisation laitière dans le Puy-de-Dôme est toujours bloquée. Les négociations se poursuivent mais les éleveurs, dans cette dure bataille, commencent à fatiguer.
Resserrer les rangs
Deux ans de négociations, de discussions et aussi de chantages. «Certains éleveurs ont eu des menaces. Par exemple, s’ils ne signaient pas le contrat, la laiterie arrêterait de les collecter. C’est juste inacceptable. Nous ne demandons pas la lune, juste que notre lait soit valorisé au mieux afin de pérenniser notre production » commente Christian Agay. Une situation d’autant plus difficile en ces heures d’incertitudes sur l’économie mondiale.
Pour le secrétaire général de la FDPL, le ministère de l’Agriculture pourrait trouver une solution à ce conflit. « Tant que les laiteries n’auront pas une date buttoir pour établir un contrat convenable, nous n’avancerons pas. Je redoute que ces négociations
s’éternisent. Une chose est sûre, si les éleveurs restent unis nous résisteront aux sirènes des laiteries. Il faut continuer à refuser la signature. » Cette situation pénalise la filière laitière et particulièrement les producteurs. Ils se sentent désabusés, trompés et par-dessus tout ignorés. La contractualisation avait pour but d’assurer aux éleveurs une visibilité sur leurs débouchés et aux acheteurs leurs approvisionnements. Un décret qui avait donc pour but d’unir les acteurs d’une même filière et non de les diviser.
Retrouvez, prochainement, le reportage vidéo de ce sujet, sur le site internet :www.auvergne-agricole.com