Non à l'agneau néo-zélandais dans les rayons des grandes surfaces !
Tribune de Michèle BOUDOIN, présidente de la Fédération Nationale Ovine - FNO
Même s'il est nécessaire à la santé publique, le confinement restreint les possibilités de célébrations en famille des fêtes de Pâques juive, chrétienne, orthodoxe ainsi que du début du Ramadan. L'agneau, traditionnellement consommé en ces occasions, pâtit lourdement de cette situation. En effet, pour satisfaire cette demande saisonnière, les éleveurs de France ont préparé les animaux afin qu'ils soient disponibles à cette période. Ainsi, à ce jour (le 07/04/2020 ndlr), le stock des agneaux finis en ferme est estimé à 450.000.
C'est pourquoi dès le 16 mars, la FNO a alerté les familles de l'interprofession ovine afin d'identifier des solutions pour faire face à un arrêt brutal de l'activité commerciale provoquée par le confinement. Les discussions engagées à cette échelle ont permis à chaque branche professionnelle de prendre des engagements forts à savoir : limiter les importations, maintenir de l'activité d'abattage, innover en découpe pour proposer des produits adaptés au libre-service et valoriser l'agneau français auprès du consommateur.
Toute la branche professionnelle s'est accordée sur la nécessité, dans cette période de moindre consommation liée au confinement, de favoriser la production française. Une campagne de communication radio est d'ores et déjà effective, elle s'accompagne d'une communication digitale intégrant des recettes pour les internautes. Celle-ci témoigne des efforts engagés à l'échelle interprofessionnelle.
Aujourd'hui, force est de constater que sa mise en œuvre par la grande distribution révèle des situations très contrastées. Certaines enseignes jouent le jeu, elles mettent effectivement en avant l'agneau français en cohérence avec la campagne de communication. D'autres, au contraire, ont des pratiques frauduleuses. Elles profitent des moyens mis en œuvre pour valoriser l'agneau français et proposent en réalité dans les rayons de leurs établissements de l'agneau néozélandais vendu 2.5 fois moins cher que l'agneau français et dont les conditions de réfrigération, compte tenu de son éloignement géographique, sont contestables d'autant qu'elles ne font pas l'objet d'une explication transparente au consommateur.
Cette situation est d'autant plus inacceptable que la FNO, consciente des stocks d'agneaux néozélandais d'ores et déjà établis par la grande distribution, avait proposé des solutions pour les écouler : dons en nature auprès des restaurants des établissements hospitaliers, des EPADH, des personnels de la fonction publique qui assure notre santé et notre sécurité au quotidien. Ces dons, outre l'intérêt économique lié à leur défiscalisation, auraient également permis aux enseignes d'exprimer leur solidarité.
Les éleveurs de moutons, rassemblés au sein de la Fédération Nationale Ovine, saluent les enseignes de la grande distribution qui se sont engagées en faveur de la production française. En revanche, ils dénoncent le scandale provoqué par celles qui ont mis en priorité l'écoulement de leur stock d'agneaux d'importation accentuant ainsi la situation délétère des éleveurs français.
En cette période où les consommateurs redécouvrent l'importance des filières locales de production pour assurer leur alimentation, ce choix s'inscrit à contre-courant de toute solidarité nationale !
C'est en période de crise que s'expriment les valeurs profondes propres à chacun. Ainsi nous savons aujourd'hui sur qui nous pouvons compter pour bâtir l'avenir de la filière ovine française