Neuilly-en-Donjon : le préfet de région constate l’aménagement d’un plan d’eau
Plus de cent projets de retenues pour l’irrigation ou l’abreuvement identifiés en Auvergne-Rhône-Alpes dans le cadre de la stratégie eau-air-sol portée par Pascal Mailhos.
Depuis ces dernières années, suite aux sécheresses dues aux évolutions climatiques, les retenues collinaires peuvent constituer l’une des solutions pour faire face aux étiages estivaux sévères.
Faire face aux évolutions climatiques
Le préfet de la région Auvergne Rhône-Alpes, Pascal Mailhos en déplacement dans l’Allier, est venu appuyer par une visite de terrain son programme « cent retenues pour la région » : « Au 31 août, l’objectif de cent projets autorisés a été atteint, avec des travaux réalisés, en cours ou planifiés pour 72 d’entre eux. Ce programme vise l’achèvement des travaux de cent des projets identifiés au 31 décembre 2022. Pour atteindre les objectifs fixés par la stratégie eau-air-sol, un dispositif dédié pour l’animation et le suivi de cette action a été mis en place par les services de l’État qui dialoguent régulièrement avec la profession agricole et les associations de protection de l’environnement ».
280 projets recensés en Aura, 21 dans l’Allier
Au 31 juillet 2021, 280 projets étaient recensés à l’échelle de la région, soit une augmentation de 34 % depuis octobre 2020. Les trois quarts de ces projets correspondent à des créations de retenues, les autres projets relevant d’extensions et de modernisations d’ouvrages existants. C’est justement le cas sur l’exploitation de Lauraine Sulpy, installée au domaine des Paires, à Neuilly-en-Donjon, une commune de l’Est du département de l’Allier qui nous explique pourquoi elle a choisi de réaménager un plan d’eau :
« C’était un plan d’eau abandonné depuis de nombreuses années. Avec mon père avec qui je suis installé en Gaec, nous avons souhaité le réaménager en vue de l’utiliser pour l’irrigation de parcelles de maïs sur une vingtaine d’hectares ». Après un an de procédure administrative, les travaux sont désormais terminés. La retenue s’étend sur un hectare avec une capacité d’eau de
40 000 m2, alimentée par les eaux de ruissellement d’un bassin versant de cent hectares.
« Une vision collective du territoire »
C’est sur cette exploitation précisément que Pascal Mailhos s’est rendu le lundi 11 octobre dernier en précisant que « sur ces 280 projets, 110 projets procédures administratives sont accomplis ou sans objet, soit une progression de 30% par rapport à octobre 2020. Le premier objectif de la stratégie eau-air-sol est donc atteint. Les principaux freins à leur concrétisation restent toujours liés au besoin d’une ingénierie plus performante visant à la fois à accompagner les porteurs de projet et à structurer une vision collective par territoire. L’accès aux financements est également un verrou dans certaines parties de la région. Les services de l’État se mobilisent pour faire évoluer cette situation. Concrètement, et depuis le démarrage du programme « 100 retenues », les travaux sont réalisés, en cours de réalisation ou planifiés pour 72 projets, ce qui nous met en bonne voie d’atteindre la cible de réalisation à fin 2022 ».
Réaction de Nicolas Bonnefous, élu à la Chambre d’agriculture de l’Allier
Comment le dossier «retenues d’eau» évolue-t-il?
Nicolas Bonnefous : Il a longtemps été quasiment impossible de créer une retenue d’eau dans le département de l’Allier. Il faut bien reconnaitre que les sécheresses répétées de ces dernières années ont fait évolué la situation. Les élus et pouvoirs publics reconnaissent aujourd’hui que la création de retenues est une des solutions d’adaptation. Quelques retenues d’eau sont actuellement créées mais l’immense majorité est constituée par de très petites retenues pour l’abreuvement. Les retenues pour l’irrigation ne sont qu’une petite poignée. Dans l’Allier, les services de l’Etat jouent le rôle de facilitateurs en étudiant les projets bien en amont. Pourtant, la réglementation ne suit pas ces déclarations d’intentions.
Quelles sont les contraintes pour créer une retenue?
N.B : La contrainte principale est la présence d’un cours d’eau qui condamne bien des projets. La présence éventuelle d’une zone humide est également à prendre en compte.
Qu’en est-il de la question du financement des retenues?
N.B : Là encore on observe un changement. Chose impensable il y a quelques années, le conseil régional et le conseil départemental peuvent aujourd’hui apporter des aides. C’est également le cas pour le Plan de relance. Ces aides sont bienvenues car ces retenues coutent cher, entre 3 et 5€/m3 selon les projets.
Que pensez vous du projet visité aujourd’hui?
N.B : C’est un projet à taille humaine idéalement positionné pour éviter des travaux démesurés. Il permettra en outre de sécuriser la production de fourrages sur une exploitation avec une jeune agricultrice. C’est le parfait exemple d’un projet raisonnable et raisonné.
Quel message passer aux agriculteurs qui seraient tentés par l’aventure?
N.B : Le premier réflexe est de contacter la Chambre d’Agriculture. Ils pourront ainsi avoir un échange avec un technicien pour «dégrossir» le projet et être accompagné pour la suite des démarches. Une chose est sûre: si il y a des projets, c’est le moment de les faire avancer.
Plus d'infos :
■ Installée depuis le 1er janvier 2015 au domaine des Paires, Lauraine Sulpy est associée avec son père, au Gaec des Thivelets. L’exploitation s’étend sur une SAU de 280 hectares dédiés à l’élevage de 200 vaches charolaises et de 250 brebis charollaises. Pour subvenir aux besoins des cheptels, ils cultivent cinquante hectares de céréales.