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Médecins : comment le Cantal a inversé sa courbe démographique ?

Depuis début 2020, le Cantal gagne des médecins, les inscriptions dépassant désormais les radiations, le fruit d’une politique offensive de l’Ordre des médecins et ses partenaires.

Le Cantal a mis les arguments de son côté pour attirer de jeunes praticiens.
© Adobestock

Coïncidence temporelle cocasse : en mars 2020, alors que le Cantal voyait arriver avec angoisse un virus inconnu, sa courbe démographique médicale s’inversait enfin. Depuis, le solde entre inscriptions et radiations (pour retraite,...) de médecins est devenu largement positif : + 64 en quatre ans. Une situation favorable 
suffisamment rare - a fortiori dans un département très rural - pour être soulignée par François Arnault, président de l’Ordre national des médecins, reçu avec une délégation d’élus du conseil national et du conseil régional de l’Ordre, par son homologue cantalien, le docteur Jean-François Collin, vendredi dernier à Aurillac. 

Des spécialités encore orphelines

Pour autant, cette remontada du nombre de praticiens ne saurait masquer d’une part un ratio inférieur à la moyenne nationale : un médecin pour 350 habitants dans le Cantal contre un pour 290 à l’échelle tricolore. Ni, d’autre part, un déficit criant de praticiens dans certaines spécialités (dermatologie, gynécologie, ophtalmologie, psychiatrie, urgences), pour lesquelles il faudrait doubler les effectifs pour atteindre le ratio de couverture national. On compte par exemple un ophtalmologue pour 24 000 Cantaliens, quand la moyenne nationale est à un pour 12 000 habitants. Avec pour conséquences des délais de rendez-vous qui tangentent pour certains les douze mois et le recours à des professionnels hors département  pour consulter plus rapidement. Enfin, ce redressement démographique n’élude pas les tensions que connaissent certains territoires, reconnaît Jean-François Collin, citant notamment le Caldaguès, la vallée de l’Alagnon ou encore Sumène Artense. “Vu la densité de population dans le Cantal, les équilibres peuvent vite basculer dans un sens ou un autre, il suffit qu’un médecin parte à la retraite, ait un problème de santé... et on peut se retrouver en tension. À l’inverse, sur certains territoires où on avait des craintes, la situation s’est finalement redressée avec une ou deux installations”, relève le président de l’Ordre des médecins du Cantal.

Conjonction d’actions

Si le diagnostic est donc en bonne voie, pas question de baisser la garde pour l’Ordre des médecins qui a enclenché depuis plusieurs années une politique offensive pour rendre le territoire plus attractif pour de jeunes (futurs) médecins, favoriser leur installation et améliorer les conditions d’exercice du métier : accueil des internes avec le Département, formation par compagnonnage auprès des médecins généralistes,... “C’est un levier énorme, les étudiants sont sur le terrain au contact du médecin de premier recours qui les accueille, ça leur permet d’appréhender l’exercice du métier, le territoire, ça permet de susciter l’envie de rester soit en s’associant avec leur maître de stage, soit indépendamment”, souligne Jean-François Collin. 
La nouvelle organisation des permanences de soins instaurée depuis plusieurs années à l’échelle départementale autour des trois arrondissements (et non plus sur 18 secteurs) a aussi offert un exercice médical plus serein, avec des gardes qui reviennent beaucoup moins régulièrement. Rassurant pour les jeunes qui débutent, beaucoup plus confortable pour ceux en place depuis de nombreuses années. 

En chiffres
Le Cantal compte 575 médecins inscrits (+ 64/mars 2020) :
- 416 exercent une activité régulière (dont 55 retraités actifs), 
159 sont retraités sans activité
- sur ces 416, 218 sont des généralistes (dont 124 médecins de premier recours), 198 des spécialistes. 
- ratio : un médecin pour 350 hbts (1 pour 290 en France).
- spécialités en tension : dermatologie (plus que 5 médecins), gynécologie (9), ophtalmologues (7), psychiatres (16).

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