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« L’organisation collective, ça compte dans un monde de fou ! »

En matière de conjoncture viande bovine, Vincent Chatellier, économiste à l’INRA, estime qu’il est urgent de « remettre l’église au centre du village ». Il est intervenu dernièrement devant les éleveurs de la coopérative Socaviac-Feder, qui sont repartis galvanisés par son discours.

L’assemblée générale de Socaviac-Feder s’est déroulée, mardi 21 mai, à Villefranche d’Allier.
De gauche à droite : Bertrand Laboisse, Michel Millot et Vincent Chatellier.
L’assemblée générale de Socaviac-Feder s’est déroulée, mardi 21 mai, à Villefranche d’Allier.
De gauche à droite : Bertrand Laboisse, Michel Millot et Vincent Chatellier.
© SC

D’assemblées générales en assemblées générales, Vincent Chatellier dresse le même constat. Les tempes de son auditoire se dégarnissent, les chevelures poivre et sel se multiplient…les éleveurs vieillissent, et la relève peine à poindre. Mardi dernier, à Villefranche d’Allier, alors qu’il intervenait devant les éleveurs de bovins-viande de la coopérative Socaviac-Feder, une fois encore, il a été confronté à ce douloureux phénomène. Il faut dire qu’il faut avoir « la passion sérieusement chevillée au corps pour décider de devenir éleveur aujourd’hui ». En cause, la complexification de l’agriculture, selon l’économiste, une mondialisation qui en fait perdre son latin à plus d’un, une rémunération loin d’être au rendez-vous et cette déferlante d’idées reçues sur l’élevage qui inondent les réseaux sociaux, ébranlant les plus tenaces des vocations. Pour comprendre, comment nous en sommes arrivés là, il est indispensable de s’extraire du discours médiatique, « nourri de vagues, contrairement à la science qui est constante, et qui s’appuie sur des raisonnements objectifs ». Et d’estimer que le temps est venu « de mettre quelques calottes à ceux qui parlent d’agriculture, sans connaissance de cause »…

Dire les choses, telles qu’elles sont

La pondération scientifique passe donc par des chiffres réels. Et tout n’est pas tout noir, ou tout blanc, et les raisons d’espérer, sont loin d’être inexistantes. A ce titre, l’évolution démographique de la population mondiale constitue, selon lui, un indicateur positif. « Celle-ci augmente de 232 000 habitants par jour. Quant à la consommation de viande (porc, volailles, bovins), elle est passée de 24 kg par habitant dans les années 1960 à 43 kg par habitant. D’ici dix ans, il faudra produire 13 % de plus de viande bovine dans le monde », commente l’économiste. Or, l’Union européenne n’arrive qu’en troisème position sur la production de viande, devancée par le Brésil et les États-Unis, et potentiellement demain par la Chine. « Depuis des lustres, le cheptel de vaches allaitantes en Europe est de 12 millions. La production diminue, ainsi que la consommation, et l’on n’exporte rien alors que nous sommes les troisièmes producteurs de viande », note Vincent Chatellier. À l’échelle de la consommation intérieure, l’un des enjeux d’avenir est incontestablement la restauration hors domicile, puisque y sont consommées essentiellement de la viande de transformation d’origine européenne et de la viande brute d’importation. La viande de transformation d’origine française représentant, elle, la portion congrue. Président de Socaviac-Feder, Bertrand Laboisse estime 
« qu’un nouveau contrat de confiance doit être passé entre agriculteurs et consommateurs ».

 

Quels défis pour demain ?

Pour l’avenir, Vincent Chattelier isole plusieurs défis à relever. À l’échelle, des politiques publiques : fixer un cap structurant pour l’UE et définir la PAC de l’après 2020, former/protéger les consommateurs et renforcer la place du débat scientifique, réorienter les règles relatives aux achats publics pour mieux montrer la voie, veiller aux jeux concurrentiels et à l’encadrement des positions dominantes et soutenir les transitions en agriculture en acceptant de s’inscrire dans la durée. Au niveau des acteurs du secteur agricole et agroalimentaire : mieux communiquer sur les atouts et limites des modèles agricoles, concilier l’exigence de productivité avec l’impératif de l’environnement, innover pour satisfaire les attentes d’une société en mouvement, organiser et structurer les filières pour peser sur le marché, et évidemment séduire davantage les jeunes et favoriser les transitions générationnelles. Une chose est sûre, et quel que soit, le chemin emprunté, « l’organisation collective, la mutualisation, ça comptera dans un monde de fou ! ».

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