Elvea
Les Viandes du père Joffrois assombrissent l’activité 2013
Pourtant prometteuse, la filière des Viandes du père Joffrois lancée en partenariat avec les Bistrots du boucher est aujourd’hui en péril. L’association Elvea a fait le point vendredi.
Le succès que connaît le marché au cadran depuis son ouverture il y a bientôt quatre mois n’a pas suffi à recolorer l’atmosphère des plus ternes qui régnait vendredi à l’assemblée générale de l’association de producteurs Elvea. Ni même sa récente extension vers le sud avec la fusion-absorption de son homologue lotoise, qui devrait apporter un nouveau souffle (et 200 éleveurs) à la structure sur le secteur des veaux sous la mère. Car l’année 2013 est à marquer pour Elvea de deux pierres noires, largement évoquées à Naucelles vendredi : un résultat financier négatif pour la seconde année consécutive et les difficultés de la filière Les Viandes du père Joffrois, pourtant promise à un bel avenir il y a deux ans dans le cadre d’un partenariat inédit avec le réseau des Bistrots du boucher autour des races à viande.
Les déboires des Viandes du père Joffrois
Comment en est-on arrivé là ? Denis Costerousse, président d’Elvea, rebaptisée Elvea sud Massif central, n’a pas occulté la question : “C’est une structure (la maison Joffrois) qui a grossi très fortement sans que la gestion suive. On ne peut pas être très bon boucher, très bon commercial et très bon gestionnaire, a-t-il déclaré. On a aussi évoqué la forte augmentation des prix des animaux, mais cette hausse a été appliquée partout.” Pour l’heure, la société des Viandes du père Joffrois est en redressement judiciaire, “avec un suivi très précis de la situation” et un plan de redressement(1) qui s’est traduit par des licenciements et “une gestion très rigoureuse de l’atelier”. De sorte que les éleveurs qui livrent aujourd’hui des animaux sont payés par virement à 20 jours, a précisé le président. Quid des autres ? Ceux dont les impayés s’élèvent au total à 280 000 € pour une perte de 600 000 € enregistrée par la société. “Ils sont suivis et si la situation s’arrange avec des résultats qui redeviennent positifs, ils seront payés”, a indiqué Denis Costerousse. Avant d’ajouter dans son rapport moral : “Nous assumons notre responsabilité auprès des éleveurs qui attendent leur paiement.” De son côté, Jean Bouniol, représentant le Crédit agricole, a expliqué que depuis que la procédure de redressement a été actée, les arriérés de la société ont été fortement réduits et que les éleveurs concernés pouvent se tourner vers leur agence pour éviter que les difficultés du transformateur ne les déstabilisent à leur tour. En 2013, 847 animaux ont été abattus pour cette filière qui, sans ces déboires, aurait assuré une bonne valorisation avec un prix de 4,53€ kg / carc.
Redresser la barre
Autre ombre au tableau de 2013 : un exercice comptable qui se solde par un déficit de 66 000 € après les - 47 000 € de 2012. Même si le prévisionnel annonçait un exercice délicat, l’ampleur du déficit “a surpris”, a confié Denis Costerousse. Car depuis un an, des mesures drastiques avaient été mises en place avec une forte réduction des charges et un effort conséquent demandé au personnel. Les causes sont donc à chercher du côté des ressources qui ont fait défaut : avec des provisions pour impayés d’adhérents mais surtout par la chute du poste de subventions (FranceAgriMer et Département). Elvea escomptait en effet le tacite renouvellement (moins 10 %) des soutiens du Conseil général en 2013 dans le cadre du prolongement de la convention 2010-2012. Le Département attendait lui une demande officielle... Aussi, conscient qu’il faudra désormais équilibrer son budget sans “trop compter” sur les subventions, l’organisation de producteurs a soumis au vote une hausse des cotisations et prestations qui s’inscrit par ailleurs dans une volonté d’harmonisation avec les tarifs pratiqués par sa voisine lotoise. Face aux interpellations d’un adhérent, Denis Costerousse a enfin promis : “Les choses seront faites pour que nos comptes se rétablissent assez rapidement.” Revenant à un dossier plus porteur, le président a incité les éleveurs à souscrire au marché au cadran de Mauriac, dont Elvea a été à l’initiative : “Les volumes sont là, on a largement atteint les objectifs fixés mais dès l’automne il faut passer le cap des 500-600 animaux chaque lundi. La réussite dépend directement des éleveurs. Ne pensez pas que ça ne viendra que des acheteurs.” (1) Jusqu’en juillet avant une possible reconduction.
Plus d'infos à lire cette semaine dans L'Union du Cantal.
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