Les outils d’accompagnement au centre des premières Assises du foncier
Le 6 novembre dernier, la Safer Marche-Limousin organisait ses premières Assises du foncier. L’objectif : élargir l’auditoire autour de la question foncière.
La décision a été prise en 2014 : les problématiques foncières auront leurs Assises. « Nous avons pris la décision de scinder en deux la traditionnelle assemblée générale, pour accorder une place plus importante aux questions techniques, explique Yves Gaonach, directeur de la Safer. En outre, il était prévu que le centre de ressources du foncier agricole organise chaque année une restitution de ces travaux. Les Assises du foncier permettent de faire d’une pierre deux coups. » Le 6 novembre à Limoges, l’ensemble des partenaires de la Safer Marche Limousin, les collectivités et les Safer Aquitaine Atlantique et Poitou Charentes était réuni pour ces premières Assises. « Jusqu’à présent, nous parlions beaucoup entre « terriens » et forestiers, commente Yves Gaonach. Aujourd’hui, nous raisonnons à plus grande échelle. Les filières sont concernées par les questions d’installation et de transmission. Les communautés de communes peuvent également être actrices du foncier. » Une large part de la matinée a été consacrée aux outils proposés par la Safer et ses partenaires pour faciliter l’installation et la transmission du foncier agricole. Quatre types d’outils ont été mis en place correspondant à quatre cas de figure selon que l’exploitant souhaite louer, acheter, différer une partie de l’achat ou reprendre une exploitation avec le fermage. Certains de ces outils sont le fruit de collaborations fortes. Ainsi, en avril dernier, la Safer Marche Limousin a conclu une nouvelle convention de stockage du foncier avec la Région Limousin. Elle permet à la Safer d’acquérir des exploitations avec bâti ou non pour des futures installations. L’acquisition est financée par la Région. Autre partenariat fort, celui avec le Crédit Agricole pour le portage de foncier. Destiné aux JA, il leur donne la possibilité de différer l’acquisition d’une partie de l’exploitation. « Les solutions d’acquisition progressive sont essentielles, rajoute Guillaume Joie, président de JA Limousin. Les outils mis en place avec le Crédit Agricole et notamment le livret Projet Agri sont intéressants mais il faut encore aller plus loin. » Autre outil mis en place par le Comité Régional Installation Transmission, le Centre de Ressources du Foncier Agricole (CRFA). Une initiative que l’on envie au Limousin. « Nous sommes bluffés par l’initiative limousine et envieux de ce qui a été mis en place », confie la Safer Poitou Charentes. Un avis confirmé par la Safer Aquitaine Atlantique. « Cette initiative est ce que l’on peut observer de plus abouti. Si le Limousin n’a pas de vin, il a des idées », plaisante le responsable aquitain. Associant la Safer, la chambre régionale d’agriculture, la Région et la DRAAF, le CRFA limousin doit répondre à une question essentielle, celle de l’absence de repreneurs des exploitants partant à la retraite. En Limousin, on estime en effet à 142 000 ha, la surface exploitée par des agriculteurs de plus de 55 ans n’ayant pas de successeur. Parmi les missions du CRFA dans les mois à venir, trois études seront menées sur le potentiel maraîcher, le potentiel castanéicole et les surfaces libérables en agriculture biologique. Par ailleurs, il contactera individuellement tous les exploitants de plus de 55 ans. Pour clore la matinée, un débat autour de l’équilibre des différents usages du foncier a permis de faire le point sur la consommation de foncier en France et en Limousin. Arrivée à son paroxysme entre 2006 et 2009, la consommation de terres agricoles recule depuis à la faveur de la crise. Elle reste pourtant préoccupante. Si le rythme observé depuis les années 60 perdure, le risque est la perte de 6 % de la surface agricole et 8 % du potentiel agricole au niveau mondial d’ici 2050. Avec de nombreuses conséquences : perte de valeur ajoutée, perte d’emplois et augmentation de la dépendance alimentaire de l’Europe à des pays tiers. L’urgence de la situation implique de communiquer davantage sur la nécessité de conserver le foncier agricole pour sa capacité de stockage de carbone, d’eau et de minéraux, d’accueil de biodiversité et de production de biomasse entre autres.