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Les Circuits Courts : un modèle d'avenir

Circuits Courts Dans un contexte où les consommateurs locaux cherchent à se reconnecter avec les producteurs de leur région, les circuits courts émergent comme une solution en réponse à la mondialisation des échanges.

© Camille Privat

En Corrèze, ils sont devenus une alternative précieuse pour de nombreux agriculteurs. Plus qu'une simple méthode de vente, les circuits courts incarnent un mode de production et de consommation où la proximité, la qualité et la transparence priment. Camille Privat, Romain Prodel et Bernard Trassoudaine, agriculteurs dans différents cantons du département, ont fait ce choix, chacun pour des raisons singulières mais avec une vision partagée : offrir des produits locaux, valoriser leur travail et maintenir un lien privilégié avec leurs clients.


Qu'est-ce que le Circuit Court ?


Le circuit court désigne un mode de distribution où les produits agricoles sont vendus directement du producteur au consommateur, sans intermédiaires. Que ce soit par le biais de la vente à la ferme, de marchés locaux, de plateformes en ligne ou encore via des distributeurs automatiques, ce système permet une connaissance approfondie des produits tout en augmentant les bénéfices pour les agriculteurs. En supprimant les intermédiaires, les producteurs peuvent ainsi percevoir une rémunération plus juste et plus stable. Camille Privat souligne que cette démarche favorise aussi la transparence et permet de recréer un lien direct avec les clients.


Camille Privat : La Stabilité et la Proximité


Camille Privat, jeune éleveuse de bovins Aubrac dans le canton de La Roche, a fait le choix du circuit court en famille, au sein du GAEC qu'elle gère avec ses parents. « Pour nous, les circuits courts représentent l'avenir, » explique-t-elle. « C’est un modèle qui nous permet de fixer nos prix à l’avance et de ne pas dépendre des fluctuations des cours, ce qui est important pour la stabilité de notre exploitation. » En participant à des marchés et en proposant des paniers locaux et colis, ils ont su fidéliser une clientèle qui apprécie leur approche transparente et sincère.
Cet engagement envers la vente directe permet aussi de maintenir une taille d’exploitation à leur mesure. « Nous avons trouvé un rythme de croisière qui nous convient, avec un bon équilibre et une fidélité de nos clients, » ajoute Camille. Ce souci de préserver une certaine échelle à taille humaine rejoint la philosophie de Bernard Trassoudaine, qui tient aussi à rester dans un format d'exploitation familial.


Bernard Trassoudaine : La Diversité et la Pédagogie


Bernard Trassoudaine, agriculteur corrézien depuis 2004 du Verger de Reygade, est spécialisé dans les pommes et dans la viande de vache en circuit court. Ayant repris un verger avec une orientation initiale vers la vente directe, il a continué et développé cette activité au fil des années. « Nous participons aux marchés de pays, vendons en colis et avons une boutique pour que les clients puissent commander et récupérer leur jus de pomme, » précise-t-il.
Pour Bernard, le circuit court n’est pas seulement un modèle économique : c’est aussi une opportunité de sensibiliser et d’informer les consommateurs. « Bien sûr, il faut faire un peu de pédagogie auprès du consommateur, mais cela est très bien reçu. Expliquer les prix, les variétés de pommes et la saisonnalité, c’est essentiel, » affirme-t-il.
Ce lien pédagogique avec les clients rejoint l’approche de Camille et de Romain, qui voient dans le circuit court un moyen d'établir un lien de confiance. Pour Bernard, cette relation de transparence est fondamentale : « Travailler en circuit court, c’est aussi créer un rapport de confiance avec le consommateur et être moins dépendant des cours. Cela demande une organisation minutieuse, mais c’est gratifiant. »


Romain Prodel : La Diversification et l’Indépendance


À Lubersac, Romain Prodel, qui s'est installé en tant que céréalier en avril 2023, a choisi dès le départ de vendre en circuit court. Il produit différentes sortes de céréales ainsi que de l’huile, qu’il vend directement à ses clients. « C’est beaucoup de travail, mais les prix obtenus en direct sont plus valorisants que ceux des coopératives, » confie-t-il. Travailler en circuit court lui permet de maîtriser sa chaîne de production tout en se rapprochant de ses clients : il démarche des restaurateurs, des collectivités et des boutiques pour diversifier ses points de vente. « J’espère pouvoir recruter à terme pour m’aider à gérer cette activité, » ajoute-t-il. « Le circuit court, c’est du travail, mais cela répond aussi à une demande croissante de produits de qualité. »
Romain met également en avant l'importance de l'innovation dans ses pratiques agricoles. « En diversifiant mes points de vente, je peux mieux répondre aux besoins spécifiques de chaque segment de clientèle, ce qui renforce la résilience de mon exploitation face aux aléas économiques. »
Comme Camille, Romain privilégie la stabilité et l’indépendance que lui offre le circuit court, mais il voit aussi dans cette démarche un moyen de valoriser son travail, un enjeu essentiel pour beaucoup d’agriculteurs aujourd’hui.
Malgré leurs parcours et productions différentes, Camille, Romain et Bernard partagent une vision commune : celle d'une agriculture locale et résiliente, où les producteurs sont en contact direct avec les consommateurs. En Corrèze, le circuit court leur permet d’offrir des produits de qualité, de valoriser leur travail et de renforcer l'ancrage local de leurs exploitations. Cependant, il faut noter que ces agriculteurs continuent également de travailler avec des circuits plus classiques, car cela reste nécessaire pour écouler leur production de manière stable et à plus grande échelle.
Comme le résume Bernard, « Le circuit court, c'est beaucoup de travail, mais c'est une fierté. » Les circuits courts représentent un modèle qui, bien que demandant en temps et en énergie, ouvre d’autres perspectives complémentaires pour l’avenir de l’agriculture locale.

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