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Les campagnols et les prairies sensibles au coeur de la visite de Florent Guhl

Jeudi 23 novembre, le directeur de la Draaf Occitanie, Florent Guhl, est venu en Lozère pour participer à un comité de pilotage départemental sur les campagnols, en présence des acteurs de territoire et des syndicats agricoles. L'après-midi sur le causse de Sauveterre, il a évoqué avec les agriculteurs la problématique des prairies sensibles.

Réuni le matin en comité de pilotage, autour du préfet de Lozère Philippe Castanet et de la présidente de la chambre d'agriculture, Christine Valentin, Florent Guhl a pu écouter les idées des acteurs de territoire pour la lutte contre le campagnol. Si le Sidam a fait un point sur la recherche sur le campagnol et différentes pistes prometteuses, la Fredon Occitanie a explicité la problématique posée par ces petits rongeurs. « Plusieurs départements sont concernés », a tenu à rappeler la Fredon Occitanie, et si la Lozère n'est pas un cas particulier, les cycles d'infestation (d'une durée de cinq à six ans) des campagnols qui se raccourcissent inquiètent autant les professionnels que les agriculteurs.

Le campagnol, un prédateur des prairies
« Le campagnol vit sous terre et mange les racines charnues des plantes, pouvant détruire une prairie, en profitant notamment des galeries creusées par les taupes », a rappelé la Fredon. Ce rongeur a des cycles de reproduction très rapides, « engendrant ces phénomènes explosifs » pour les agriculteurs. Au plus haut des pics de pullulation, près de 1 000 campagnols à l'hectare ont été dénombrés dans les parcelles infestées. « L'intelligence collective peut aider à diminuer la pression », a souligné Florent Guhl, « si tous les agriculteurs s'attaquent au problème, et notamment en phase de basse intensité », moment où la lutte est la plus efficace. Pour tenter de suivre l'évolution des infestations, la Fredon Occitanie est en train de mettre en place des observateurs de terrain, qui peuvent tout autant être les agriculteurs que les agents de terrain, sur les territoires concernés. Ces observateurs ont des « balises », implantées par la Fredon, et autour desquelles ils transmettent leurs données. En Lozère, 21 observateurs volontaires sont en place depuis début 2023, et la Fredon Occitanie souhaiterait en recruter une trentaine de plus. « En 2021 et 2022, on a observé des pics de pullulation sur l'Aubrac et en Margeride ». Et l'automne 2023, craint la Fredon Occitanie, ne devrait pas apporter de bonnes nouvelles. Quant aux dégâts entraînés par ces petits animaux, ils sont multiples : perte de rendement, baisse de la quantité et de la qualité de fourrages, et enfin une perte économique. « En un an, on estime que les agriculteurs touchés ont des pertes qui se chiffrent aux alentours de 15 000 à 20 000 euros ». Sans compter le coût engendré pour le travail de régénération des prairies, et le coût de la lutte, qui peut vite devenir chronophage.

Expérimentation en cours dans le nord Aveyron

Accompagnée par le PNR de l'Aubrac et appuyée par divers soutiens, la Cuma de Sainte-Geneviève-Cantoin mène une expérimentation de lutte contre ce ravageur, dont les premiers résultats ont été présentés vendredi 17 novembre. Réunis sur une parcelle de Guillaume Raynal, vice-président de la Cuma de Sainte-Geneviève-Cantoin, les acteurs de l'expérimentation ont expliqué le dispositif accompagnant les éleveurs dans la lutte contre ce ravageur des prairies, grâce à l'embauche d'un piégeur intervenant sur différentes parcelles.

Un piégeage collectif et coordonné
« Certains éleveurs dont les parcelles étaient très impactées ont récolté deux tiers d'herbe en moins du fait de l'infestation des rats », témoigne Laurent Lemmet, adhérent à la Cuma de Sainte-Geneviève-Cantoin et partie prenante dans cette expérimentation. Le PNR de l'Aubrac s'est associé à cette réflexion de lutte et a pu mobiliser des fonds du dispositif Biodiversité de la Région Occitanie, en concertation avec les organisations professionnelles agricoles et qui ont permis à la Cuma de Sainte-Geneviève-Cantoin d'embaucher, à plein temps, un piégeur.
L'expérimentation a pu démarrer en septembre 2022, pour une durée de trois ans. Finalement, 19 exploitations adhérentes à la Cuma de Sainte-Geneviève-Cantoin adhèrent à ce service de piégeage qui concerne autour de 2 000 hectares. Après 12 mois d'expérimentation, les résultats sont plutôt encourageants. Entre septembre et décembre 2022, jusqu'à 130 individus (taupes et campagnols) ont été piégés par hectare. En début d'année, le piégeage a été tout aussi efficace même si sur 2023, la pullulation a été stoppée, peut-être consécutivement à la sécheresse de l'été précédent. Mais le piégeur est resté très actif sur les taupes qui se chargent du creusement des galeries, dont profitent ensuite les campagnols. Et en cette fin d'année, le piégeage est ciblé sur les colonies de campagnols de nouveau actives, repérées grâce à la surveillance des parcelles.
Jean Valadier, membre du bureau du PNR Aubrac, a rappelé que « depuis 30 ans, les campagnols pullulent, détruisent nos prairies, fragilisent nos ressources, je pense aussi à l'impact sur l'eau. La lutte contre le campagnol terrestre est à mon sens, une question d'intérêt général ou pour le moins de santé publique ». Il espère d'ailleurs initier d'autres groupes d'agriculteurs à cette expérimentation. « Nous avons candidaté au fonds vert de l'État pour accompagner la création d'un deuxième collectif d'agriculteurs dans un autre secteur de l'Aubrac », a avancé Jean Valadier. « Si les prestations de piégeage ainsi que les pièges peuvent être financés, la Cuma pourra pérenniser son service Campagnol », espèrent les responsables de la Cuma.

Eva DZ

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