« Les agriculteurs attendent du concret sur le prix »
Des états généraux de l’alimentation, Patrick Bénézit, secrétaire général adjoint de la FNSEA n’en attend pas la structuration d’un énième observatoire ou groupe de travail, mais bien des mesures concrètes en faveur des prix, pour que cesse enfin la spirale de vente à perte des producteurs.
Les États généraux de l’agriculture se sont ouverts jeudi dernier, dans un contexte encore très tendu pour le monde agricole. Qu’en espérez-vous ?
La situation est enfin plus que tendue puisque les derniers comptes de l’agriculture montrent que la moitié des agriculteurs dégagent moins de 450 euros pour vivre. Il y a donc urgence à renverser la balance en redonnant de la valeur aux productions agricoles et à la faire remonter dans les cours de ferme. Aucune production ne couvre ses coûts de production. L’observatoire des prix et des marges l’a encore une fois démontré cette année. Nous ne pouvons plus continuer comme cela, au risque de sérieusement hypothéquer l’avenir de l’agriculture française.
L’un des premiers sujets des États généraux porte sur la création et la répartition de valeur. Un sujet dont s’est emparé la FNSEA depuis plusieurs mois, en travaillant sur un mécanisme de construction logique du prix, partant du producteur pour aller vers le consommateur. Comment avancer sur ce sujet central ?
Le sujet abordé doit bel et bien être celui de la valeur ramenée au monde agricole. C’est la priorité des priorités, dont l’aboutissement peut se faire de manière rapide et efficace. Par exemple, à travers la LME, il y a des choses à entreprendre pour respecter les coûts de production, des mesures très concrètes sont envisageables pour encadrer les promotions, et les seuils de revente à perte. Sur le droit de la concurrence, aussi, le Gouvernement a des latitudes. Demain, les producteurs devront pouvoir s’organiser entre eux sans être soupçonnés de fomenter un dangereux cartel. Tous les leviers pour ramener de la valeur ajoutée aux agriculteurs doivent être actionnés.
Ce sentiment est-il partagé au sein des filières ?
Les intérêts des uns, ne sont pas forcément ceux des autres. Mais une chose est sûre, le secteur de l’alimentation est interdépendant. Autrement dit, si le premier maillon de la chaîne que sont les agriculteurs, ne gagne pas sa vie, c’est l’économie globale du secteur qui est mise en péril. Avec des conséquences directes sur les approvisionnements, sur la compétitivité et une dépendance accrue envers d’autres pays. Ce qui se joue dans le cadre des États généraux de l’alimentation est non seulement important, mais doit être partagé. Nous attendons du Gouvernement qu’il prenne les mesures nécessaires et rapidement.