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Les agriculteurs attendent de retrouver confiance en l’Europe

FNSEA et JA travaillent depuis longtemps pour une Politique agricole commune forte avec des moyens renforcés face aux enjeux économiques, géopolitiques et climatiques. Yannick Fialip vice-président de la FNSEA, en charge du dossier PAC, fait un point sur les grands dossiers sur lesquels FNSEA et JA se penchent pour l'après 2027.

FNSEA et JA veulent une PAC ambitieuse qui doit faire de la souveraineté agricole et alimentaire un enjeu stratégique pour les prochaines années.
© FNSEA/JA

JA et la FNSEA sont profondément convaincus du rôle et de l’importance de l’Union européenne. Sans Europe forte, l’agriculture française ne pourrait pas être compétitive et s’imposer dans un marché aujourd’hui totalement mondialisé. La Politique Agricole Commune (PAC), politique fondatrice de l’Union européenne, doit rester une priorité et voir ses moyens renforcés, car une agriculture européenne forte est une des réponses aux enjeux économiques, géopolitiques et climatiques.  
 

Des acquis pour 2023/2027 

C'est pourquoi, FNSEA et JA se battent pour maintenir une PAC soutien des agricultrices et agriculteurs européens. Pour la période 2023/2027 le budget total de l’Europe alloué à la PAC est de 264 milliards (mds) d’euros, soit 53 mds/an ; budget (hors inflation) maintenu grâce à la pression syndicale. FNSEA et JA ont aussi obtenu une obligation pour l’ensemble des États membres de définir l’agriculteur actif et de consacrer au moins 3% des paiements directs aux jeunes agriculteurs. Leur action a également permis de rendre accessible au plus grand nombre les écorégimes, ou encore de rendre concret le droit à l’erreur. Des évolutions et des simplifications dans les règles de la PAC comme des avancées concrètes sur les prairies permanentes, sur l’obligation de jachères, et sur l’entretien des zones humides, ainsi que des mesures de sauvegarde face aux importations ukrainiennes, ont aussi été obtenues.
Et, au-delà de la PAC et des crises, le syndicalisme majoritaire a fait entendre la voix des agriculteurs notamment sur le projet de règlement européen sur l’utilisation durable des produits phytosanitaires dont ils ont obtenu l’abandon. Plus globalement FNSEA et JA rappellent que "le Green Deal ne doit pas opposer agriculture et transition". Par ailleurs, le paiement d’un acompte sur les aides au 16 octobre pour un montant plus important, depuis plusieurs années, est également le fruit d'un travail syndical.


Défendre le projet FNSEA/JA

Concerrnant le Dialogue Stratégique sur l’avenir de l’agriculture de l’UE, Aude Geiger, administratrice de Jeunes Agriculteurs souligne que "le rapport qui en est issu a permis de dégager des consensus et de mettre en lumière différents enjeux cruciaux : les actifs et le défi générationnel, la place des agriculteurs dans la chaîne de valeur, les besoins de financement". Franck Sander, vice-président de la FNSEA ajoute : "Nous avons cependant des réserves très fortes sur un certain nombre d’affirmations, concernant la consommation de viande par exemple. Aujourd’hui notre tâche est de proposer et de défendre notre propre projet et notre propre vision de l’agriculture, qui nous permettra d’orienter les discussions sur le budget et sur la PAC dans le bon sens".

Défiance des agriculteurs

FNSEA et JA ont identifié plusieurs raisons à la défiance des agriculteurs face à l’Europe. "Les retards de paiements de certaines aides sont une raison : aides à l’installation et aides à l’investissement notamment. Mais les agriculteurs ont aussi davantage de mal à accepter l’excès de normes européennes et le verdissement à marche forcée alors que dans le même temps nous importons des denrées qui ne respectent pas ces normes" selon Aude Geiger. "Les manifestations à travers toute l’Europe ont fait bouger les lignes. La Commission Européenne a répondu à notre besoin de simplification, en permettant à toutes les régions de sortir des contraintes sur les prairies permanentes dès 2024 ou encore par la suppression des 4% de jachères obligatoires" reconnait Franck Sander. Mais pour lui, "il faut aller plus loin !". Il regrette que "la PAC, tout comme l’ensemble des normes adoptées par l’Union européenne, vont trop souvent dans le sens de la contrainte et de la lourdeur administrative. La technocratie et la surcharge de normes doivent cesser. Il faut redonner de la confiance aux agriculteurs et alléger les procédures et les contraintes".

Souveraineté agricole et alimentaire

"L’Union européenne doit faire de la souveraineté agricole et alimentaire un enjeu stratégique pour les prochaines années" expriment les 2 syndicats. "Cela passe par le développement de sa capacité à produire. Il faut concrètement se doter des moyens de production adéquats et assurer la rémunération des producteurs". Pour les cinq prochaines années, FNSEA et JA attendent des inflexions majeures : le Parlement européen et les autres Institutions doivent tirer les leçons, d’une part de la bipolarisation contreproductive du débat entre agriculture et environnement, et d’autre part de la crise profonde du monde agricole. L’objectif des Institutions européennes doit être également de créer des conditions favorables au renouvellement générationnel, alors que la moitié des agriculteurs français seront à la retraite en 2030. "C’est dans ces conditions que l’Europe agricole retrouvera ambition et perspectives".

"Nous avons un projet de Politique Agricole Commune de production"

Quels sont les grands axes de travail sur lesquels FNSEA et JA travaillent quant à la Politique Agricole Commune ?
Yannick Fialip : Premier sujet, un budget. Il faut que l'Europe se dote d'un vrai budget pour la politique agricole, considérant que soutenir son agriculture, c'est soutenir son alimentation européenne, à la fois en qualité et en quantité suffisante pour l'ensemble des Européens. C'est ça le vrai sujet.

Pour vous, qu'est-ce qu'une vraie politique agricole européenne ?
Y.F. : On avait une PAC économique, il y a 20 ou 30 ans, qui s'est transformée en PAC environnementale, et là, on commence à nous parler d'une PAC sociale qui serait davantage distribuée aux actifs, sachant qu'il n'y a pas au niveau européen une définition unique du statut d'actif… Si on fait une PAC juste sur une entrée sociale, il risque d'y avoir une fuite des fonds vers les pays de l'Est. Il faut donc être attentif sur ce sujet, de manière à ce que la France ne contribue pas à soutenir une agriculture de double activité dans des pays peu productifs.
C'est pour cela que nous avons un projet de Politique Agricole Commune de production. On le dit souvent, il faut que l'Europe réarme son outil de production agricole. Je dis bien réarmer parce que c'est une arme de guerre, une arme stratégique d'influence dans le monde. 


Quel est le message du syndicalisme majoritaire pour la prochaine PAC ?
Y.F. : Dans le cadre du débat au niveau français, on voudrait une politique qui soutienne l'élevage et la production. Il va falloir débattre car on voit bien que sur certains territoires la politique agricole est détournée vers une politique patrimoniale des terres, on sort donc de la fonction de production. Ça nous interroge car on a besoin de donner du sens au métier pour des jeunes qui veulent s'installer, de consolider nos filières agroalimentaires et de permettre aux consommateurs de manger français. 
Il faudra peut-être aussi remettre en place des instruments de gestion de marchés, parce qu'avec les aléas climatiques, les tensions sur les marchés mondiaux, les conflits internationaux, les problèmes sanitaires… ne plus avoir de tels outils c'est gênant. Il faut peut-être réinventer une politique de gestion de marchés, un sujet prégnant de la prochaine PAC. Nous voulons une vraie politique qui soutienne la production agricole.
 

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