“Le Vignoble” : le bien nommé lieu-dit de Montmurat où il va faire renaître le vin
Passionné par la vigne, un quadragénaire envisage de faire renaître un vin produit à Montmurat et, dans ce cadre, lance une souscription via un financement participatif.
En cette période de vœux, celui à formuler à Sébastien Lavaurs est une évidence : “Pleine réussite pour le vignoble de Montmurat !”(1) Plus qu’un rêve, le projet est lancé. Quelques ceps sauvés, de nombreux autres plantés, des formations suivies et surtout, une volonté de fer de livrer les premières bouteilles de vin rouge issues de Montmurat, petit village du canton de Maurs, à 400 m d’altitude, aux confins du Lot, qui bénéficie d’un climat particulièrement doux. Pourtant, rien ne semblait prédestiner ce dynamique quadragénaire à cultiver un jour la vigne. “J’ai fait mes études dans le domaine de l’aéronautique ; je suis aujourd’hui contrôleur à l’usine Ratier de Figeac, après avoir exercé des métiers dans le domaine du bois ou de l’informatique”, explique cet originaire d’Aurillac. Montmurat, c’est pour lui un vrai coup de cœur. La vigne aussi. Même si Sébastien Lavaurs avait en lui les germes de la passion, c’est Michel Latapie, son beau-père, qui lui a véritablement transmis l’intérêt de la culture viticole et du travail vigneron. “Il avait déjà quelques pieds de vigne, sur un demi-hectare, pour une production familiale. Je venais régulièrement aider. C’est lorsque mes beaux-parents ont pris tous les deux leur retraite d’agriculteurs(2), fin 2016, qu’on a décidé de garder cette parcelle et des bâtiments qui seront aménagés en caveau et lieu de dégustation”, précise-t-il, avant de révéler son projet.
En attendant les premières vendanges
“Ici, au lieu-dit Le Vignoble de Montmurat, on peut supposer que chaque famille avait son lopin de terre pour faire son propre vin : il y avait ici de la vigne partout, jusqu’au début du siècle dernier, avant que le phylloxéra détruise tout ou presque. Je n’ai naturellement pas l’ambition de tout refaire, mais bien de relancer une production locale, la plus naturelle possible, tournée vers le bio et la biodynamie ; sans aucun produit chimique, seulement avec des traitements à base de plantes. J’ai pour partenaire un pépiniériste de Dordogne qui prépare des solutions toutes prêtes à base de décoction d’ortie, de prêle, de consoude...” Car la vigne est fragile. Pour mettre tous les atouts de son côté, Sébastien Lavaurs a fait procéder à des analyses de sol et a été conseillé sur des porte-greffes les mieux adaptés. En avril 2016, il a planté du tannât et en avril 2017, du cabernet franc et du cabernet sauvignon : 8 000 pieds, palissage, etc. “Avec des amis et la famille, on a été plus vite ; on avait installé une grande table au milieu des vignes pour casser la croûte”, se souvient-il dans un sourire. Ce sont au total, 4 ha de vigne qui, à l’avenir, pourront encore s’étendre sur deux autres hectares. Déjà, le compte à rebours est lancé : trois ans pour entrer en production, plus une année de vinification. Soit une première vendange en 2020 pour des premières bouteilles livrées en 2021. “Le cépage hybride, qui était déjà en place sur l’ancienne parcelle, pourrait être réservé à une production de ratafia, l’apéritif local”, confie encore le nouveau viticulteur. Pour mener à bien cette première tranche, il s’est équipé de matériel d’occasion : un tracteur vigneron et un outil intercep. “Comme son nom l’indique, il permet de désherber entre les rangs, mais aussi entre les ceps”, précise-t-il. Tout en conservant son emploi salarié, Sébastien Lavaurs a acquis parallèlement le statut d’agriculteur. S’il n’a pas pu bénéficier d’une dotation jeune agriculteur (DJA), il a en revanche pu profiter d’aides à la plantation (Europe, État, Région et Département) et sollicitera de nouvelles subventions quand sonnera l’heure d’aménager un bâtiment. Côté formation, il était encore début décembre au lycée agricole de Cahors pour se perfectionner à la taille de la vigne et prévoit d’en suivre d’autres dans le domaine de la vinification, dont les bases lui ont été fournies par son beau-père.
Tout le monde peut aider à ce renouveau
La totalité de son projet de relance du vignoble sur Montmurat s’élève à 140 000 €. Une somme rondelette - sans retour immédiat sur investissement - qui a nécessité un emprunt contracté auprès du Crédit agricole. C’est la banque verte qui lui a soumis l’idée de faire également appel à un financement participatif pour poursuivre son développement et la plantation de nouvelles vignes. “Le principe, c’est de faire un don en échange d’une contrepartie, en se rendant sur miimosa.com, le site réservé aux financements participatifs de projets agricoles. Pour percevoir les dons, il faut atteindre avant le 25 janvier au moins 60 % de l’objectif de 7 000 €. Nous en sommes à 40 % à ce jour (NDLR : voir le détail en encadré). Et si la collecte de fonds dépasse cet objectif, j’envisage de m’équiper d’un atomiseur pour traiter la vigne avec les préparations à base de plantes.” Les premières bouteilles devraient être mises en vente autour de 8 €, sur les marchés ou sur l’exploitation, lors de salons ou auprès de cavistes locaux, de supérettes bio... On devrait aussi les trouver sur la table de quelques restaurateurs. Dans un second temps, le vin de Montmurat devrait être décliné en blanc. Reste une inconnue : le nom à apposer sur l’étiquette. Le regard pétillant de Sébastien Lavaurs laisse entendre qu’il est déjà trouvé... mais que le secret sera encore un peu gardé.
(1) Du vin est également produit dans le Cantal à Vieillevie et Massiac.
(2) Une exploitation bovine - laitière, puis allaitante - dont les terres ont été louées et le cheptel vendu.
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