Le saut dans l’inconnu pour la filière lait
La fin des quotas d’ici quelques jours ne sera pas la seule inconnue de 2015 pour la filière lait. C’est le constat qui a été fait par les membres de l’Association Laitière Limousine, réunis en assemblée générale le 12 mars dernier.
Vingt jours avant la fin des quotas laitiers, les membres de l’ALL se sont réunis autour de leur nouvelle présidente Geneviève Barat. Ensemble, ils ont fait le bilan de 2013 et 2014 avant d’évoquer les nombreux changements auxquels la filière devra faire face en 2015. Durant ces vingt-quatre derniers mois, le recul des prix des matières premières (blé, pétrole, tourteau de soja, etc.) s’est poursuivi, avec pour conséquence une légère amélioration des revenus attendue sur 2014. Au niveau mondial, la demande est toujours soutenue et la collecte progresse dans les principaux pays exportateurs. Une information qu’il faut accueillir avec prudence pour la présidente de l’ALL. « La croissance de la demande mondiale est à prendre avec précaution, souligne Geneviève Barat. Entre la macro-économie et les conséquences sur les exploitations limousines, il y a un effet retard important ». À l’opposé, la collecte se tasse au niveau européen, de même que les prix. En Limousin, avec 160 millions de litres, la production s’est légèrement redressée en 2014 ; un retour à l’équilibre après le recul de 2013. Les prix sont en baisse depuis la fin d’année. Du côté du lait de chèvre, les producteurs fromagers prennent le pas sur les producteurs laitiers (65 contre 56). Après la crise de 2011, la production est désormais maîtrisée et les prix plus élevés. Le code mutuel caprin, équivalent de la charte des bonnes pratiques d’élevage en production bovin lait et viande sera revu en 2015. Parmi les autres nouveautés de l’année, la plus marquante sera bien évidemment la sortie des quotas dont les conséquences ont été largement abordées lors de l’assemblée générale. L’inquiétude est grande sur les prix à venir. « Certains échos voudraient que la chute des prix soit moins forte que prévue, indique la présidente de l’ALL. Malgré tout, si on ne fait pas un minimum de stockage, je ne vois pas trop quelle méthode nous permettra de limiter la baisse... » Les travaux menés en matière de contractualisation et les outils d’observation mis en place au niveau européen ont toutefois préparé la profession à passer le cap. Le nouveau découpage des régions pose aussi question aux membres de l’ALL. Pour Didier Bayer, ancien président de l’ALL, l’association, déjà à cheval sur deux bassins laitiers et désormais aussi sur deux régions administratives, va devoir s’interroger sur son positionnement. Enfin, la fin des contrats de progrès, remplacés par les contrats d’action collective constitue la dernière inconnue du moment. Si les objectifs à poursuivre sont connus1, le cahier des charges permettant de répondre aux appels à projets ne l’est pas encore. Il est attendu pour la fin mars et les contrats devraient être rédigés au cours du premier semestre.
* organisation des filières, double performance économique et environnementale, attractivité des métiers.