Le Pinot en voit de toutes les couleurs
Les pieds de vigne utilisés en viticulture sont obtenus en multipliant une plante mère par greffage. Pour un cépage donné, tous les individus sont identiques… ou presque.
Il peut se produire des événements spontanés dans le génome de certaines plantes, conduisant à des individus différents. Ce sont ces phénomènes que les chercheurs de l’Inra ont étudié, et plus spécifiquement ceux conduisant à la diversité de couleur de la baie de la famille des Pinots (noir, gris ou blanc). Ils montrent pour la première fois que des échanges de chromosomes de grande ampleur peuvent entraîner la perte de la synthèse des pigments rouges, les anthocyanes, responsables de la couleur des baies. On peut ainsi comprendre comment à partir d’un Pinot noir produisant des baies noires peuvent apparaître des pieds de Pinot gris et de Pinot blanc. En 2004, les chercheurs de l’Inra de Colmar ont montré que le génome de l’épiderme du grain de raisin pouvait présenter des différences avec celui de l’intérieur de la baie : c’est une chimère naturelle. Le caractère gris du Pinot est dû à l’association d’un épiderme de Pinot noir autour de cellules internes devenues Pinot blanc par mutations génétiques spontanées survenues naturellement. Ils ont également prouvé que la mutation pouvait être propagée à l’ensemble de la plante par une invasion de la couche épidermique colorée par les cellules internes mutées. Les chercheurs ont poursuivi leurs travaux pour identifier plus finement les mécanismes moléculaires conduisant à la perte de la couleur des baies. L’analyse génétique des descendances d’autofécondations a été déterminante pour asseoir leurs résultats.
La suite dans le Réveil Lozère, page 10, édition du 30 avril 2015.