Retraites agricoles
"Le manque d´équité est insupportable"
Retraites agricoles
Si, dans leur grande majorité, ils observent de loin les mouvements sociaux actuels, les agriculteurs n´en sont pas moins attentifs au projet de réforme des retraites. Car les retraites agricoles restent parmi les plus basses, rappelle la FDSEA, qui plaide pour plus d´équité.
"Ce qui nous choque le plus, c´est que finalement tous les Français ne sont pas égaux devant la retraite", commente Patrick Escure, président de la FDSEA.350 euros par mois en moyenneDans le Cantal, explique-t-il, les retraités agricoles perçoivent en moyenne 350 euros par mois, jusqu´à 547 euros pour une carrière complète, alors que la moyenne des pensions de retraite versées aux Français, toutes catégories professionnelles confondues, est de 1 100 euros par mois !"Autrement dit, un retraité agricole cantalien touche en moyenne trois fois moins qu´un retraité normal", remarque le président de la FDSEA, en convenant que la retraite complémentaire obligatoire (RCO), une vieille revendication qui a abouti cette année seulement, permet de combler un peu le retard pris par l´agriculture en ce domaine. Elle représente en moyenne 75 euros par mois. "Mais seulement 3 455 retraités en bénéficient et, parmi eux, seuls 845 profitent du maximum de 89 euros", s´empresse-t-il d´ajouter, jugeant le système perfectible."Etre traités comme tout le monde"Dans ce contexte, une réforme qui tendrait à aplanir les inégalités n´est pas pour déplaire à la FDSEA. D´autant que le gouvernement a promis de porter toutes les pensions de retraite à un minimum de 85 % du Smic. "Nous nous battions depuis des années pour obtenir 75 % du Smic. Maintenant, nous demandons à être traités comme tout le monde, sur la base de 85 %", indique Patrick Escure.Dans ces conditions, un allongement de la durée des cotisations (de 37,5 ans actuellement à 40 ans en 2008) lui paraît acceptable, pour peu qu´on règle le problème des agriculteurs qui ont commencé à travailler avant leur majorité. "En effet, dans la réalité, s´ils doivent cumuler 37,5 ans de cotisations, comme ils ne peuvent pas partir en retraite avant 60 ans, les agriculteurs travaillent nettement plus longtemps". Le syndicalisme attend aussi que le gouvernement tienne ses promesses sur la mensualisation du versement des pensions (qui s´effectue encore de manière trimestrielle, excepté pour la RCO, versée mensuellement).Réformer pour plus d´équité"Si nous n´avons pas suivi le mouvement de protestation, c´est parce que les paysans ont conscience qu´une réforme est nécessaire pour sauver le système des retraites par répartition qui repose sur la solidarité entre générations", ajoute le président de la FDSEA. "Nous comprenons que certains veuillent s´accrocher à des avantages acquis, mais il me semble que ça devient une attitude un peu égoïste dans une situation où on voit bien qu´on est au bout d´un système", poursuit-il. Les agriculteurs, qui savent bien que leur régime compte en moyenne en France un actif pour trois retraités, sont en tout cas prêts de leur côté à faire un effort sur la durée des cotisations, laisse-t-il entendre."Il serait mal venu de notre part de dire que nous sommes hostiles à l´action syndicale", reprend Michel Combes, secrétaire général de la FDSEA. "Pour autant, il y a des limites : prendre des jeunes en otage, ça ne se fait pas ; prendre du matériel de l´Etat pour aller barrer les routes, ça ne se fait pas non plus", dit-il.Pour plus d´informations, consultez L´Union agricole et rurale du 14 juin 2003.