Le « cœur de gamme » pour redonner du souffle aux producteurs
Réunis pour la première fois, la semaine dernière à Aubière, les professionnels de la section régionale bovine Auvergne-Rhône-Alpes ont redit l’urgence de mieux valoriser les races à viande en GMS.
Créer de la valeur pour les éleveurs et pour les consommateurs. C’est le pari ambitieux de la démarche « cœur de gamme » initiée par la Fédération nationale bovine.
« Aujourd’hui, la viande bovine commercialisée en GMS¹ ne fait pas l’objet d’une distinction claire entre races laitières et allaitantes. L’enjeu est donc de remettre en avant les races à viande, en particulier la charolaise, pour regagner de la valeur », a résumé François Garrivier, éleveur dans le Loire et président de la section régionale bovine de Rhône-Alpes, lors d’une réunion organisée conjointement avec les éleveurs auvergnats, mardi dernier à Aubière, dans le Puy-de-Dôme.
1 euro de plus sur les carcasses
La défense du « cœur de gamme » constitue donc l’un des premiers cheval de bataille de la section régionale bovine Auvergne-Rhône-Alpes, nouvellement constituée.
Les négociations en cours menées au niveau national sont plutôt encourageantes comme l’a souligné, Patrick Bénézit, éleveur dans le Cantal et président de la section bovine Auvergne : « Dans le cadre des négociations directes entre la FNB et les patrons des grandes enseignes, le PDG de Système U, Serge Papin et le président de la FNB Jean-Pierre Fleury ont officialisé un premier engagement dans le cœur de gamme. Une première signature loin d’être anodine, puisque Sytème U s’est engagé à mettre un euro de plus sur les carcasses qui rentreront dans le cœur de gamme ».
Juste rémunération
Les responsables professionnels veulent croire à un effet boule de neige et militent pour l’engagement prochain d’autres enseignes : « Il faut désormais faire avancer tous les autres, en particulier Leclerc et Carrefour. Si demain Carrefour s’engage, ce sont toutes les enseignes qui basculeront automatiquement », a martelé Patrick Bénézit.
Avec le cœur de gamme, le maillon « producteur » joue une de ses cartes maîtresses pour en finir avec cette réalité implacable : il est depuis des années l’unique variable d’ajustement.
« La valeur générée par le cœur de gamme doit permettre la rémunération des éleveurs sur la base de l’intégration des coûts de production et de la rémunération de leur travail », a expliqué François Garrivier.
Pour la GMS, faire le pari de la valorisation de la viande paraît un objectif tout à fait tenable au regard des données fournies dernièrement par l’observatoire des prix et des marges.
On y apprend ainsi qu’en 2015, alors que le chiffre d’affaire des productions animales et végétales a baissé de 2,4 %, les GMS ont augmenté les prix à la consommation de 0,5 %.
Un schéma intenable pour les producteurs que ce soit à court, moyen ou long terme. Il est par ailleurs de plus en plus critiqué par les consommateurs qui sentent bien que la défense de leur pouvoir d’achat par bon nombre de magasins est un argument fallacieux.
Contribuer à la juste rémunération des éleveurs par leur acte d’achat constitue une volonté de plus en plus clairement affichée par les consommateurs. Les professionnels font le pari qu’avec le cœur de gamme, cette ambition peut dépasser la sphère restreinte des circuits courts et qu’un modèle vertueux peut s’imposer à grande échelle.
1. La GMS représente 54 % du marché de la vache allaitante en France.