Le chargeur télescopique : le couteau suisse des exploitations
Le chargeur télescopique est passé en 20 ans d’un simple engin de manutention à un véritable valet de ferme qui sait tout faire, pour peu qu’il dispose de puissance et d’équipements.
Avec 3 427 unités vendues en 2017, contre 4 009 en 2016, le marché du télescopique n’a pas la même variabilité d’une année sur l’autre que celui du tracteur. Sur les 10 premiers mois de l’année 2018, 2 556 machines ont déjà été vendues au niveau national. Ce marché est en effet moins impacté que le marché du tracteur en cas de crise de telle ou telle filière, cela pour plusieurs raisons. D’abord parce que c’est un marché plus réduit, sept à huit fois moins de ventes en numéraire que pour le marché global du tracteur.
C’est aussi un marché de niche, plutôt réservé aux élevages de grande taille ou aux silos pour la manutention du grain, et enfin, ce sont de machines qui tournent beaucoup, souvent plus de 1 000 heures par an. Ce faisant, l’utilisateur aura intérêt à renouveler sa machine plus souvent qu’un tracteur, autour de 5 000 à 6 000 heures, s’il ne veut pas arriver dans les problèmes mécaniques en même temps qu’un delta prix du neuf / prix de reprise dissuasif.
Les éleveurs, le cœur de cible du marché
À partir de 60 vaches, la manutention devient à ce point importante dans l’exploitation : foin, paille, ensilage, fumier… que la question d’un télescopique devient prégnante. Cette catégorie d’éleveur est déjà dans un marché de renouvellement depuis plusieurs années.
Pour Jérôme Badon, de la société Framatec Rhône-Alpes, qui distribue Manitou sur la région : «Pour un premier équipement, la plupart de nos clients commencent par une machine d’occasion que nos ateliers ont révisée. Dans presque tous les cas, c’est l’assurance de vendre un neuf trois à cinq ans plus tard. En quelques années les performances de nos machines ont considérablement évolué : puissance moteur, transmission power-shift, débit hydraulique, avec le prix aussi... Il faut compter aujourd’hui environ 60 000 euros pour un modèle de 3,5 t de capacité de levage avec une portée de 6 mètres, 70 000 € pour une machine de 130 chevaux, 7 mètres équipée d’un godet-grappin… Pour nous, le marché agricole est plus stable que celui du bâtiment ou de l’industrie qui peuvent quelquefois rester des années sans investir. Ils ont aussi plus souvent recours à la location qu’un agriculteur, ce qui gèle un peu plus encore nos ventes…».
Bien formater sa machine avant d’investir
De l’utilisation qu’en fera l’agriculteur dépendra la définition d’un télescopique. La puissance moteur sera plus ou moins importante si le télescopique tracte une remorque ou s’il reste à la ferme. Dans le premier cas, il vaudra mieux une puissance supérieure à 100-110 chevaux, là où dans une cour de ferme un simple 80 chevaux suffit largement.
Il en est de même pour la transmission. L’utilisateur aura le choix entre une transmission hydrostatique comparable à celle d’un automoteur de récolte ou une transmission mécanique à plusieurs vitesses et convertisseur de couple. Cette dernière est plus adaptée au transport d’autant que depuis quelques années ces transmissions mécaniques sont équipées d’un doubleur power-shift, ce qui permet d’obtenir jusqu’à 6 ou 8 vitesses.
Plus récemment, certains constructeurs proposent une transmission dite à «variation continue». Il faudra compter environ 8 000 euros de plus pour configurer sa machine en «vario».
Le débit hydraulique et la puissance sont deux autres composantes à prendre en compte dans le choix de sa machine. Si l’utilisateur veut synchroniser ses mouvements sans perdre du temps ou sans trop utiliser du régime moteur, il faudra un débit d’au moins 100 litres d’huile par minute. Les machines les plus performantes sont données pour des débits supérieurs à 170 litres par minute. D’autres options sont aussi proposées sur le marché du télescopique, telles que le relevage arrière, ou encore la prise de force arrière, comme chez Merlo.
Quant au confort, il est une composante de plus en plus recherchée par les utilisateurs tels que le siège pneumatique, la climatisation de la cabine ou la suspension oléopneumatique de la flèche et encore de la cabine. Ce sont d’ailleurs de moins en moins des options, elles font dorénavant partie des livrées. Outre le confort qu’elles procurent, pour des utilisateurs qui peuvent passer plus de 1 000 heures par an dans leurs machines, elles seront également des éléments de plus-value au moment de la reprise.
Bien choisir ses équipements pour être satisfait
Une machine seule n’est rien et l’utilisateur devra bien choisir son équipement pour être pleinement satisfait de son télescopique. L’équipement de base sera bien sûr le godet-grappin avec joues démontables qui permet la plupart des usages : désilage, fumier, sable, céréales…
Pour plus de polyvalence de sa machine, l’utilisateur pourra aussi compter sur des fourches spécifiques avec griffes pour la manutention des balles rondes ou carrées, des pinces pour l’enrubannage, des fourches palettes, des godets grands volumes, plus de 2 m3 pour les céréales, des godets dessileurs, des godets mélangeurs…
Ainsi, le télescopique sera outil polyvalent, multi-services, un véritable couteau suisse, pourrait-on dire ! Investir dans un chariot télescopique, c’est gagner en productivité et parfois se libérer d’un tracteur avec fourche. Dans certains élevages où la main-d’œuvre est limitante, l’introduction d’un matériel de manutention peut permettre à l’agriculteur de gagner de précieuses minutes chaque jour ; faites le compte sur une année, voire sur toute la période d’amortissement…