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Le champ de développement de la gentiane

Témoignage de Philippe Peythieu, gentianaïre et chef d’entreprise, qui a su diversifier sa gamme pour servir plusieurs marchés. Visite guidée, dans les Monts du Cantal.

Philippe Peythieu récolte de la racine fraîche, il en fait sécher et la conditionne aussi concassée et même en poudre.
Philippe Peythieu récolte de la racine fraîche, il en fait sécher et la conditionne aussi concassée et même en poudre.
© UC

Elles ponctuent de jaune les immensités des prairies naturelles d’altitude. Les gentianes sont particulièrement abondantes cette année, apparaissant même là où on les croyaient disparues. De quoi faire le bonheur des gentianaïres, les ramasseurs de l’emblématique racine. “Emblématique et identitaire”, corrige l’un d’eux, Philippe Peythieu. Gentiane-Négoce, sa société “d’arrachage traditionnel et raisonné”, est basée à Milhac, un petit village sur la commune du Monteil. Il fait partie des cinq professionnels(1) répertoriés dans tout le Massif central.

“Mais on pourrait aussi dire les cinq en France, et même au monde”, s’amuse-t-il, qualifiant nos montagnes “d’unique grenier mondial de la gentiane”. Alors, comme l’indique le nom de son entreprise, il pratique le commerce et parfois bien au-delà de nos frontières. Il l’a fondée en 2014, prenant la suite de Serge Chabaud qui avait créé Artense-Gentiane. Avec lui, il travaillé un an avant de s’installer. “C’est un métier qui ne s’apprend ni à l’école, ni dans les livres, ça s’initie.”

La définition de la saison

Transmission réussie, puisqu’après un véritable changement de vie (Philippe Peythieu était auparavant conducteur de tourisme), il est devenu un spécialiste passionné au service de l’économie d’un territoire. Malgré les difficultés à recruter, ce sont 26 personnes qui travaillent pour lui : 18 prestataires indépendants, 2 embauches à l’année, directement salariées par l’entreprise et 6 autres, saisonniers. Mais au fait, qu’est-ce que la saison de la gentiane ? “Le début de saison, c’est la plante qui le décide. Et la fin de saison, c’est la neige qui en décide”, résume d’une formule le gentianaïre. Globalement, de début mai pour les années précoces, 20 mai pour les plus tardives, jusqu’à la mi-novembre. Le terrain de prédilection : tous les monts du Cantal, autour du Sancy et une partie de l’Aubrac.

Ce sont des terrains privés ou des biens sectionnaux, communaux. En échange, un prix est négocié au kilo ou la tonne. Parfois, ce sont des forfaits, sur des montagnes entières. Chaque année, la récolte atteint en moyenne 300 tonnes.

Séchoirs

Une production qui part dans des dépôts au Monteil, mais aussi dans le secteur de Bort-les-Orgues, ou encore sécher en pleine nature, dans le Puy-de-Dôme. Aujourd’hui, Philippe Peythieu nourrit un projet. Celui d’un bâtiment à Riom-ès-Montagnes, capable d’abriter son matériel et de sécher les précieuses racines.

(1) Trois pratiquent le négoce auprès de gros  acheteurs (comme Philippe Peythieu) et deux sont transformateurs.

La difficulté à recruter des arracheurs

Arracher de la gentiane ? “Les Français ne veulent plus faire ça”, lâche Philippe Peythieu. La pénibilité fait moins peur à des ouvriers originaires du Maghreb, marocains ou algériens. Ils sont aussi parfois roumains. “Malgré les annonces répétées sur Pôle emploi, ceux qui se présentent tiennent rarement plus de trois jours”, constate le chef d’entreprise, lui-même régulièrement à la manoeuvre derrière la fourche.

Mécanisation

Pourtant, en échange de ce travail physique, les ouvriers sont plutôt bien lotis. “Dans l’Aubrac, mes ouvriers travaillent 35 heures par semaine, sont rémunérés 1 400 € nets, sont logés dans un gîte et un 4x4 est fourni pour se rendre sur place”... En outre, la moitié des

Un chef d’entreprise qui met la main à la fourche. équipes travaillent désormais avec une mini-pelle. Le professionnel devine que l’avenir du métier passera par ce type de mécanisation. “Elle est équipée d’une fourche à deux dents, comme celles que l’on connaît, de chenillettes en caoutchouc et on rebouche les trous.” Car la gentiane, c’est fragile. De la graine à la racine mâture, il faut 25 ans. Et entre deux arrachages, il faut compter 15 ans. Le produit sera d’autant plus rare que Philippe Peythieu commence à voir arriver - et c’est nouveau - les premiers labours sur les plateaux d’altitude.

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