Démographie
Le Cantal à la croisée des chemins
Démographie
Le Conseil général et l’Insee Auvergne viennent de publier les résultats d’une étude prospective sur l’évolution de la population cantalienne à l’horizon 2030.
Le Cantal manque de jeunes...
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L'Union du Cantal
Le Cantal échappera-t-il au déclin démographique et à une désertification accrue ? Pour l’Insee, qui a réalisé en partenariat avec le Conseil général, une analyse de l’évolution de la population cantalienne depuis 1999 et un travail prospectif sur les scénarios possibles pour les décennies à venir, tout va dépendre de deux facteurs déterminants : la fécondité et la capacité du territoire cantalien à attirer des populations... jeunes. Rien n’est donc définitivement joué, comme l’expose La Lettre n°46 de l’Insee, document qui développe les différents facteurs et alternatives démographiques pour notre département. Malgré un a priori fréquemment relayé, le Cantal a en effet stabilisé le niveau de sa population. Estimée à 150 800 habitants en 2005, celle-ci n’a décru que de 0,02 % par an entre 1999 (année départ des projections démographiques régionales) et 2005 (année la plus récente en terme de résultats des enquêtes annuelles de recensement). La baisse de population qu’a enregistrée le département depuis le début des années soixante-dix, “est donc actuellement enrayée”.
Le Cantal attire, mais pas des jeunes
Une situation qui s’explique exclusivement par un net regain d’attractivité puisqu’on a assisté entre 1999 et 2005 à un excédent migratoire annuel de l’ordre de 0,32 % (soit près de 490 personnes de plus chaque année), qui place le Cantal au 48e rang des 96 départements de France métropolitaine pour son attractivité. Mais, selon l’Insee, cette bonne nouvelle est à nuancer. Non seulement le département continue d’accueillir quasi exclusivement des personnes proches de la retraite, mais, plus grave, il semble jouer aussi l’effet d’un repoussoir pour les jeunes âgés de 18 à 25 ans, accentuant ainsi le vieillissement de la population et le déficit naturel. Autre source d’inquiétude pour l’avenir : un taux de fécondité qui peine encore à décoller dans le Cantal. Même s’il progresse (+ 0,32 enfant par femme entre 1999 et 2005), il reste à un niveau nettement en dessous de la moyenne française : 1,77 enfant par femme cantalienne en 2005, contre 1,94 pour une femme française. Le Cantal s’inscrit de fait
à la traîne des départements auvergnats en matière de reprise des naissances avec un nombre de bébés nés en 2005 (1240) encore inférieur de 17 % à celui enregistré en 1985. L’Insee estime que ce niveau de fécondité est le levier majeur du devenir de l’effectif démographique du Cantal. De son évolution dépendra en effet celle du déficit naturel (excédents des décès sur les naissances), évalué en 2005 à 500 décès de plus que de naissances. Enfin, au chapitre des constats de La Lettre éditée fin novembre, celui du vieillissement de la population apparaît inéluctable : à l’échelle nationale comme régionale, mais plus encore dans le Cantal, dont il constitue une caractéristique persistante. La tendance naturelle à l’avancée en âge des générations nombreuses des Trente Glorieuses est ici accentuée par la faiblesse de la natalité, le départ des jeunes et l’arrivée de seniors. L’âge moyen d’un Cantalien (44,2 ans en 2005) est de ce fait plus élevé de 5,2 ans que celui d’un Français métropolitain, plaçant le Cantal au 6e rang des départements français “les plus âgés”, derrière la Dordogne, la Corrèze, le Gers, le Lot et la Creuse. Un constat pour le moins peu flatteur.
Infléchir les tendances
L’Insee s’est ensuite attelé à élaborer huit scénarios dont les variables sont : les migrations, la fécondité et l’espérance de vie (voir encadré). Variables dont les curseurs conduisent à décrire un tableau plus ou moins sombre pour l’avenir. Ainsi, le Cantal pourrait connaître une baisse de population comprise entre 3 et 13 % selon le niveau futur de son attractivité et surtout celui de sa natalité. Dans tous les cas (même le scénario le plus favorable), sa population est appelée à diminuer. Le scénario “central” prévoit une population de 133 800 Cantaliens à l’horizon 2030 (-11 % par rapport à 2005). Cependant, si fécondité et apports migratoires déclinaient, le Cantal perdrait plus de 19 600 habitants. Certains facteurs peuvent certes encore être influencés, mais quoi qu’il arrive, l’étude de l’Insee est affirmative sur des tendances de fonds. À commencer par le vieillissement de la population : avec un tiers de seniors en plus en 2030 selon le scénario central et 275 plus de 60 ans pour 100 jeunes de moins de 20 ans, le Cantal présenterait le ratio le plus important en France. Le nombre d’octogénaires sera lui aussi amené à progresser fortement d’ici là (+ 79 % pour les plus de 85 ans selon le scénario central). Une dégradation du déficit naturel est également prévisible de même qu’une diminution des effectifs scolarisables (de - 19 à - 27 %) et de la population active. Cette dernière subirait un recul deux fois plus fort que celui projeté au niveau régional, accentuant ainsi la pression des retraités sur les actifs (100 pour 86 en 2030). Ces projections constituent à l’évidence des indicateurs majeurs pour les décideurs du Cantal. Outre les actions engagées pour attirer de nouveaux arrivants, une politique incitative en faveur d’une plus forte natalité semble donc s’imposer. On imagine alors la nature des débats sur les moyens appropriés pour relancer cette fécondité... Un scénario qui prêterait à sourire, si la vitalité du Cantal ne passait pas par là.
Plus d'infos à lire cette semaine dans L'Union du Cantal.
Droits de reproduction et de diffusion réservés.
Le Cantal attire, mais pas des jeunes
Une situation qui s’explique exclusivement par un net regain d’attractivité puisqu’on a assisté entre 1999 et 2005 à un excédent migratoire annuel de l’ordre de 0,32 % (soit près de 490 personnes de plus chaque année), qui place le Cantal au 48e rang des 96 départements de France métropolitaine pour son attractivité. Mais, selon l’Insee, cette bonne nouvelle est à nuancer. Non seulement le département continue d’accueillir quasi exclusivement des personnes proches de la retraite, mais, plus grave, il semble jouer aussi l’effet d’un repoussoir pour les jeunes âgés de 18 à 25 ans, accentuant ainsi le vieillissement de la population et le déficit naturel. Autre source d’inquiétude pour l’avenir : un taux de fécondité qui peine encore à décoller dans le Cantal. Même s’il progresse (+ 0,32 enfant par femme entre 1999 et 2005), il reste à un niveau nettement en dessous de la moyenne française : 1,77 enfant par femme cantalienne en 2005, contre 1,94 pour une femme française. Le Cantal s’inscrit de fait
à la traîne des départements auvergnats en matière de reprise des naissances avec un nombre de bébés nés en 2005 (1240) encore inférieur de 17 % à celui enregistré en 1985. L’Insee estime que ce niveau de fécondité est le levier majeur du devenir de l’effectif démographique du Cantal. De son évolution dépendra en effet celle du déficit naturel (excédents des décès sur les naissances), évalué en 2005 à 500 décès de plus que de naissances. Enfin, au chapitre des constats de La Lettre éditée fin novembre, celui du vieillissement de la population apparaît inéluctable : à l’échelle nationale comme régionale, mais plus encore dans le Cantal, dont il constitue une caractéristique persistante. La tendance naturelle à l’avancée en âge des générations nombreuses des Trente Glorieuses est ici accentuée par la faiblesse de la natalité, le départ des jeunes et l’arrivée de seniors. L’âge moyen d’un Cantalien (44,2 ans en 2005) est de ce fait plus élevé de 5,2 ans que celui d’un Français métropolitain, plaçant le Cantal au 6e rang des départements français “les plus âgés”, derrière la Dordogne, la Corrèze, le Gers, le Lot et la Creuse. Un constat pour le moins peu flatteur.
Infléchir les tendances
L’Insee s’est ensuite attelé à élaborer huit scénarios dont les variables sont : les migrations, la fécondité et l’espérance de vie (voir encadré). Variables dont les curseurs conduisent à décrire un tableau plus ou moins sombre pour l’avenir. Ainsi, le Cantal pourrait connaître une baisse de population comprise entre 3 et 13 % selon le niveau futur de son attractivité et surtout celui de sa natalité. Dans tous les cas (même le scénario le plus favorable), sa population est appelée à diminuer. Le scénario “central” prévoit une population de 133 800 Cantaliens à l’horizon 2030 (-11 % par rapport à 2005). Cependant, si fécondité et apports migratoires déclinaient, le Cantal perdrait plus de 19 600 habitants. Certains facteurs peuvent certes encore être influencés, mais quoi qu’il arrive, l’étude de l’Insee est affirmative sur des tendances de fonds. À commencer par le vieillissement de la population : avec un tiers de seniors en plus en 2030 selon le scénario central et 275 plus de 60 ans pour 100 jeunes de moins de 20 ans, le Cantal présenterait le ratio le plus important en France. Le nombre d’octogénaires sera lui aussi amené à progresser fortement d’ici là (+ 79 % pour les plus de 85 ans selon le scénario central). Une dégradation du déficit naturel est également prévisible de même qu’une diminution des effectifs scolarisables (de - 19 à - 27 %) et de la population active. Cette dernière subirait un recul deux fois plus fort que celui projeté au niveau régional, accentuant ainsi la pression des retraités sur les actifs (100 pour 86 en 2030). Ces projections constituent à l’évidence des indicateurs majeurs pour les décideurs du Cantal. Outre les actions engagées pour attirer de nouveaux arrivants, une politique incitative en faveur d’une plus forte natalité semble donc s’imposer. On imagine alors la nature des débats sur les moyens appropriés pour relancer cette fécondité... Un scénario qui prêterait à sourire, si la vitalité du Cantal ne passait pas par là.
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