L’alimentation confinée à domicile, l’ornement à l’arrêt
Dans le secteur agricole, les mesures de lutte contre l’épidémie de coronavirus affectent principalement les horticulteurs et les pépiniéristes d’ornement, dont les principaux circuits de vente sont à l’arrêt. Pour les filières alimentaires, le grand changement réside dans le basculement de la restauration vers le domicile, ce qui incite les consommateurs à stocker davantage et bouleverse équilibres et circuits d’approvisionnement.
Contrairement à ce qui s’était passé en Chine à l’initiative de certaines autorités locales, la France semble réussir à lutter contre le coronavirus sans entraver significativement sa production agricole. Comme le commerce alimentaire ou les pharmacies, le commerce d’intrants agricoles (engrais, semences…) et d’agro-fournitures (machines agricoles) fait partie des activités exemptées de restrictions concernant l’accueil du public.
Même après l’annonce du confinement à domicile pour 15 jours, « il est, ce matin, confirmé que les activités agricoles ne sont pas concernées par [les] restrictions d’activités » liées à l’épidémie de coronavirus, affirmait la FNSEA dans un communiqué de presse le 17 mars. Une annonce qui fait suite à un « échange avec le ministre de l’Agriculture » le matin même.
« L’arrêté du 15 mars qui listait les activités autorisées n’est pas remis en question », avance le syndicat. « Les agriculteurs et leurs salariés pourront donc poursuivre leur activité, qui ne peut être réalisée en télétravail, à condition de respecter les gestes barrières » et « les formalités administratives nécessaires à la circulation des personnes ».
L’ornement stoppé « au top départ de la saison »
Pour autant, une filière est particulièrement touchée par ces restrictions : les plantes et fleurs d’ornement. Même si quelques établissements (supermarchés, jardineries/animaleries) restent encore ouverts au public, leur commerce est « de fait à l’arrêt », rapporte Julien Legrix, directeur de la FNPHP, la fédération nationale des horticulteurs et pépiniéristes (FNSEA), à Agra Presse le 17 mars.
L’épidémie arrive au plus mauvais moment pour ces productions car, après plusieurs semaines de mauvais temps, le weekend du 14-15 mars sonnait comme le « top départ de la saison », qui s’étale traditionnellement jusqu’à la fête des mères (7 juin cette année). Et la campagne de printemps représente en moyenne « 50 % du chiffre d’affaires » de l’année, rapporte Julien Legrix, voire « jusqu’à 75 % » pour certaines orientations techniques.
En production de fleurs, des destructions ont été commencées pour lancer de nouveaux cycles de production et se préparer à la reprise du commerce. Selon la FNPHP, la priorité de ces filières très pourvoyeuses de main-d’œuvre (5 à 6 ETP en moyenne par entreprise) reste « de continuer à produire » et de préserver notamment les plantes de cycle long, face à d’éventuels manques de main-d’œuvre.
Article à lire dans le Réveil Lozère n°1553, du 26 mars 2020, en page 8.