Lait > Intervention sur la production : “l’Europe doit aller plus loin”
Les membres de la section laitière de la FDSEA se sont réunis le 21 juillet pour faire le point sur la conjoncture et sur le nouveau plan de soutien présenté par la commission européenne.
Le 21 juillet les producteurs de lait de la section laitière de la FDSEA-JA ont fait un point sur l’actualité de leur production en situation de crise depuis maintenant un an et demi.Le 18 juillet dernier, le commissaire européen à l’agriculture a annoncé un nouveau plan de soutien pour le secteur laitier. Au cours de cette section laitière le président de la FDSEA, Yannick Fialip, a analysé la teneur et la portée de ce plan. Mais avant de décrire le plan proprement dit, il est revenu sur le contexte mondial et européen : “Contrairement aux Etats-Unis, en Europe, il n’y a aucune régulation de la production. Le contexte mondial n’est pas bon avec des marchés qui se sont tassés et des stocks de lait importants. L’Europe est le seul continent où la production de lait s’accroît ; même la Nouvelle Zélande a réduit sa production !”.Pour aider les producteurs de lait, la commission européenne a annoncé un plan d’aides à hauteur de 500 millions d’euros.
100 millions d’euros pour la France
“Sur ces 500 millions, un tiers (soit 150 millions) seront destinés à aider les organismes économiques (coopératives, entreprises privées...) qui décident de réduire leur production. Les deux tiers de l’enveloppe (soit 350 millions) seront distribués sous la forme d’une aide directe à chaque état membre” explique Eric Richard président de la section laitière. Avec le cofinancement national, la France devrait pouvoir compter sur une aide directe de 100 millions d’euros. D’après les calculs de la profession agricole, cette aide devrait représenter environ 2000 euros par producteur ; jugée insuffisante eu égard aux pertes cumulées par les exploitations depuis plus d’un an, Yannick Fialip concède : “cette aide fera tout de même du bien aux trésoreries”.“L’Europe va dégager 500 millions d’euros pour gérer un problème qu’elle a créé, notamment en supprimant les quotas, incitant ainsi certains pays à produire davantage” explique Yannick Fialip.Lors de cette réunion, les producteurs se sont montrés contrariés par l’attitude de certains pays d’Europe du Nord qui, en pleine crise du lait, continuent d’accroître leur production.Jean-Yves Ayel, président de l’OP Bongrain, dénonce l’absence d’harmonisation entre les pays européens notamment en matière de plafond d’azote épandable : “Alors qu’en France le plafond est fixé à 170 kg/ha épandable, certains pays comme l’Irlande peuvent aller jusqu’à 300 kg/ha. Les contraintes ne sont pas les mêmes partout !”.A travers son second plan de soutien, “l’Europe commence à intervenir sur la production, mais il faut qu’elle aille encore plus loin” souligne yannick Fialip. Alors que les trésoreries des exploitations laitières sont dans le rouge, le président de la FDSEA prédit un automne “chaud” d’autant que certains maillons de la filière ne semblent pas vraiment enclins à aider le premier maillon de la chaîne !La profession agricole avait obtenu des GMS le maintien de ses prix d’achat auprès des industriels. Or, il semblerait que les retours (de prix) aux producteurs n’aient pas été effectués dans leur totalité !
Travailler sur le “manger local”
Selon le président de la FDSEA il faut à présent travailler sur le “manger local” en incitant les collectivités à intégrer davantage de produits locaux dans leurs restaurants collectifs et cantines.L’introduction de produits locaux dans les cantines induira forcément une légère hausse du prix du repas. Et pour éviter aux consommateurs d’avoir à faire des choix entre des produits alimentaires de qualité et d’autres achats, la FDSEA propose de lier une partie des aides sociales à l’alimentation, comme cela se pratique en matière de logement.Si la conjoncture laitière est mauvaise à l’heure actuelle, celle-ci devrait s’améliorer en 2017 à la faveur d’une reprise des cours mondiaux du lait. “Toutefois, il y a beaucoup de stocks de lait et la grande incertitude réside dans l’évolution de la production européenne” tempère Yannick Fialip.
Véronique Gruber