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Manifestation
« Laissez-nous protéger nos troupeaux ! »

Le 10 août dernier, les syndicats agricoles se rendaient à Lempdes (63), sous les fenêtres de l’OFB, pour appuyer les demandes de la profession concernant le prochain plan Loup.

De la laine, répandue sur les grilles et fourrée dans la boîte aux lettres de l'OFB, a permis aux éleveurs de faire passer leur message.
De la laine, répandue sur les grilles et fourrée dans la boîte aux lettres de l'OFB, a permis aux éleveurs de faire passer leur message.
© Léa Durif

À la veille du plan Loup 2024-2029, la Fédération départementale ovine du Puy-de-Dôme (FDO), la FNSEA 63 et les Jeunes Agriculteurs 63 se mobilisaient lors d’une manifestation organisée devant l’antenne régionale de l’Office française de la biodiversité (OFB), à Lempdes. « Restés sourds jusqu'à présent face à la détresse des éleveurs, la situation actuelle devient invivable et nous attendons des réponses concrètes pour la mise en place d'un réel plan de sauvegarde de l'élevage » pouvait-on lire sur la page Facebook de la FNSEA 63, quelques jours avant l’évènement. « Cette manifestation fait suite au Comité national loup du 4 juillet dernier, durant lequel l'OFB déclarait une diminution du nombre de loups par rapport à l'année antécédente », explique Richard Randanne, président de la fédération départementale ovine (FDO 63). Cette affirmation avait provoqué un tollé général du côté des éleveurs, qui dénonçaient une incohérence flagrante entre le comptage annoncé et l'augmentation du nombre d'attaques sur le territoire.

Dégâts collatéraux

La profession agricole estime que les mesures de protection des troupeaux sont largement insuffisantes face à la réalité du terrain, de plus en plus occupé par le loup. « Nous demandons un plan de sauvegarde de l'élevage qui permette aux éleveurs d’agir préventivement, avant que les attaques de loup sur les troupeaux n’aient eu lieu ; et non après coup comme c’est le cas aujourd’hui » déclarent les syndicats dans un communiqué. En plus des animaux tués ou blessés, ces attaques ont des conséquences sur le long terme, tant d'un point de vue psychologique qu'économique. Un des effets du stress post-traumatique vécu par les bêtes est la succession d’avortements spontanés, qui mettent en danger la survie économique des exploitations touchées.

Propositions d’arbitrage

« Le loup ne doit plus être considéré comme une espèce en voie de disparition, son seuil de viabilité, estimé par les scientifiques à 500, étant largement dépassé ». La profession agricole exige donc « un arbitrage politique en faveur des demandes portées par le CAF loup* ». Parmi les propositions avancées, on retrouve : la simplification des règles actuelles de gestion du loup en fusionnant les tirs de défense simples et renforcés ; la suppression du plafond de prélèvement de 19% ; l’autorisation, pour les éleveurs et chasseurs ayant suivi une formation, d’utiliser des armes dotées de lunettes à visée nocturne sans obligation préalable d’éclairage du loup.
« C'est une action qui, j'espère, nous permettra d'avoir davantage de moyens de protection pour nos troupeaux, et des estimations d'effectif de loups plus précises, afin que nous nos bêtes puissent encore pâturer demain » confie Henri Ferret, membre des JA 63 et éleveur ovin fraîchement installé dans le département, présent lors du rassemblement.

Dépôts de laine

Une image valant mille mots, les manifestants ont décidé de décorer les grilles de l'OFB, pour symboliser les corps des brebis tuées par le prédateur, et toutes les conséquences qui s’ensuivent. « C’est aujourd’hui les éleveurs qui pratiquent le pastoralisme qui sont menacés d’extinction, métier dont le renouvellement des générations pose déjà énormément question (…) Sans agriculture, le tourisme est largement condamné dans de nombreux territoires ruraux et la sécurité des habitants compromise (incendies, avalanches) » souligne le CAF loup.
Au-delà de symboliser les corps des victimes, « la laine est un produit qui n'est plus valorisé depuis le COVID. Nous la stockons depuis trois ans sur nos exploitations, sans pouvoir rien en faire, pour des raisons sanitaires. Ce matériau noble n'est même pas considéré comme un détritus, puisqu'il est interdit de le déposer en déchetterie », ajoute Richard Randanne.
 

* Le CAF Loup réunit la FNSEA, JA, les chambres d’agriculture, et les associations spécialisées d’éleveurs ovins (FNO), bovins (FNB) et équins (FNC).

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