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L’absence de réciprocité inquiète les professionnels agricoles européens

Différences entre les normes sanitaires et phytosanitaires, absence de traçabilité, différences de coût de production, prix tirés vers le bas, fragilisation des secteurs sensibles. Autant de facteurs de déstabilisation qui préoccupent les professionnels européens.

L’écart entre les normes sanitaires et phytosanitaires imposées dans l’UE et dans les pays du Mercosur, dans la perspective de la ratification de l’accord signé entre les deux blocs, inquiète les professionnels auditionnés le 18 novembre à Bruxelles par les eurodéputés de la commission de l’Agriculture. L’audition portait sur « la durabilité de l’agriculture européenne au regard de l’impact potentiel sur le marché de l’accord sur le Mercosur ». Les professionnels ont tous souligné « l’inacceptable » absence de réciprocité à la fois en termes de normes, mais aussi concernant la traçabilité de la viande bovine et de volaille en particulier.
« Ce “deux poids, deux mesures” est dangereux, car il engendre de sérieux désavantages concurrentiels pour nos éleveurs et agriculteurs en pressant les prix de vente vers le bas », souligne Isabella Timm-Guri, directrice du département de la production et de la commercialisation de l’Association des agriculteurs bavarois. Elle ajoute que « les exigences européennes en termes de normes engendrent un coût important pour les agriculteurs européens. Par exemple, ces derniers doivent apporter la preuve qu’ils disposent des compétences nécessaires ou d’une personne compétente qui est en charge de l’utilisation et de la dispersion des phytosanitaires et pesticides. Dans les pays du Mercosur, aucune règle stricte n’existe sur l’interdiction de certains pesticides, sur l’utilisation des antibiotiques ou encore sur les accélérateurs de croissance. »
Sur ces différences criantes en termes de normes, l’eurodéputée Anne Sander (démocrate-chrétienne) se demande : « Comment s’assurer que ces normes sont bien respectées dans les pays du Mercosur ? ». Et Jérémy Decerle (centriste) appelle de son côté à « une protection et des contrôles plus sérieux et productifs ».Cela pose aussi la question de la traçabilité, surtout après le scandale de la viande avariée brésilienne en août 2018. Les professionnels auditionnés par les eurodéputés ont été unanimes pour dire que les fraudes et le rejet des viandes brésiliennes démontrent sans équivoque les difficultés des autorités brésiliennes à respecter les exigences européennes, notamment en termes de traçabilité et de contrôle des mouvements. Sur ces sujets, Pekka Pesonen, secrétaire général du Copa-Cogeca, s’interroge sur « les garanties que peut apporter la Commission européenne pour éviter de graves perturbations sur le marché de l’UE au regard des différences importantes en termes de normes et de traçabilité ». À cette fin, il indique que « le fonds d’un milliard d’euros proposé par la Commission est une bonne chose pour lutter efficacement contre toute déstabilisation inopportune du marché. »

 

Suite de l'article à lire dans le Réveil Lozère n°1536, du 28 novembre 2019, en page 10.

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