La transmission des fermes vue par les agriculteurs
Jeudi 18 janvier, le ciné-théâtre de Saint-Chély-d’Apcher a organisé une soirée débat autour du documentaire La ferme des Bertrand et de la transmission.
Jeudi 18 janvier, le ciné-théâtre de Saint-Chély-d’Apcher a organisé une soirée débat autour du documentaire La ferme des Bertrand et de la transmission.
Pour animer le débat, deux techniciennes de la chambre d’agriculture, Lucie Bertrand et Marie Charreyron, accompagnées de deux agriculteurs, Élodie Joubert, élue chambre, et William Vieilledent. Les deux ont pu témoigner de leurs propres transmissions d’exploitations entre générations.
Le documentaire, dont la sortie est prévue pour le 31 janvier, était donc une avant-première. Une soirée particulière à laquelle ont assisté plus d’une cinquantaine de spectateurs, et qui ont ensuite discuté « pendant près d’une heure », avec les intervenants, au cours d’un débat riche.
La ferme des Bertrand de Gilles Perret retrace 50 ans dans la vie d’une ferme. Haute Savoie, 1972 : la ferme des Bertrand, exploitation laitière d’une centaine de bêtes tenue par trois frères célibataires, est filmée pour la première fois. En voisin, le réalisateur Gilles Perret leur consacre en 1997 son premier film, alors que les trois agriculteurs sont en train de transmettre la ferme à leur neveu Patrick et sa femme Hélène. 25 ans plus tard, le réalisateur-voisin reprend la caméra pour accompagner Hélène qui, à son tour, va passer la main. À travers la parole et les gestes des personnes qui se sont succédé, le film dévoile des parcours de vie bouleversants où travail et transmission occupent une place centrale : une histoire à la fois intime, sociale et économique du monde paysan.
Ce documentaire a eu pour premier mérite de mettre tous les intervenants d’accord : « un très beau film, dans lequel on se retrouve, on retrouve nos expériences », explique William Vieilledent. Ce dernier, au sein du Gaec de Chibassade, a connu une transmission similaire puisque la ferme de ses grands-parents est ensuite passée entre les mains de sa maman, avant qu’elle ne revienne à la nouvelle génération dont il fait partie.
Pour Lucie Bertrand, conseillère d’entreprise et transmission, ce film qui parle avant tout de parcours de vies, est aussi un bon support pour parler de la transmission des exploitations. « Parce qu’on transmet un capital, mais on transmet aussi des savoirs et des savoir-faire ». Ce ciné-débat a par ailleurs été l’occasion pour la conseillère de présenter les chiffres de la transmission en Lozère, et de faire toucher du doigt cet épineux problème au grand public. « Si le renouvellement des générations est un problème d’actualité, on sent que le grand public n’est pas au fait de ce sujet ».
Une ferme aux systèmes diversifiés
Si au début de leur histoire, la famille Vieilledent était « à 100 % en vaches allaitantes », ils essaient depuis plusieurs années de diversifier leurs activités, tout en diminuant le troupeau allaitant Aubrac : ajout d’un atelier de poules pondeuses pour la maison Delcros en 2021 ; en 2024, rebelote sur la diminution des vaches allaitantes, et « on a un projet de rentrer au sein de la coopérative Jeune montagne à Laguiole », en accueillant un troupeau d’une quarantaine de Simmental.
Si les Aubrac ne disparaissent pas complètement, puisqu’ils fournissent quelques BFA durant l’année, « nous sommes à la recherche de productions liées un peu plus directement au consommateur. On trouve que la filière des broutards n’est pas très intéressante ni valorisante », note William Vieilledent. Une recherche de sens du travail agricole qui se retrouve aussi dans le parcours de la famille Bertrand, montrée à travers l’œil curieux du réalisateur Gilles Perret, voisin des Bertrand en Haute-Savoie depuis sa plus tendre enfance, et qui a suivi l’évolution de la ferme, qui dans les années 1970 était tenue par les trois frères Bertrand, qui l’ont ensuite transmise aux générations d’après. « Les trois frères ont eu conscience qu’ils devaient agir en fonction des générations qui allaient leur succéder. Cette conscience-là s’est transmise », note Gilles Perret, qui retrouve cette attention au futur dans la nouvelle génération d’exploitants qui arrive sur la ferme.