Charges
La situation commence à se tendre dans les exploitations
Depuis septembre 2020, les agriculteurs assistent à une véritable envolée de leurs charges. Le point sur la situation
avec Cerfrance Haute-Loire.
Depuis septembre 2020, les agriculteurs assistent à une véritable envolée de leurs charges. Le point sur la situation
avec Cerfrance Haute-Loire.
La hausse des prix des matières premières impacte les postes de charges des exploitations agricoles. Alimentation animale, engrais, énergie mais aussi bâtiments agricoles, matériels agricoles, tous les prix sont revus à la hausse depuis septembre 2020, date à laquelle l'indice du prix d'achat des moyens de production agricole a commencé son envolée.
En s'appuyant sur la hausse de l'indice IPAMPA de 3 postes incontournables, Cerfrance Alliance Massif-Central, dans ses brèves de conjoncture de septembre 2021, évalue la hausse des charges (entre janvier et juillet 2021) à +21% pour l'engrais, +19% pour le carburant et à +7% concernant les aliments pour animaux.
"Si les agriculteurs sont directement concernés par l'augmentation des prix des carburants et des engrais, ils ne sont encore à ce jour que partiellement impactés par la hausse des tarifs de l'aliment en raison de la signature de contrats d'achat. C'est lorsque ces derniers vont arriver à échéance que les mauvaises surprises vont arriver" indique Alain Souveton, conseiller de gestion chez Cerfrance Haute-Loire.
Causes multifactorielles
Alors comment expliquer cette envolée des charges ? D'après le conseiller de gestion, les causes seraient multifactorielles. "La flambée du prix de l'énergie par exemple agit à la fois sur le prix des carburants et des engrais. La hausse du prix du baril a entraîné dans son sillage les cours des engrais. Ainsi de septembre 2020 à septembre 2021, les prix des engrais azotés (+99%), du phosphate (+128%) et de la potasse (+91%) sont en forte hausse. Certaines entreprises cessent la production d'engrais car cela coûte trop cher à produire. Cette pénurie fait grimper les prix". Des causes politiques sont également à l'origine de l'augmentation du prix du carburant.
Quant à l'aliment, Alain Souveton avance plusieurs explications : "de mauvaises récoltes (maïs) cette année, une demande très dynamique de la part de la Chine, des restrictions d'exportation dans certains pays comme la Russie ou l'Argentine pour limiter l'inflation et la baisse du dollar qui rend les importations plus chères".
L’envolée du prix des matières premières agricoles impacte toutes les exploitations mais certaines se montrent plus sensibles que d'autres. "Les productions agricoles qui sont les plus touchées sont les productions hors sol (porcs, volailles...) et certains éleveurs (ovins, caprins) car ces systèmes-là ont recours à l'achat de quantité d'aliments et parallèlement n'ont pas de marge de manœuvre pour pallier cette hausse".
Les éleveurs sont évidemment très impactés mais ils ne le sont pas tous à la même hauteur selon la conduite de leur exploitation. "Plus les fermes sont intensives, plus elles sont touchées par la hausse des charges". Contrairement à 2019, année de sécheresse qui a conduit les éleveurs à acheter du fourrage, 2021 a permis de récolter de bonnes quantités d'herbe même si la qualité n'était pas toujours optimale. Les trésoreries des exploitations n'ont heureusement pas eu à faire face à ce type d'aléas.
Surveiller ses coûts de production
Dans ce contexte, les agriculteurs essayent de s'adapter : "Certains vont décider de réduire leurs achats d'aliments quitte à produire un peu moins tandis que d'autres vont avoir recours à des produits de substitution moins coûteux (la luzerne pour remplacer le tourteau)" indique le conseiller. Toutefois, si les agriculteurs disposent d'une marge de manœuvre sur l'alimentation animale, le carburant reste une charge incompressible ! Enfin face à la pénurie d'engrais, "les exploitants agricoles risquent d'avoir moins recours aux engrais et ainsi de faire quelques impasses sur l'azote". Durant cette période, "Il faut surveiller ses coûts de production" conseille Alain Souveton qui annonce une situation toujours bloquée à la hausse pour l'année 2022. Toutefois, on peut rester optimiste car cela n'est pas la première fois que le monde agricole subit des hausses de charges. Ce fut le cas en 2009-10 et en 2017-18 et les prix sont ensuite redescendus. "Et d'une manière générale, sur la zone Auvergne-Lozère, nous avons des signes de stabilisation du revenu des agriculteurs pour la période 2021-2022" ajoute le conseiller.