La loi Égalim n'est pas respectée en GMS
Ce lundi, les enseignes de super et hypermarchés ont eu la visite dans leurs rayons laitiers de délégations FDSEA et Jeunes agriculteurs qui ont relevé des prix anormalement bas.
G éant casino, Aldi, Auchan, Leclerc... Lundi 19 avril, les grandes surfaces aurillacoises étaient visitées par des délégations de la FDSEA et des Jeunes agriculteurs du Cantal(1). L'objet : repérer et signaler au consommateur les produits laitiers abusivement bas, qui ne respectent pas la loi Égalim. "La FNPL a évalué pour quatre types de produits - lait en brique demi-écrémé, yaourt nature, emmental râpé et camembert - le prix de vente minimum qui couvre les coûts de production et la rémunération de l'éleveur. Nous constatons que nous sommes encore très souvent en deçà", s'agace Jean-Paul Peyral, président de la section laitière de la FDSEA 15.
Des prix "hors la loi"
Premier magasin visité, une tête de gondole affiche que pour un pack de lait de grande marque acheté, le prix au litre ne dépasse pas 0,64 EUR. C'est dix centimes d'euros de moins que le minimum qui garantit une juste rémunération à tous les maillons de la filière. Dans les rangs des manifestants, on se doute où se situe le tour de passe-passe : "Le producteur a toujours été traité comme la barrière d'ajustement !" Mais cette fois, c'est "hors la loi". À l'heure où certains transformateurs commencent à appliquer Égalim, la distribution, en raison de ses moyens de pression auprès des industriels, est autant dans le viseur que les transformateurs qui ne s'y sont pas encore pliés. Voilà ce que les producteurs de lait veulent faire savoir au plus grand nombre. Derrière les stickers "Prix hors la loi Égalim" ou "#EGA tolérance zéro" qu'ils collent sur chaque produit ne répondant pas aux justes critères de rémunération, on peut y voir, outre l'information livrée au consommateur, un appel à choisir un autre produit. Parmi les surprises du jour, les briques marquées "J'aime le lait d'ici" à un prix défiant toute concurrence (fabrication Orlait détenue majoritairement par Sodiaal) et dont, en outre, l'appellation commerciale induit carrément le consommateur en erreur.
Les prix anormalement bas sont d'autant plus révoltants, selon les syndicats, que seulement quelques centimes de plus sur le ticket de caisse se traduiraient rapidement en gain substantiel sur la feuille de paie des éleveurs laitiers.
Quelques centimes qui comptent
La FDSEA et les JA en apportent la démonstration : "Un centime de plus par yaourt nature, ce sont 96 EUR/ 1 000 l qui reviendraient à la filière." De la même manière, est calculée une hausse de 4 centimes par brique de lait générant 36 EUR ; 8 centimes par camembert rapporteraient 43 EUR ; 9 centimes par sachet de 250 g d'emmental râpé, 33 EUR de plus ; etc. "Il est tant de passer des paroles aux actes, nous devons ressentir les effets concrets de cette loi dès maintenant", plaident les délégations. Le peu de personnel rencontré assure comprendre le désarroi agricole... mais ne peut directement agir. Il s'engage toutefois à "faire remonter l'information".
L'autre sujet de préoccupation dont Jean-Paul Peyral a fait part à ses troupes, concerne la provenance de la matière première dans les préparations laitières. "Le Conseil d'État a donné raison à Lactalis et ne l'oblige pas étiqueter l'origine du lait utilisé dans ses produits", explique le responsable de la section laitière syndicale. "Bien qu'il se soit engagé à le faire quand même, nous venons vérifier la part de produits fabriqués avec une matière première dont on ignore la provenance."
Quid du "made in France" ?
Cette fois, la délégation dégaine d'autres autocollants : "Lait de nulle part". Et, une fois encore, bon nombre seront attribués à des produits transformés, notamment des desserts lactés et crèmes glacées, épinglées dans tous les magasins par Denis Boudou, secrétaire général des JA.
(1) Il était d'ores et déjà convenu que les GMS des sous-préfectures fassent l'objet de la même action prochainement.