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La liquidation de l'agriculture dénoncée à Bordeaux

Multiplication des normes, impasses agronomiques, distorsions de concurrence entre régions, la FNSEA Nouvelle-Aquitaine et JA Nouvelle-Aquitaine ont rassemblé des agriculteurs pour une grande manifestation à Bordeaux le 17 février contre une véritable liquidation de l'agriculture française et régionale.

Ils étaient près de 400 agriculteurs des quatre coins de la Nouvelle-Aquitaine à s'être donné rendez-vous à Bordeaux vendredi dernier. Avec eux, une trentaine de tracteurs qui ont débuté leur périple dès le pont Chaban-Delmas avant de rejoindre l'hôtel de Région. Sur les tracteurs, des banderoles sur lesquelles on pouvait lire les revendications des manifestants : « 70 % en dessous du SMIC », « agriculture = nourriture », ou encore « l'élevage français qu'on nous envie tant, bientôt du passé en Nouvelle-Aquitaine ». De nombreux sujet d'inquiétude sont en cause comme l'ont exprimé les responsables syndicaux sur la remorque podium devant les locaux du Conseil régional.
Sont évoquées, les interdictions sans solutions alternatives (malgré l'engagement du Président de la République à ce que cela ne se produise pas), la gestion de l'eau, les importations qui ne respectent pas nos standards de production, les normes franco-françaises qui entraînent des distorsions de concurrence avec les pays voisins, etc. « Aujourd'hui, on produit 1,2 million de litres de lait en Nouvelle-Aquitaine alors que la consommation est de 4 millions ! », indique un responsable départemental.
Au-delà de ces points précis, les agriculteurs présents ont dénoncé « une vision dogmatique de l'agriculture » et appelé à « une politique agricole structurante en Nouvelle-Aquitaine pour garder notre place de plus grande région agricole d'Europe ». En effet, depuis de nombreux mois, la FNSEA et JA Nouvelle-Aquitaine dénoncent une politique régionale moins favorable à l'agriculture que celle d'autres régions. Compte-tenu du Plan Stratégique Régional (PSR) proposé par la Région Nouvelle-Aquitaine dans le cadre de la PAC, des distorsions de concurrence sont à attendre avec notamment des plafonds d'aide pour les projets de modernisation des bâtiments d'élevage plus bas, un plan végétal environnement excluant tous ceux qui ne s'engageront pas vers le zéro phyto et des critères d'éligibilité très contraignants. Les responsables syndicaux pointent également du doigt la feuille de route Neo Terra de la Région dont « les orientations ne correspondent pas à la réalité du métier » même si les intentions sont louables.  Dans le détail, la sortie des pesticides de synthèse à l'horizon 2030 ne peut se faire qu'en présence de solutions alternatives qui demande du temps et des moyens. Sur les objectifs fixés de 80 % d'agriculteurs en bio ou démarche équivalente, la FNSEA NA rappelle que certaines filières sont déjà saturées et que forcer la production sans débouchés est suicidaire. « On peut produire en France, résume Cédric Tranquard, président de la FNSEA Nouvelle-Aquitaine, mais laissez-nous produire nos animaux dans des exploitations de taille suffisante pour nourrir un agriculteur, laissez-nous stocker l'eau ! »
La délégation a été reçue dans un premier temps par le chef de cabinet du préfet et Philippe de Guénin, directeur de la DRAAF et a abordé avec eux les Egalim, l'eau, la gestion des risques, les accords de libre-échange, ... « Ils ont entendu nos revendications et sont globalement d'accord. Nous attendons maintenant des actes », souligne Clément Courteix pour JA NA. Également reçue par Jean-Pierre Raynaud, vice-président de Région en charge de l'agriculture et par la directrice du service Agriculture en l'absence d'Alain Rousset, président de Région, la délégation a demandé à ce que FNSEA et JA NA soient associées aux travaux concernant les critères d'éco-socio-conditionnalité auxquelles sont conditionnées les aides régionales et d'une manière générale aux travaux sur l'orientation de Néo Terra. Un bilan du PSR devrait être fait au dernier trimestre 2023 avec la profession agricole pour évaluer si les critères d'accès permettent bien d'accompagner la majorité des agriculteurs.

Pourquoi y a-t-il autant d'agriculteurs de l'ex-Limousin dans les rues de Bordeaux ?

Ils sont venus en nombre. Sur la trentaine de tracteurs défilant dans les rues de Bordeaux, plus de vingt sont venus de Corrèze et dans le cortège de manifestants à pied, près de la moitié étaient corréziens, creusois et haut-viennois. En effet, « les agriculteurs de l'ex-Limousin se sentent abandonnés et lésés » comme l'indique Christian Arvis, président de la FDSEA de la Creuse « il y a une différence trop importante sur les aides entre la région Nouvelle-Aquitaine et sa voisine Auvergne-Rhône-Alpes, on va du simple au double ! Cela va entraîner une distorsion de concurrence importante entre confrères et c'est inacceptable ! La constitution française affirme que tous les Français doivent être traités équitablement, force est de constater que ce n'est pas le cas et que M. Rousset crée une inégalité entre agriculteurs. Son absence en dit long sur le respect qu'il porte à ceux qui nourrissent le pays ! »
Une pancarte accrochée à un tracteur résume les propos du président creusois « Wauquiez (président de la région Aura, ndlr) adopte-nous, Rousset (président dela région NA) ne veut plus de nous ».

Comment interpréter l'absence du président de la Région Nouvelle Aquitaine ?
Pour Séverine Bry, secrétaire générale de la FDSEA de la Creuse « l'absence de M. Rousset est un manque de respect envers toutes les agricultrices et tous les agriculteurs néo-aquitain. Je me demande même s'il veut toujours l'existence d'une agriculture dans sa Région. La Nouvelle-Aquitaine qui était jusque-là, la plus grande Région agricole va devenir quoi sans élevage ? Nous les éleveurs nous mourront à petit feu et il n'y a aucun signe positif pour nous donner envie de continuer notre métier ! On ne s'y retrouve pas dans cette région ! »

JG

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