Aller au contenu principal

“La gerle n’est pas seulement un élément du décor !”

L’Inra avait déjà démontré le rôle de la gerle dans le processus d’élaboration du salers. Il étudie maintenant au rôle protecteur du bois vis-à-vis des germes pathogènes.

L’Inra a lancé une expérimentation visant à démontrer le rôle protecteur de la gerle contre certains germes pathogènes.
L’Inra a lancé une expérimentation visant à démontrer le rôle protecteur de la gerle contre certains germes pathogènes.
© L'Union du Cantal
Lorsque les producteurs de fromages AOC salers ne rentrent pas dans les clous des normes sanitaires, l’administration leur refuse la dérogation qui leur permet d’utiliser la gerle en bois et leur retire de facto le droit de produire du fromage sous l’appellation salers. Est-ce à dire pour autant que la gerle serait la cause des problèmes sanitaires ? Non, semblent démontrer les travaux de l’unité de recherches fromagères de l’Inra d’Aurillac (Institut national de la recherche agronomique). Ses chercheurs ont déjà décrit le fonctionnement de cet ustensile, le plus souvent en bois de châtaignier, puis démontré qu’il jouait un rôle au niveau de la richesse et de la diversité sensorielle des fromages. L’Institut s’intéresse maintenant au rôle protecteur du bois vis-à-vis des contaminations pathogènes, sur la base d’observations qui montrent que la gerle serait un milieu hostile pour le fameux staphylococcus aureus.

Une véritable usine à ferments
“Pour moi, la gerle n’est pas qu’un élément du décor, mais un outil fonctionnel qui a un rôle à jouer dans le processus d’élaboration d’un fromage traditionnel”, souligne d’emblée Marie-Christine Montel, directrice de l’Inra d’Aurillac. Rôle démontré dès 1987 par Jean-Jacques Devoyod, alors directeur du laboratoire de recherches aurillacois. “La gerle n’est pas inerte, c’est une véritable usine à ferments si elle est bien faite”, souligne la microbiologiste. La préparation du récipient est en effet capitale : elle consiste à immerger la gerle dans du lactosérum régulièrement renouvelé. “Des micro-organismes (de type bactéries lactiques et levures essentiellement) vont alors s’implanter dans le bois et former un “biofilm”. Puis, à chaque fabrication, la gerle va restituer un peu de sa flore dans le lait qui, lui-même nourrit la gerle, tout comme le lactosérum utilisé ensuite à chaque lavage”, explique Mme Montel. Ce biofilm pourrait d’ailleurs avoir un effet bio-protecteur contre l’implantation de certains pathogènes, en particulier staphylococcus aureus, comme l’a montré une campagne d’observation chez dix producteurs, réalisée dans le cadre d’une étude visant à mettre au point des méthodes d’entretien et de décontamination de la gerle.

Le delta de la différence
Pour démontrer cet “effet barrière”, l’Inra a lancé une expérimentation : il va simuler des fabrications avec un lait fortement chargé en staphylocoques et en listéria puis analyser régulièrement le bois pour mesurer l’évolution de sa flore. Mme Montel espère pouvoir publier les résultats de cette étude en fin d’année. “Au coeur de tout ça, il y a le lait, qui doit être de bonne qualité. Car le bois restitue ce qu’on lui a donné, que ce soit bon ou parfois mauvais !”, précise la directrice du laboratoire. “L’utilisation de cet outil demande donc beaucoup de savoir-faire, mais je pense que les producteurs le possèdent bien, même si on leur a fait un peu per-dre confiance ces derniers temps”, ajoute-t-elle. Et de faire remarquer que, “si elle est bien entretenue, la gerle est un milieu stable”, si bien que, “lorsqu’il y a des problèmes, ils sont vite identifiés”. Marie-Christine Montel fait également état de résultats d’études qui ont mis en évidence le rôle des fermentations microbiennes au niveau de la richesse et la diversité sensorielle des fromages : “En transformant la matière première, les micro-organismes produisent divers composés aromatiques. Et, indéniablement, le subtil équilibre microbien de la gerle apporte un supplément de flore naturelle qui est une particularité et une originalité forte de cette AOC. Elle crée en quelque sorte le delta qui fait la différence”, plaide-t-elle.

Les plus lus

Gaec du Meyniel : du foin à l'abri par tous les temps

Cave d’affinage, séchage en grange... au Gaec du Meyniel à Crandelles, on a investi pour la qualité des fourrages, du lait et…

Trois hommes se tiennent debout
Passe de trois à la tête du RCAV

Jean-Vincent Gauzentes a souhaité s’entourer de deux coprésidents, Philippe Roques et Alexandre Vermeersch, pour structurer…

Groupe devant un nouveau aprc de contention
De l’eau à La Béliche ? Chiche !

Un collectif d’éleveurs a monté l’association d’estive de La Béliche, à Anglards-de-Salers, pour prétendre à des aides pour…

Vaches aubrac dans un pâturage de montagne
Le charbon refait parler de lui dans le Cantal

La préfecture du Cantal a confirmé un cas de fièvre charbonneuse sur une estive du Nord-Cantal tandis que sur la Margeride, c’…

Yoann Liaboeuf devant les deux robots de cette exploitation familiale.
"S'il n'y a plus de robot de traite, il n'y a plus de vaches sur la ferme !"

Au Gaec de l'Estrade, on n'hésite pas à faire appel aux nouvelles technologies pour limiter les astreintes quotidiennes des…

Les terres d'estives cantaliennes sont elles en danger ?

Propriétés rurales privées -  Une rave-party du côté de Clavières et un “squat” non autorisé au Fau... les terres…

Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 100€/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site Réussir lait
Profitez de l’ensemble des cotations de la filière Réussir lait
Consultez les revues Réussir lait au format numérique, sur tous les supports
Ne manquez aucune information grâce aux newsletters de la filière laitière