« La force de la FNSEA, c'est d'être un tout ! »
Arnaud Rousseau a été élu le nouveau président de la FNSEA le 13 avril, lors du 77e congrès de la FNSEA qui s'est tenu à Angers.
Vous venez d'être élu président de la FNSEA. Quelle est votre première réaction ?
Je tiens d'abord à remercier mes pairs de la confiance qu'ils m'accordent en me confiant la présidence pour les trois prochaines années. J'ai également une pensée pour ma famille, mon entourage et toutes celles et ceux qui m'ont accompagné depuis le début de mon engagement à la FOP et à la FDSEA 77. Je veux dire à tous que je mesure pleinement la grande responsabilité qui s'attache à ce mandat, que je prends à bras-le-corps avec conviction et humilité. Les adhérents peuvent compter sur moi pour dignement porter les intérêts de la FNSEA, faire entendre leur voix, et préparer l'avenir de notre agriculture dans toute sa diversité.
Est-ce pour vous un aboutissement ? Ou bien simplement une étape ?
Ni l'un, ni l'autre. C'est la poursuite de mon engagement pour ce métier que j'ai choisi, celui d'agriculteur. J'ai autour de moi une équipe solide, compétente et plurielle, à l'image de notre agriculture et de nos filières. J'ai pleine confiance dans le bureau et le conseil d'administration nouvellement élus, avec l'arrivée de nouveaux visages pour renouveler nos instances. Je sais aussi pouvoir m'appuyer sur un vaste réseau d'élus, au masculin et au féminin, et de collaborateurs engagés à nos côtés. Cette communauté de talents fait la richesse du réseau FNSEA, et je compte bien travailler en collaboration permanente avec tous pour accompagner les transitions de l'agriculture et la faire rayonner. C'est collectivement que nous porterons les ambitions et revendications de la FNSEA et de son réseau.
En votre qualité d'ancien premier vice-président de la FNSEA, vous êtes-vous préparé à cette fonction ?
Je ne suis pas complètement nouveau au sein du syndicalisme agricole. J'y ai exercé les fonctions de secrétaire général puis de président de la FDSEA de Seine-et-Marne, avant de devenir administrateur de la FNSEA en 2014. Il existe tout un processus de maturation pour comprendre notamment les enjeux de production et de territoires : c'est ce qui permet de dialoguer et d'aboutir à un consensus qui engage. Plus encore lorsque l'on défend un syndicalisme à vocation économique. Cet apprentissage au sein de plusieurs instances est nécessaire pour grandir au sein d'une organisation comme la FNSEA.
Quant au passage de témoin entre Christiane Lambert et moi-même, il s'est fait dès le mois de février : elle m'a associé à sa fonction, aux prises de décisions, aux rendez-vous de premier plan comme celui avec le président de la République avant le Salon de l'agriculture et aux rendez-vous réguliers avec le ministre de l'Agriculture et de la Souveraineté alimentaire.
Vous évoquez la notion de production. Ne craignez-vous pas que vos actions alimentent encore la vision d'une FNSEA « productiviste » ?
Ne nous trompons pas sur les termes. « Production » et « productivisme » sont deux concepts distincts. Préserver et développer nos capacités de production est essentiel pour l'agriculture française et européenne. Malgré les nombreuses alertes que la FNSEA et d'autres organisations comme le Copa ont lancées, nous sommes devenus de plus en dépendants des pays tiers. En France, la moitié des poulets que nous mangeons est importée, nous dépendons des pays européens et des pays tiers pour une grande partie de nos fruits et légumes. Notre production et notre filière sucrières sont mises à mal en raison de décisions politiques qui se sont révélées incohérentes, en créant d'importantes distorsions de concurrence. Je pourrais, là encore, multiplier les exemples. Je pense qu'il faut faire mieux comprendre à la société tous les efforts qui ont été réalisés, qui restent méconnus d'un grand nombre. Oui, il est possible de concilier production et transition agroécologique ! Ce chemin de cohérence et d'exigence existe, j'en suis convaincu. Nous le portons à la FNSEA, avec la conviction que ce n'est pas dans la décroissance que nous gagnerons notre salut économique, social et environnemental.
Ne craignez-vous pas au sein de la FNSEA, mais aussi à l'extérieur, de passer pour le représentant des agro-industries, au détriment de l'image traditionnelle que l'on peut se faire de l'exploitation familiale en polyculture-élevage ?
On ne devient pas président de la FNSEA avec des craintes, mais avec un projet et une vision. D'abord, je suis agriculteur, et c'est à ce titre que j'ai été élu président de la FNSEA. Je suis installé depuis 2002 sur la ferme familiale de 339 hectares, exploitée en grandes cultures depuis cinq générations. J'y ai développé les légumes de plein champ et l'irrigation. Avec ma femme, elle aussi agricultrice exploitante, et quatre salariés, nous valorisons près de 700 hectares de cultures en Ile-de-France. Je suis fier et reconnaissant envers nos familles de la réussite de nos fermes. Ensuite, je rappelle qu'au sein de la FNSEA, les décisions sont prises de façon collective : seul le conseil d'administration est souverain. C'est lui qui détermine les orientations à prendre, en tenant compte des hommes, des productions, des territoires. La FNSEA rassemble une très grande variété de productions, de tailles et de types d'exploitations. C'est cette diversité même qui fait toute sa force.